Le Québécois dans la légende du HC Ajoie
Philip-Michaël Devos patine aussi pour ses deux Jurassiennes

Philip-Michaël Devos est entré encore un peu plus dans l'histoire du HC Ajoie, en devenant le meilleur compteur des Vouivres avec 769 points. Se sent-il désormais plus jurassien que québécois, lui qui est arrivé à Porrentruy voilà dix ans? Il s'amuse de la question.
Publié: 13:35 heures
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Dernière mise à jour: 14:43 heures
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Philip-Michael Devos a été acclamé par le public ajoulot vendredi avant le premier match à domicile de la saison.
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Le petit garçon qui jouait sur la glace naturelle québécoise au début des années 90 ne s'imaginait pas devenir une légende à 6000 kilomètres de là, dans un pays inconnu et une région, l'Ajoie, qui l'était tout autant pour l'écolier de Sorel-Tracy. Et pourtant, les circonstances de la vie ont amené Philip-Michael Devos à Porrentruy en 2015 et la folle histoire d'amour a pu débuter, voilà donc exactement dix ans maintenant.

«C'est fou quand j'y repense... Je n'arrive pas encore à réaliser», souffle celui qui a été honoré vendredi sur la glace de Voyeboeuf pour être devenu le meilleur compteur de l'histoire du club, avec 769 points, soit une moyenne hallucinante de... 85 points par saison, dont six de deuxième division. Statistique, la saison 2016-2017 restera pour l'éternité sa meilleure, avec 97 points en 48 matches de saison régulière et 20 en dix matches de play-off. Cette année-là, le flamboyant Canadien a donc tourné à plus de deux points par rencontre.

Le bel hommage de Steven Barras

Le voilà donc officiellement dans la légende du HCA, lui qui y était déjà entré avec les deux patins avant de battre le record. Les grands adoubant les grands, Steven Barras s'est occupé de l'hommage en personne avant le match, sur l'écran géant de la patinoire jurassienne. Loin d'être rancunier envers l'homme qui l'a détrôné, l'emblématique et éternel numéro 10 ajoulot a relevé le mérite de son successeur. «Il a toujours donné de sa personne et même plus pour le club», a-t-il ainsi indiqué et ces mots simples ont touché «PMD» au coeur, alors qu'il était acclamé par le kop.

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«Il a toujours donné de sa personne et même plus pour le club»
Steven Barras, recordman déchu mais pas déçu, au sujet de son successeur
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«C'est un sentiment que je ne peux pas décrire. Ajoie est un club reconnu à travers la Suisse et devenir le meilleur compteur de l'histoire d'une telle franchise, cela va au-delà de mes rêves. Je ne l'aurais jamais cru possible quand je suis arrivé ici en 2015. Ce n'est plus un Jurassien qui a le record, mais je crois que les gens ne m'en veulent pas trop», sourit-il.

Voilà donc dix ans que Philip-Michael Devos, aujourd'hui âgé de 35 ans, est arrivé dans cette région si particulière de la Suisse romande et si passionnée de hockey. «Peut-être que je vois ce club plus gros qu'il ne l'est, mais je ne crois pas. Je me sens bien ici, tout simplement.» A-t-il le sentiment d'avoir évolué en tant qu'être humain depuis son arrivée? Un temps. Il répond. «J'espère. Oui, je pense. J'espère pouvoir dire que je me suis adapté à la région, au pays, que je me suis amélioré comme personne. Je suis différent aujourd'hui par rapport à mon arrivée, c'est évident. J'ai toujours les mêmes valeurs, la même personnalité, mais les années m'ont façonné.»

Photo: keystone-sda.ch

Si le Québécois se sent aussi bien dans le Jura, c'est aussi parce qu'il y a très vite rencontré sa compagne. «Je n'ai pas peur de le dire, c'est elle qui m'a permis de me dépasser dans les play-off lors de notre première saison, quand on a gagné le titre en 2016. C'est là que je l'ai rencontrée. Cela fait dix ans que je suis en Suisse et presque dix ans que je suis avec elle. On a une petite fille, 100% jurassienne.»

Deux Jurassiennes dans sa vie

A quel point ces deux femmes sont-elles importantes dans sa vie de hockeyeur, au-delà de l'évidence dans la vie? «J'essaie de les rendre fières. Elles me donnent de l'énergie sur la glace. Même si ma fille est encore trop jeune en ce moment, j'espère qu'un jour quand les gens lui parleront de son père, ils auront plus de choses positives à lui raconter que de négatives», rigole-t-il franchement.

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«Même si ma fille est encore trop jeune en ce moment, j'espère qu'un jour quand les gens lui parleront de son père, ils auront plus de choses positives à lui raconter que de négatives.»
Philip-Michaël Devos
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La question se pose alors de manière légitime: où est sa maison? Dans son Québec natal? Ou dans son Ajoie d'adoption? Où se trouve «chez lui»? «Ouh là... C'est difficile de répondre à chaud!». Le buteur en série prend le temps de la réflexion.

«Combien d'étrangers sont restés dix ans ou plus au même endroit?»

«Quand on passe onze mois et demi par année dans un pays, c'est que ça devient la maison, non? Je suis, et je serai toujours, Canadien au fond de moi. Mais combien d'étrangers, dans toute l'histoire du hockey suisse, sont restés dix, onze, douze ou treize ans dans la même ville, au même endroit? Très peu. Donc c'est sûr que je suis attaché à Porrentruy. Mais pour être sincère, je ne sais pas comment répondre à votre question, parce que je suis très attaché au Canada aussi et je suis fier d'où je viens. Je pense que c'est important de savoir d'où l'on vient, de l'avoir bien en tête, mais cela fait dix ans que je suis ici, ce n'est pas négligeable.»

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Se voit-il rester en Suisse après sa carrière de joueur? Y a-t-il déjà réfléchi? «Ça, je n'en ai aucune idée. On va voir ce que la vie nous réserve, je n'en ai aucune idée, mais c'est probable que ce soit ici.» Il se lance dans un pronostic. «Je pense qu'à la fin de ma vie, j'aurais fait plus d'années en Suisse qu'au Canada.»

Pour l'heure, l'avantage est encore au Québec, où il a vécu les 21 premières années de sa vie, avant de passer trois ans aux Etats-Unis, un en Italie et donc dix en Suisse romande. 

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«Je pense qu'à la fin de ma vie, j'aurais fait plus d'années en Suisse qu'au Canada.»
Philip-Michaël Devos
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Sous contrat jusqu'en 2029 avec le HCA, Philip-Michael Devos peut-il viser la barre des 1000 points? Il lui en reste 231 à marquer, soit 58 par saison. Ce défi-là s'annonce compliqué, à part si Ajoie venait à redescendre d'un échelon et retrouvait la Swiss League, mais ce n'est pas exactement l'idée. Une chose est sûre: le Québécois, un homme qui prend soin de son corps et le traite véritablement comme un outil de travail, n'a pas fini de faire briller les Vouivres sur la glace et de faire rayonner Ajoie dans l'ensemble du pays.

National League 25/26
Équipe
J.
DB.
PT.
1
ZSC Lions
ZSC Lions
3
9
9
2
EV Zoug
EV Zoug
3
3
7
2
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
3
3
7
4
HC Davos
HC Davos
2
6
6
5
Lausanne HC
Lausanne HC
3
4
6
6
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
3
3
6
7
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
3
1
5
8
SCL Tigers
SCL Tigers
3
-2
5
9
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
3
-3
3
10
EHC Kloten
EHC Kloten
3
-1
3
11
SC Berne
SC Berne
3
-3
2
12
HC Lugano
HC Lugano
3
-6
1
13
HC Ajoie
HC Ajoie
2
-6
0
14
EHC Bienne
EHC Bienne
3
-8
0
Playoffs
Barrages qualificatifs
Barrages de relégation
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