«C'est un désastre politique»
Coupes Jeunesse+Sport: le père de Marco Odermatt monte au front

La réduction des subventions de Jeunesse+Sport menace le plus grand programme de promotion du sport en Suisse. Cette décision controversée du DDPS soulève des inquiétudes quant à l'avenir du sport pour les jeunes et mobilise de nombreuses figures sportives.
Publié: 23.07.2025 à 17:58 heures
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Walter Odermatt (à droite) a actuellement peu de raisons de rire.
Photo: Sven Thomann
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Nicolas Horni
Marcel W. Perren et Nicolas Horni

C’est un véritable coup de rabot que le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) entend infliger à Jeunesse+Sport (J+S), le programme de promotion du sport le plus important et le plus performant de la Confédération. Les subventions pourraient être réduites de 20% – une perspective qui fait bondir plus d’un, à commencer par l’ancien buteur vedette de l’équipe de Suisse, Alex Frei.

«Il faut que quelqu'un m'explique comment les politiciens peuvent être assis dans la tribune pour assister aux matchs de l'équipe nationale suisse alors qu'en parallèle, ils réduisent les subventions J+S», déclare Alex Frei dans les colonnes du Blick.

L’ex-international n’est pas le seul à dénoncer cette mesure. Le père de la star du ski Marco Odermatt, Walter Odermatt, partage son incompréhension: «Ce qui se passe est un désastre politique», lâche-t-il. «C’est une énorme contradiction: on investit dans la prévention contre l’alcool et le tabac, mais on coupe les budgets d’un domaine qui a justement pour but de tenir les enfants éloignés de ces comportements à risque.»

Vice-président de l’association de ski de Nidwald, Walter Odermatt est lui-même confronté aux conséquences de ces coupes: il doit désormais trouver de nouveaux sponsors pour compenser les pertes.

«Moins d’enfants qui feront du sport»

Autre voix critique: celle du skieur de vitesse fribourgeois Alexis Monney, qui craint que des parcours comme le sien ne deviennent plus rares. «Il y a de moins en moins de neige dans le canton de Fribourg. Beaucoup doivent aller s’entraîner dans le Valais, et cela coûte de plus en plus cher», explique-t-il. «Je trouve ça dommage. J+S est un vrai soutien pour les clubs, quel que soit le sport. Moins de moyens, c’est moins de professionnalisme. Et peut-être moins d’enfants qui feront du sport», alerte le médaillé de bronze de la descente des Mondiaux 2024.

Le paradoxe qui alimente le mécontentement, c’est que ces coupes interviennent en raison… du succès même du programme. Avec un nombre record de participants, les 115 millions de francs alloués chaque année ne suffisent plus à couvrir les offres destinées aux quelque 680'000 enfants et adolescents concernés.

Concrètement, les organisations de cours ne toucheront plus que 1,04 franc par participant et par heure, contre 1,30 franc jusqu’à présent. Les contributions journalières pour les camps passeront, elles, de 16 francs à 12,80 francs.

Le DDPS tente de justifier les coupes

Contacté par le Blick, le DDPS du conseiller fédéral Martin Pfister défend ces coupes: «Le Parlement accorde chaque année un crédit pour J+S. Le Conseil fédéral a décidé de ne pas débloquer de fonds supplémentaires. Si ce crédit est insuffisant, les taux de subvention doivent être réduits pour éviter tout déficit. La croissance prévue entraînerait un important déficit dès 2026. C’est pourquoi des réductions doivent être appliquées dès l’an prochain.» Le DDPS assure toutefois que Martin Pfister «regrette cette réduction» – un message qui laisse entrevoir un espoir de révision.

La pression monte désormais pour faire annuler ces mesures. Outre Alex Frei, Walter Odermatt et Alexis Monney, de nombreuses autres personnalités sportives se sont exprimées. Une pétition contre ces économies a déjà réuni plus de 174'000 signatures et 67'000 commentaires.

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