La star est prête pour la nouvelle saison de NHL
Kevin Fiala: «Cette triste histoire fera à jamais partie de notre vie»

Kevin Fiala (29 ans) est devenu l'ambassadeur du hockey suisse et l'un des meilleurs attaquants de la NHL. Après des mois bouleversants, il veut «vivre davantage le moment présent et moins planifier à long terme».
Publié: 18:18 heures
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Dernière mise à jour: 18:22 heures
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Kevin Fiala entame «dans le flow» sa quatrième saison avec les Los Angeles Kings.
Photo: AP
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Sven Schoch

Pendant l’interview, la petite Masie-Mae (1 an), fille de Kevin Fiala, s’amuse dans la maison baignée d soleil de Los Angeles. «Un vrai tourbillon, toujours à fond. Comme moi, comme nous tous», sourit l’attaquant des Kings. Après un long été passé en Europe, la famille a regagné la Californie début septembre, via l’Espagne. «On est totalement installés, déjà de nouveau dans le flow.»

La nouvelle saison de NHL débute mardi soir, à domicile contre Colorado. Pour sa douzième campagne dans la ligue, la quatrième de son contrat à 55 millions de dollars, le hockeyeur de 29 ans reste un joueur-clé, buteur spectaculaire et créateur attendu d’une franchise désormais valorisée à 2,9 milliards selon Forbes.

Mais Los Angeles attend toujours une nouvelle Coupe Stanley, onze ans après la dernière. Le nouveau manager général, la légende Ken Holland, a entrepris une refonte totale de l’effectif. «Cela pourrait enfin nous aider à franchir un cap en play-off», espère Kevin Fiala.

Votre année 2025 a commencé avec les terribles incendies de forêt dans le sud de la Californie, qui ont fait de nombreuses victimes et dévasté les environs de Los Angeles.
C’était une énorme catastrophe. Tant de familles ont tout perdu: leur maison, leur existence, tout simplement. Tout Los Angeles semblait marqué, la tristesse et l’horreur étaient palpables.

Dans quelle mesure les habitants sont-ils encore affectés par cet événement?
Honnêtement, la ville ne s’est pas encore remise de cette tragédie. Il faudra des années pour tout reconstruire. Je souffre énormément en pensant à ceux qui ont perdu leur maison.

Quelques mois plus tard, le destin a frappé votre propre famille: votre femme Jessica a effectué une fausse couche. Quels souvenirs gardez-vous de ces jours sombres de mai dernier?
Je n’arrive toujours pas à mettre des mots sur ce qu’on a ressenti. Personne n’imagine vivre ça, personne n’est préparé à une telle épreuve. Quand les médecins nous ont annoncé la mauvaise nouvelle, on a ressenti un vide absolu, une sorte de torpeur. Il a fallu apprendre à vivre avec cette douleur paralysante. Cette histoire fera à jamais partie de notre vie.

Les priorités ont-elles changé depuis ce drame?
La naissance de Masie-Mae avait déjà tout changé. Elle nous apporte tellement — son énergie, ses rires… Les soucis du quotidien passent tout de suite au second plan. Cette petite fille nous fascine tous. Grâce à elle, je ne perds plus le sommeil après une défaite.

Parvenez-vous mieux à gérer la pression?
Oui. J’arrive mieux à séparer vie privée et vie professionnelle. Je suis plus équilibré. Quand il n’y a pas de match, je suis là pour ma famille. Tout tourne autour de Masie-Mae. Je veux profiter de chaque minute avec elle et Jessica.

Quel Kevin Fiala les fans verront-ils cette saison?
On verra bien! J’essaie de ne pas me mettre trop de pression. Je suis très critique envers moi-même. Peut-être qu’à l’avenir, rester dans le moment présent — jour après jour, match après match — me fera du bien. Mon but est d’être à 100 % partout où je suis. Que ce soit sur la glace ou dans ma vie privée.

Qu’attend votre entraîneur Jim Hiller de vous pour votre douzième saison NHL?
Je ne veux pas trop me prendre la tête avec ça. Si je donne tout sur la glace, le résultat viendra. Avant, mes objectifs, c’étaient les buts, les passes, les points. Maintenant, c’est la constance, me rapprocher le plus possible de ma limite. Ce qu’il y aura sur le papier à la fin, on verra bien. Le coach comprend cette approche. Lui aussi vit au jour le jour — on est tous pris dans ce business quotidien.

Comment décririez-vous Jim Hiller, promu coach principal il y a un an?
Il est incroyablement passionné. Il aime le hockey. Son ambition est contagieuse, et il a trouvé un bel équilibre. C’est sa deuxième vraie saison avec nous, et l’expérience accumulée va beaucoup l’aider. Et surtout: il a un grand cœur.

Cet été, les Kings ont changé de direction avec l’arrivée du légendaire General Manager Ken Holland. Quel est votre ressenti?
Nous avons eu une longue discussion sur la vie, le hockey, le passé, l’avenir — sur tout, en fait. J’ai un très bon feeling. C’est une légende. Il connaît chaque recoin de la NHL et sait exactement ce qu’il fait. Il veut encore gagner, il n’a pas fini.

Les Kings ont aussi ajouté de l’expérience avec Brian Dumoulin, Cody Ceci, Joel Armia et Corey Perry (40 ans).
Oui, c’était l’objectif: recruter des joueurs qui ont déjà gagné et qui ont encore faim. On le sent déjà dans le vestiaire. Malheureusement, Corey Perry s’est blessé et sera absent environ huit semaines. Mais les perspectives sont très bonnes. L’équipe est bien structurée, même en quatrième ligne. C’est à nous, les joueurs, de mettre tout ça en place. On a reçu du renfort — maintenant, à nous d’assurer.

Les quatre éliminations consécutives au premier tour contre Edmonton font mal.
Oui, et nous devons passer un cap. Il ne s’agit pas seulement de jouer 82 matchs et basta. Franchement, j’ai mis du temps à digérer la dernière défaite. Depuis que je suis ici, nous aurions pu gagner deux séries sur trois. Quand tout se joue à quelques centimètres, il faut de l’expérience dans ces moments-là. C’est pourquoi la stratégie du General Manager est pertinente: ces nouveaux joueurs peuvent être notre clé pour enfin inverser la tendance.

Anze Kopitar va lui tirer sa révérence après vingt saisons et deux Coupes Stanley.
C’est une légende, une pure inspiration. Il a dominé la ligue pendant vingt ans, il aurait pu continuer encore. C’est dommage qu’il parte, mais il nous reste une dernière saison ensemble. Profitons-en à fond, et offrons-lui un dernier trophée pour conclure sa carrière — ce serait un conte de fées.

Kevin Fiala en personne

Kevin Fiala, né le 22 juillet 1996 à Saint-Gall, a fait ses premiers pas dans le hockey au EHC Uzwil. À partir de 2010, il rejoint l’organisation des ZSC Lions. À 16 ans, Kevin Fiala intègre les Malmö Redhawks, et un an plus tard, il débute en Swedish Hockey League avec le HV71. Il est sélectionné au premier tour du repêchage NHL 2014 par les Predators de Nashville. En février 2019, les Predators l’échangent aux Minnesota Wild. Après trois saisons exceptionnelles, Fiala signe un contrat de sept ans d’une valeur de 55 millions de dollars avec les Los Angeles Kings, triple vainqueur de la Coupe Stanley.

À ce jour, l’attaquant compte 700 matchs de NHL, 225 buts et 293 passes décisives. Avec l’équipe nationale suisse, le joueur de Suisse orientale a remporté l’argent aux Championnats du monde en 2018, 2024 et 2025, et a été élu MVP lors du tournoi de l’an dernier.

Kevin Fiala, né le 22 juillet 1996 à Saint-Gall, a fait ses premiers pas dans le hockey au EHC Uzwil. À partir de 2010, il rejoint l’organisation des ZSC Lions. À 16 ans, Kevin Fiala intègre les Malmö Redhawks, et un an plus tard, il débute en Swedish Hockey League avec le HV71. Il est sélectionné au premier tour du repêchage NHL 2014 par les Predators de Nashville. En février 2019, les Predators l’échangent aux Minnesota Wild. Après trois saisons exceptionnelles, Fiala signe un contrat de sept ans d’une valeur de 55 millions de dollars avec les Los Angeles Kings, triple vainqueur de la Coupe Stanley.

À ce jour, l’attaquant compte 700 matchs de NHL, 225 buts et 293 passes décisives. Avec l’équipe nationale suisse, le joueur de Suisse orientale a remporté l’argent aux Championnats du monde en 2018, 2024 et 2025, et a été élu MVP lors du tournoi de l’an dernier.

Vous avez déjà vécu votre propre «conte de fées» cet été, avec votre match de charité à Zurich devant 10'000 fans.
Oui, c’était incroyable. J’apprécie énormément que tous les joueurs suisses soient venus. Ce n’est pas évident pendant les vacances. Les retours ont été excellents. Les fans ont adoré, et nous aussi. Ce qui est habituel aux États-Unis a eu un grand succès à Zurich.

Vous semblez très attaché à l’équipe nationale suisse.
J’aime le sport, j’aime la Suisse, j’aime la Nati. Pour moi, ces matchs sont de plus en plus une affaire de cœur. L’ambiance est familiale, tout le monde se soutient. Et Jessica y joue un grand rôle : elle me soutient totalement. Elle brûle pour l’équipe, elle sait à quel point la Nati compte pour moi. Son feu vert, c’est un grand oui — ça me libère complètement. Je lui en serai toujours reconnaissant.

Les Jeux olympiques approchent. Vous allez affronter la République Tchèque et le Canada, avec tous les joueurs de NHL présents...
Oui, si tout se passe bien, ce sera ma première! C’est un rêve d’enfant qui devient réalité. Les Jeux d’hiver, c’est immense. Et il y a quelque chose à aller chercher en Italie.


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