Lors de la draft 2016, Jesse Puljujärvi a été sélectionné au 4e rang. C'était à la fois la confirmation d’un talent quasi infini et une pression au moins aussi grande sur ses épaules. Depuis ce jour où son nom a été appelé par les Edmonton Oilers, il n'était plus Jesse Puljujärvi. Il est devenu le 4e choix de draft, avec les responsabilités que cela incombe. Une pression gigantesque. Une nécessité de réussir une grande carrière et, si possible, une carrière aux côtés de la méga-star Connor McDavid, draftée un an auparavant par la même franchise.
Neuf ans plus tard, Connor McDavid est devenu McJesus, à savoir le sauveur du hockey canadien. Les Oilers viennent de disputer deux finales de NHL de rang. Jesse Puljujärvi a vécu une saison compliquée. Transféré de Pittsburgh en Floride, il n'a porté un maillot de NHL qu'à 31 reprises. «C'était une situation compliquée, nous a-t-il raconté sans détour. Lorsque tu sais que tu as les capacités de jouer en première ou deuxième ligne et que tu es cantonné à un rôle marginal plus bas dans l'alignement, il faut faire le poing dans la poche.» Ce qu'il a été capable de faire entre 2016 et 2025, avec un détour d'une saison par la Finlande.
Un rôle différent en NHL
Mais lorsque la saison dernière s'est terminée, l'attaquant finlandais a eu une sorte d'épiphanie. Il n'était plus heureux. C'est pourquoi il a cherché une solution pour revenir en Europe. «J'ai pris cette décision non pas pour tirer un trait sur l'Amérique du Nord, nous confie-t-il. Mais surtout pour retrouver un certain plaisir à jouer. Tout au long de ma carrière, j'étais l'attaquant évoluant en power-play et avec un rôle ultra-offensif. Ces dernières années, ce n'était plus ce que je faisais sur la glace. J'avais du plaisir à jouer et récemment, ce n'était plus vraiment le cas. Mon but, c'est de retrouver le plaisir du jeu.»
Un objectif louable pour celui qui a dominé les classements des compteurs tout au long de sa carrière. Mais en NHL, cela n'a jamais vraiment cliqué. D'un côté, il a toujours eu le «label» de choix no 4 de la draft, avec les attentes démesurées qui en découlent. Et de l'autre, il a dû apprendre une nouvelle vie, loin de chez lui. Et au milieu, coule une carrière. L’appel du pied de Genève-Servette (et de Marc Gautschi) est donc tombé à point nommé. «Le 1er juillet, je me suis retrouvé sur le marché des agents libres, précise-t-il. Je mentirais si je disais que je ne souhaitais pas trouver un contrat en NHL. Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu.»
Il aurait pu continuer une vie de saltimbanque à cheval entre la NHL et la AHL, à espérer que les planètes s'alignent. Il a décidé qu'il en avait assez. «J'en suis arrivé à la conclusion que je ne trouvais pas d'endroit favorable pour moi en Amérique du Nord. Mon but, à mon âge, c'est de devenir un meilleur joueur. Et je n'aurais pas pu continuer de progresser.» C'est pourquoi l'appel de Genève-Servette est tombé à point nommé. «Je me demandais quel tournant donner à ma carrière, précise-t-il. Genève voulait construire quelque chose d'intéressant.»
Connexion finlandaise
D'intéressant, certes. Mais surtout, une zone de confort. En débarquant à Genève, il retrouve un club avec une forte propension à enrôler des Finlandais. Et pas n'importe lesquels. «Sakari (ndlr: Manninen) et Vili (ndlr: Saarijärvi) m'ont clairement écrit et m'ont appelé pour venir jouer avec eux», rigole-t-il. Il faut dire que Jesse Puljujärvi a côtoyé l'attaquant et le défenseur durant ses classes juniors, avec Kärpät Oulu. «On a même joué les trois ensemble une saison, se souvient-il. Sakari est venu nous renforcer pour les play-off. Il est un an plus âgé que Vili et moi. Nous avions une belle équipe et ce sont de beaux souvenirs.»
Outre l'entraîneur principal, Yorick Treille, le staff est également à connotation finlandaise. Ville Peltonen vient d'ailleurs d'être engagé comme coach assoicé du Français. «Si je disais que je le connais personnellement, je mentirais, rigole Jesse Puljujärvi. Par contre, j'ai une photo avec lui que j'avais prise lorsque j'étais gamin. C'était un grand moment pour moi de pouvoir poser avec un tel joueur. Et je suis sûr qu'aujourd'hui encore, il va beaucoup m'aider à progresser.»
L'ailier va débarquer à Genève pour la reprise des entraînements sur glace. Un saut dans l'inconnu. On le force à se creuser les méninges. A-t-il déjà passé du temps en Suisse? «C'était lors d'un Mondial M18 qui s'est déroulé dans la région de Zurich, précise-t-il. Nous avions perdu en finale contre les États-Unis. Je garde forcément un souvenir mitigé de ce moment (rires).» Il a par contre un souvenir très présent en tête. «Denis Malgin! C'était un joueur incroyable lors de ce tournoi. J'ai en mémoire des prestations incroyables de sa part.» Pas sûr que le croiser lui fasse tant plaisir, mais en venant en Suisse, il s'est assuré quatre matches face à l'ailier des Zurich Lions. Et l'occasion de retrouver le sourire sur les patins.