Le but du 3-0 à la mi-match, suivi bien sûr de celui du 5-5 à neuf secondes de la fin, plus un tir au but transformé: Romain Loeffel a amplement mérité son trophée d'homme du match, ce vendredi à Bienne (victoire du CP Berne aux penaltys). Grâce à son défenseur chaux-de-fonnier, le CP Berne a en effet pris deux points plus que bienvenus dans le Seeland. Une belle récompense pour celui qui a passé un été pourri, victime de maux de tête consécutifs à une charge d'un joueur de Gottéron lors des derniers play-off, fin mars.
Après avoir manqué tout le début de la saison, en plus du Mondial au Danemark avec la Nati, le héros du soir est revenu au jeu voilà quelques jours et disputait ce vendredi à Bienne son quatrième match consécutif. Ses vertiges semblent s'être envolés et ses soucis aussi. Il lui reste désormais à monter en puissance, en espérant faire remonter les Ours au classement de National League et, sur un plan personnel, tout faire pour disputer les JO en février (qui seraient ses troisièmes) et les Mondiaux à domicile en mai.
Après le match, juste avant d'aller prendre une douche bien méritée dans le vestiaire bernois, Romain Loeffel a accepté, pour Blick, de revenir sur cette soirée de rêve et sur ses derniers mois angoissants.
Romain, ce soir tu as montré à toute la Suisse que tu es bien de retour!
Oui! Mais tu sais, je suis déjà heureux de pouvoir simplement rejouer au hockey. J'ai douté, parfois, pendant mon absence, je me demandais si j'allais pouvoir redevenir le joueur que j'étais. Alors, revenir comme ça, et pour mon quatrième match pouvoir aider l'équipe aussi rapidement, ça me fait du bien, ça me met en confiance.
Surtout que l'équipe ne tourne pas bien...
Encore plus. On est dans une phase compliquée, où chaque point est bon à prendre. Ce soir, on menait 3-0, on avait tout pour bien faire, et on se fait rattraper. Même si on dit souvent que 3-0, c'est un des pires scores en hockey.
Ah oui?
Oui, parce que tu penses que tu es largement devant, mais au final il en faut peu pour que l'adversaire revienne.
Surtout ici à Bienne...
Oui, encore plus, c'est vrai. Ils adorent jouer ce ping-pong, cette attaque-défense permanente. On est tombés là-dedans au deuxième tiers. Heureusement, on a montré une bonne réaction au troisième. On aurait pu repartir avec zéro point et on en a pris deux. On a cravaché jusqu'au bout.
Et tu égalises à neuf secondes de la fin! Franchement, c'est un beau symbole pour toi, non? Ce but, il efface d'un coup les cinq mois passés hors de la glace?
Je dois être honnête avec toi: quand le public m'a rappelé sur la glace en scandant mon nom, j'ai été un peu ému. C'est vrai que ça m'a traversé l'esprit de me dire que ces mois compliqués étaient derrière moi. et que c'était un gros soulagement personnel. Après, tu dis cinq mois, mais moi je dis sept mois. C'est vraiment depuis ce dernier match de play-off contre Fribourg que ça a commencé. Après, c'est vrai, j'ai essayé de jouer avec l'équipe de Suisse, j'ai commencé la préparation, mais ces problèmes de tête ils sont là depuis mars, pas depuis le mois de mai.
Explique-moi un peu par quoi tu es passé...
Quand ça devient long comme ça et que les douleurs ne partent pas, tu essaies plusieurs choses. Tu espères à chaque fois trouver le docteur, le physio, le chirurgien ou l'ostéo miracle qui va te sortir de là. Puis tu te rends compte que ça va prendre du temps. En même temps, la saison commence, l'équipe ne tourne pas comme elle le voudrait, tu ne peux pas aider tes coéquipiers... C'était pesant, mais j'ai continué à m'entraîner semaine après semaine. Au début, je n'arrivais même pas à monter dans les tours, parce que j'avais la tête qui tournait. Mais à un moment, c'est passé. Je ne pouvais pas jouer, mais je pouvais m'entraîner assez dur physiquement.
Tu avais des soucis de vision?
Oui. Surtout quand je n'avais pas le puck. En zone de défense, à l'entraînement, j'essayais de suivre le puck tout en surveillant mon adversaire. Un boulot de défenseur basique. Mais quand je tournais la tête rapidement, je devenais étourdi.
La lumière des projecteurs, elle te faisait mal aussi?
Oui, surtout qu'à Berne, on a un nouveau système assez puissant, ça ne m'a pas aidé. A l'entraînement, je me suis procuré une visière teintée pour essayer d'amortir un peu cet effet de lumière et c'est allé de mieux en mieux. J'ai pu m'entraîner normalement et puis à moment donné, il faut se jeter dans le bain. Mais sans avoir à 100% la certitude que ça allait le faire...
C'est clair que c'est différent d'une entorse à la cheville où tu te soignes et c'est bon...
Exactement. Et rien ne remplace l'intensité d'un match, en plus. Tu as beau aller dans le rouge à l'entraînement, un match de hockey c'est incomparable. J'ai commencé contre Lugano à la maison, ensuite il y a eu Fribourg directement le lendemain, en jouant beaucoup de minutes d'entrée. Je me suis rendu compte en me réveillant le dimanche que ça allait bien. J'étais vraiment heureux. C'était reparti!
Comment tu as passé cet été d'un point de vue personnel? Ta famille t'a beaucoup aidé à tenir le coup j'imagine?
Ca n'a pas été facile. Heureusement pour moi, le bruit de mes enfants n'a jamais été un problème à la maison. Je n'étais pas particulièrement irritable ou fatigué. Tout mon entourage a vraiment été d'un grand soutien. Je ne suis pas une personne qui parle beaucoup ou qui exprime mes émotions, qui dit tout ce qui lui passe dans la tête. Mais voilà, je ne pense pas avoir mené la vie dure à ma famille directe, à ma femme et à mes deux enfants. Ce n'était pas un souci à la maison, mais c'était vraiment sur la glace que ça me dérangeait. Mais oui, ça a vraiment été un long été. Au tout début, je pensais que c'était anodin, que ça allait passer. C'est pour ça que je m'étais engagé avec l'équipe de Suisse dans la préparation pour le Mondial. Au final, les semaines passent et toi, tu ne peux pas jouer. L'entraînement d'été, tu ne peux pas tout faire, tu sens qu'il y a quelque chose qui cloche dès que tu montes dans le rouge. A u moment donné, sincèrement, je me suis même demandé si ça allait le faire.
Est-ce que tu vas être sélectionné avec l'équipe de Suisse la semaine prochaine?
Non. J'ai discuté avec Patrick Fischer et je pense que c'est un peu tôt. Je suis vraiment passé de 0 à 200% en quelques jours. Pour le mois de novembre, je vais faire l'impasse, et j'espère être du voyage en décembre, en février et en mai. C'est à moi de jouer de la manière dont je l'ai toujours fait en espérant que mes performances me conduiront à être appelé en équipe nationale.
Continuer à jouer comme ce soir, quoi...
Si tu veux, on peut le dire comme ça (rires).
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
|---|---|---|---|---|---|
1 | HC Davos | 21 | 29 | 52 | |
2 | Rapperswil-Jona Lakers | 21 | 3 | 40 | |
3 | Lausanne HC | 22 | 19 | 40 | |
4 | EV Zoug | 21 | 6 | 37 | |
5 | Genève-Servette HC | 21 | -5 | 36 | |
6 | HC Fribourg-Gottéron | 21 | 11 | 35 | |
7 | ZSC Lions | 21 | 14 | 34 | |
8 | HC Lugano | 20 | 8 | 31 | |
9 | EHC Bienne | 20 | 2 | 27 | |
10 | SCL Tigers | 21 | -5 | 27 | |
11 | EHC Kloten | 21 | -13 | 24 | |
12 | SC Berne | 20 | -11 | 22 | |
13 | HC Ambri-Piotta | 21 | -25 | 22 | |
14 | HC Ajoie | 21 | -33 | 11 |