Julien Sprunger futur retraité
«Mes enfants n'ont pas compris pourquoi j'arrêtais»

Ce lundi, Julien Sprunger a annoncé officiellement qu'il allait mettre un terme à sa carrière à la fin de cette saison. Dans son cocon familial, le capitaine de Fribourg Gottéron a reçu les médias. Blick était présent et s'est longtemps entretenu avec le No 86.
Julien Sprunger va évidemment sortir par la grande porte à Fribourg.
Photo: Claudio de Capitani/freshfocus
Blick_Matthias_Davet.png
Matthias DavetJournaliste Blick

«L'année passée, papa il a déjà dit qu'il prenait sa retraite.» Éclats de rire dans la maison des Sprunger après la phrase d'Achille, l'un des deux garçons. Ce lundi soir, ce n'est pas la tristesse qui prédomine dans le foyer à Estavayer-le-Lac, malgré l'annonce de la retraite de Julien, légende vivante de Fribourg Gottéron. Pour l'occasion, le capitaine des Dragons avait invité quelques médias pour vivre en sa compagnie un des derniers caps de sa carrière, qui a commencé en septembre 2002, sur les hauteurs de Davos.

Si le livre n'a pas fini d'être écrit, c'est clairement une page qui se tourne pour Julien Sprunger, ému lors de sa toute première interview sur les antennes de Radio Fribourg. Puis, les médias se sont relayés pour récolter les premières réactions du No 86 qui, classe comme d'habitude, a pris le temps de répondre à tout le monde. Interview.

Julien, on est un peu plus d'une heure après l'annonce de ta retraite. À quel point ton téléphone est-il en train de surchauffer?
J'avoue ne pas l'avoir touché depuis que j'ai posté la vidéo (sourire).

Tu t'attends à une vague infinie de messages?
Automatiquement, dès que tu communiques à travers les réseaux sociaux, il y aura une vague de messages. Mais je n'ai pas énormément d'attentes. Je sais que j'ai toujours été assez médiatisé comme joueur. C'est une annonce qui ne laisse peut-être pas indifférent.

Cette fois, c'est officiel: tu prends ta retraite à la fin de la saison. Explique-nous d'où part le processus pour déboucher sur cette décision?
L'année passée déjà, je me posais la question. J'avais hésité parce que je sentais que mon rôle était un petit peu différent. Je me suis dit qu'il ne fallait peut-être pas tirer en longueur. En même temps, on vivait un début de saison catastrophique, on était au fond du classement. Est-ce que je voulais vraiment faire une dernière saison comme celle-ci? J'avais beaucoup de meetings par mon rôle de capitaine, et pas beaucoup de plaisir.

Mais sportivement, ça se passait bien pour toi.
Oui, j'ai encore mis 13 buts l'an passé et j'avais encore cette flamme. J'avais encore envie de me donner une chance. Avec l'arrivée de Roger Rönnberg, ce nouveau coach avec une réputation impressionnante, j'avais envie de faire partie de cette expérience. Je me suis encore donné une chance.

Et tu es reparti pour un tour.
Oui, et ça a commencé par la préparation estivale. J'avais envie de prouver que je méritais cette place. Je me suis entraîné comme jamais, j'ai battu plusieurs de mes records physiques de toute ma carrière. À 39 ans, c'était bon signe. Mais là, je me suis dit que j'avais tendance à ne plus écouter mon corps, à vouloir pousser pour essayer de prouver quelque chose. J'ai aussi senti que c'était gentiment le moment. Le coach était là, j'ai pu transmettre mon expérience, garder un peu cet équilibre dans l'équipe. Mais je sens aussi qu'il y a un renouveau, il y a un besoin d'un peu de changement. J'avais aussi dit que je ne jouerais pas jusqu'à 40 ans, même si ce sera un peu le cas (ndlr: il les fêtera le 4 janvier prochain). En résumé, il y a quelque chose au fond de moi qui me dit que c'est le moment, qu'il faut tourner la page.

Y a-t-il un matin où tu t'es réveillé et où tu t'es dit: «C'est bon, j'arrête»?
Non, je ne suis pas comme ça, je ne fonctionne pas à l'émotionnel. Ça mûrit depuis un petit moment. Je pesais le pour, le contre. Je discutais avec d'anciens coéquipiers, des gens proches, ma famille. Ça s'est fait vraiment petit à petit.

Pourquoi l'annoncer en ce 15 décembre 2025?
J'ai d'abord été voir les dirigeants, les entraîneurs, Gerd (ndlr: Zenhäusern, le directeur sportif) et l'administration. Je leur ai dit que la décision était prise. Et je leur ai laissé le choix sur la manière de communiquer, parce que c'est leur métier. Je voulais juste le faire avant les Fêtes et dans un format qui me correspondait. J'ai eu beaucoup de lumière sur moi durant ma carrière et je voulais faire un truc simple, authentique.

C'est aussi pour cette raison que tu as décidé de nous inviter chez toi?
Exactement. J'ai eu une excellente relation avec les médias pendant toute ma carrière. Je n'ai certes pas invité tous les journalistes suisses, mais ceux qui sont le plus présents, avec qui j'ai eu une histoire aussi depuis un bon nombre d'années. Je trouve aussi cela plus convivial.

Qui était la toute première personne que tu as mis au courant?
Ma femme (rires). C'est ma confidente et elle me connaît par cœur. La décision a été prise en famille aussi. C'est sûr que j'adore ce que je fais, je suis privilégié, je vis des moments incroyables que je ne vivrais nulle part ailleurs. Mes enfants sont aux matches, ils me suivent. C'est magique de pouvoir vivre ça comme ça. Mais il y a aussi une partie de moi à mon âge qui me dit que j'ai envie de pouvoir sortir un peu de ce rythme. D'août à avril, tu n'as plus un week-end. Ce serait le rêve de pouvoir planifier une semaine de ski à Carnaval.

Quelle a été la réaction de Valentine, ta femme, quand tu lui as annoncé? Enfin?
(rires) Non, non. On voit le positif dans cette annonce. On voit tout ce qu'on n'avait pas jusqu'à aujourd'hui, qu'on pourrait certainement avoir à partir du mois de mai, mais en même temps on sait aussi ce qu'on perd. C'est extraordinaire. Les enfants ont vécu des émotions, des moments extraordinaires. Ils ont tous une photo dans leur chambre avec papa et la Coupe Spengler. C'est des souvenirs, des moments qui restent gravés à vie. Elle n'a pas été heureuse, mais on se réjouit quand même de certaines choses.

Y a-t-il une réaction autour de toi qui t'a marqué?
Pour l'instant, j'ai été assez discret. Je l'annonçais vraiment à mes proches. Ils étaient gênés, un peu stressés. Le plus marquant, c'est souvent les enfants. Ils ne comprenaient pas pourquoi j'arrêtais et me disaient «Mais papa, c'est ton métier.» Aucune raison concrète n'existe pour eux, puisque, par exemple, ma femme continue de travailler. Pour eux, c'est aussi leur vie. Depuis qu'ils sont nés, ils connaissent ça. Il va y avoir une sorte de deuil à faire, tant personnellement qu'en famille. Il y aura aussi un manque. Andrei (ndlr: Bykov) m'en avait parlé à l'époque. Il m'avait dit qu'au mois de mai, il sentait quelque chose de bizarre en lui. Moi, ça fait toute ma vie que je fais ça quasiment. Je ne pense pas que j'irai m'entraîner tous les matins pendant trois heures, mais je ne vais certainement pas arrêter de faire du sport.

La famille Sprunger avait fêté le 1000e match du papa. De gauche à droite: Valentine, Achille, Louis, Julien et Eve.
Photo: keystone-sda.ch

Tu as fait l'annonce à tes coéquipiers après le dernier match face à Davos. Quelle a été leur réaction?
Ils ont chanté d'abord, comme les fans (rires). Mais après, j'ai été assez clair pour dire qu'on avait encore la Coupe Spengler, une dernière ligne droite et que ce n'était pas une fin définitive. Le lendemain matin, j'étais à l'entraînement. Par contre, j'ai dû appeler Kilian (ndlr: Mottet). Il m'a dit: «T'es sûr? Tu étais mon idole pendant tant d'années, tu m'as tellement aidé.» Pour les gens autour de moi, c'est parfois plus difficile que pour moi. Mais en même temps, j'essaie de me nourrir de ces moments parce que c'est unique.

Peut-être la question la plus facile, mais quel est ton rêve d'ici la fin de la saison?
Lever la coupe en fin de saison, ce serait le rêve ultime. Il y a tout un canton, tout un peuple qui rêve de ça. Enfin d'enlever cette étiquette et de pouvoir fêter cette coupe.

De quoi te réjouis-tu, une fois que tu auras raccroché les patins?
On aimerait faire un voyage plus long en famille, mais surtout, prévoir des trucs. On n'a jamais pu le faire.

Par le passé, tu as parlé de ton attrait pour la nutrition ou la physiothérapie. C'est une reconversion possible pour toi?
Dans un premier temps, non. J'ai déjà eu des discussions avec Raphaël Berger à l'époque, j'ai fait des stages dans l'administration du club et j'ai envie de rester à Gottéron. La gestion d'un club sportif, je ne la connais pas. J'ai fait un brevet fédéral en gestion d'entreprise pendant trois ans pour remplir ma boîte à outils. Je n'ai rien de concret aujourd'hui. Mais surtout, une chose après l'autre.

Reformer le duo Bykov-Sprunger derrière le banc, ça ne te donne pas envie?
Non! (rires) Aujourd'hui, je fuis tout ce qui est dans le coaching. Tu as le même rythme qu'un joueur, mais avec une charge mentale énorme. Ça, je n'ai plus envie.

Tu as déjà fixé la date de ton retrait de maillot?
(sourire) Non, pas du tout. Ce n'est pas entre mes mains.

Et si on te propose une statue devant la BCF Arena, tu acceptes?
Ça dépend de l'artiste (rires)

Dans plusieurs années, on va encore parler de Julien Sprunger sur le plateau de Saint-Léonard. Qu'aimerais-tu que les gens retiennent de toi?
L'image que j'ai pu donner. Ce côté accessible, la fidélité, le travail. Que mes coéquipiers disent que j'étais exemplaire, que je prenais les jeunes sous mon aile. Que les spectateurs disent que j'ai porté ce maillot pendant 24 ans et représenté les valeurs de ce club. C'est cette image que j'ai envie de laisser.

National League 25/26
Équipe
J.
DB.
PT.
1
HC Davos
HC Davos
32
44
71
2
Lausanne HC
Lausanne HC
31
27
59
3
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
32
25
59
4
HC Lugano
HC Lugano
30
21
53
5
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
32
-3
53
6
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
32
-5
52
7
ZSC Lions
ZSC Lions
31
16
49
8
EV Zoug
EV Zoug
29
1
47
9
SCL Tigers
SCL Tigers
31
-5
39
10
EHC Bienne
EHC Bienne
31
-10
38
11
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
31
-27
37
12
SC Berne
SC Berne
31
-11
36
13
EHC Kloten
EHC Kloten
30
-22
34
14
HC Ajoie
HC Ajoie
31
-51
24
Playoffs
Barrages qualificatifs
Barrages de relégation
Articles les plus lus