À Fribourg avec des ambitions
Roger Rönnberg: «Si ça prend dix ans pour gagner, je resterai dix ans!»

Roger Rönnberg est arrivé à Fribourg en début de semaine pour une première revue d'effectif. Le nouvel entraîneur des Dragons nous a accordé un long entretien pour en savoir un peu plus sur lui.
Publié: 09.05.2025 à 20:04 heures
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Dernière mise à jour: 09.05.2025 à 20:09 heures
Roger Rönnberg est arrivé en début de semaine à Fribourg.
Photo: G.B.
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Grégory BeaudJournaliste Blick

«Bonjour!» Au moment de se présenter pour son interview au café de la patinoire de Fribourg, Roger Rönnberg est tout sourire. Débarqué lundi sur les bords de la Sarine, il a doucement pris la température de la ville. «Le premier jour a été pluvieux, cela ne me change pas trop de Göteborg», rigole-t-il. Outre les salutations, le technicien lance quelques mots en français. «Mais je vais devoir prendre des cours, car je souhaite parvenir à comprendre cette langue et peut-être la parler un jour.»

En signant trois ans avec Fribourg Gottéron, il sait qu'il a du temps devant lui pour pratiquer. Surtout que l'homme est très avenant et souriant avec les gens qu'il côtoie. Interview autour d'un double espresso.

Roger, tu sais déjà aller jusqu'à ton bureau sans te perdre dans cette BCF Arena?
J'étais déjà venu ici pour jouer avec Frölunda. Mais c'était l'ancienne patinoire. Comment dire? Ça a changé (rires). J'ai souvenir qu'il faisait très froid alors que c'est désormais bien plus agréable. Mais en arrivant j'ai eu un sentiment bizarre. C'était à la fois un endroit très familier car j'ai vu tant de vidéos des matches de Fribourg et dans le même temps totalement nouveau. Je n'avais jamais eu ce sentiment.

Ils t'ont déjà confié les clés de la patinoire?
(il les sort de sa poche) Elles sont là, oui! Je suis prêt à travailler.

Tu es arrivé lundi à Fribourg. Quelles ont été tes premières impressions?
Je suis arrivé juste avant le repas de midi. J’ai aussi pas mal lu sur la ville, et franchement, j’aime bien. J'ai pu faire une première balade dans la ville de Fribourg malgré la pluie. C'était magnifique et exactement comme je me l'étais imaginé.

Les gens t'ont déjà reconnu?
Non. Et je dois dire que cela m'a fait bizarre. À Göteborg, je ne pouvais pas faire un mètre sans être interpelé. J'adore parler avec les gens et je suis toujours heureux de le faire. Mais c'était sympa de pouvoir profitier du calme de la ville.

Tu es venu seul pour le moment?
Oui. Mes enfants sont à l’université en Suède, ils vont y rester. Ma femme fera des allers-retours, elle passera quelques semaines ici, puis retournera là-bas. C'est l'organisation que nous avons décidé pour le moment.

C’est ta première expérience de travail à l’étranger. Tu ressens du stress ou de l’excitation?
Beaucoup d’excitation. Avoir la chance de rejoindre un club comme Fribourg, avec cette ferveur, c’est vraiment quelque chose de spécial. Cela fait combien? Trois saisons à guichets fermés? C’est rare dans le sport. Il y a un vrai lien ici entre le public et le club. Et ça me donne une grande responsabilité d'en être l'entraîneur.

Tu as suivi l’équipe à distance cette saison?
Oui. J’ai vu tous les matches, même les amicaux et ceux de Champions League. Avant Noël, c’était un peu frustrant, je te l’avoue. Je regardais et ne comprenais pas que cela ne se passe pas mieux. Mais après, l’équipe a trouvé son rythme, et j'ai tout de même eu un peu plus de plaisir à regarder. Surtout que c'est une belle promesse pour la suite.

Photo: IMAGO/TT

Tu avais un pied à Fribourg et l’autre à Frölunda. Ce n’était pas trop compliqué à gérer?
Non, parce qu’on en a parlé très honnêtement avec Frölunda dès l’été. La journée, j’étais à 100% avec eux. Et le soir, au lieu de me mettre une série sur Netflix, je regardais Fribourg jouer. C’était particulier, mais tout a été fait dans la transparence.

Et la saison de Fribourg, en un sens, c'était une sorte de série Netflix avec pas mal de rebondissements.
(il rigole) Oui, c'est une façon de voir les choses.

Du coup, il faut se réjouir de la saison suivante?
Moi, je m'en réjouis en tout cas.

Fribourg a déjà une forte identité. Tu comptes imposer la tienne ou t’adapter à ce qui existe?
Je ne veux rien imposer. Mon boulot, c’est d’abord de garder ce qui fonctionne. Cette équipe joue les uns pour les autres. Il y a une vraie camaraderie ici. J’ai vu, par exemple, le dernier match d'Andrei Bykov. C’était fort. Cette passion, cette solidarité, c’est l’ADN du club, et on doit la préserver à tout prix.

Tu attaches beaucoup d’importance aux données et à l’analyse. Ça va beaucoup peser dans ton travail ici?
Oui, clairement. J’ai un amené avec moi un spécialiste de l'analytique, Erik Lignell, avec qui je bosse depuis douze ans. Il est maintenant ici. Il a tout étudié: la ligue suisse, les équipes qui gagnent, les chiffres clés. Il a aussi analysé Fribourg en profondeur. Moi, je suis quelqu’un de sensible, donc j’ai besoin de faits pour équilibrer mes décisions. Les stats me protègent de mes émotions.

Photo: Getty Images

Tu as aussi participé aux choix des nouveaux joueurs?
Oui, toutes les décisions sont prises ensemble avec le directeur sportif, Gerd Zenhäusern. Le coach doit vouloir les joueurs qu’on fait venir. Je connais très bien les deux étrangers qui viennent d'être annoncés. Michael Kapla, par exemple, est fiable défensivement et très bon offensivement. Mais surtout, c’est un super gars. Même chose pour Henrik Borgström. On veut des mecs qui font progresser l’équipe, pas des égos négatifs.

Le développement des joueurs, c’est une priorité dans ta venue à Fribourg?
Absolument. Je veux que Gottéron devienne un club reconnu pour ça. J’adore travailler avec les jeunes. Mais pas seulement. Je veux développer tous les joueurs. Créer un environnement où chacun peut progresser peu importe son niveau initial. Un gars comme Ludvig Johnson, par exemple, a fait de grands pas. On doit continuer dans cette voie.

Dans le même ordre d'idée, c'est ton idée de repositionner Sandro Schmid à l'aile?
Non, ce n'est pas forcément moi qui ai pris cette décision. Mais j’adore ce joueur. Il a pris confiance cette saison. Il peut jouer au centre ou à l’aile. Mais ce qui compte le plus, c’est son état d’esprit, ses habitudes, sa confiance. Je ne veux pas lui mettre trop de pression, mais je pense sincèrement que vous n’avez encore rien vu. Il peut devenir un top joueur de cette ligue.

Les deux nouveaux joueurs, Lucas Hedlund et Ludvig Johnson, passent et interrompent l'interview. Les trois hommes se saluent et parlent quelques minutes en suédois. 

La connexion suédoise semble déjà bien fonctionner.
Oui, cela peut les aider à s'intégrer d'avoir un environnement dans lequel ils se connaissent. Lucas, c'est marrant. Je le connais depuis qu'il est tout petit. J'ai entraîné son père, Stefan (ndlr assistant de Lugano désormais) il y a bien longtemps. Cette saison, ce sera la première fois que je m'occuperai du fils d'un joueur que j'ai coaché. Cela ne me rajeunit pas.

Par chance, tu as commencé ta carrière très tôt. Tu n’as presque pas joué au niveau pro. Tu peux m’expliquer comment tu es passé si jeune derrière le banc?
(Il sourit) Non, je n’ai pas eu de vraie carrière. J’ai joué en junior jusqu’à 18 ans, puis je suis allé à l’armée. Là, j’ai eu une blessure, et en même temps, une opportunité de coacher une équipe. Au départ, c’était juste pour une saison, je pensais rejouer après. Mais j’ai tout de suite adoré ça. J’ai compris aussi que je n’étais pas assez bon pour faire une carrière comme joueur. En revanche, entraîner, c’était une vraie révélation. Je n’ai jamais regretté ce choix.

Ton fils commence aussi une carrière de coach, non?
Oui, c’est sa première année. Il étudie à l’Université du sport à Göteborg et il a eu l’occasion de faire un stage avec les U16 de Frölunda. Il adore ça. Moi, j’avais essayé de l’orienter vers le tennis ou le golf… mais non, il a choisi le hockey (rires). C’est cool de le voir lancer sa carrière si jeune.

Photo: imago images/Bildbyran

Tu connaissais déjà certains joueurs de l’équipe avant d’arriver?
Oui, plusieurs. Marcus Sörensen, je le connais des moins de 20 ans. Jacob De La Rose, je l’ai également entraîné, tout comme Patrik Nemeth. Je trouve important que tout le monde soit traité de la même manière, peu importe l’origine. Que tu sois Nord-Américain, Suisse romand, Suisse alémanique ou Suédois, tu dois être un bon coéquipier, te battre pour les fans, et t’intégrer dans le groupe. C’est ce que j’attends de tous mes joueurs.

Tes premiers jours ici, à quoi ressemblent-ils?
C’est surtout du lien humain. Comprendre les valeurs des gens, apprendre à connaître le staff, les employés, les joueurs. On a déjà fait une réunion avec Lars Leuenberger et Gerd Zenhäusern pour revoir les matches de la saison dernière. Je veux écouter, comprendre, construire à partir de là.

Et tout le monde est déjà là pour la reprise?
Oui, c’est une nouveauté. Tous ceux qui ne sont pas aux Mondiaux sont présents. Même les nouveaux étrangers. Ça nous permet de poser les bases, de commencer à créer une dynamique. C’est un bon standard qu’on veut instaurer.

Il y a une phrase que tu as dite lors d'une interview à ma collègue...
(il coupe) La cathédrale? (rires)

Précisément. Tu lui as dit déjà savoir où tu irais fêter le titre et que ce serait à la cathédrale.
Je l'ai vue de mes propres yeux et je trouve que la place devant est un peu trop petite pour fêter un titre (rires). Blague à part, je l'ai visitée et j'ai trouvé cet endroit très beau.

Quand on arrive dans un club qui a zéro championnat à son actif, ce discours peut surprendre.
Oui. Et je sais que ça fait sourire. Mais c’est important d’avoir un rêve et d'en faire son objectif. Je suis venu ici pour gagner. Et si ça prend dix ans, je suis prêt à rester dix ans tant que l'on souhaite ma présence ici. On va construire année après année, avec ambition, mais aussi avec beaucoup d’humilité. Et j'en suis conscient. Mon but est de poser les bases pour avoir du succès. Mais avec l'expérience, je sais que c'est dur de gagner. Très dur, même.

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
Lausanne HC
Lausanne HC
52
25
97
2
ZSC Lions
ZSC Lions
52
35
93
3
SC Berne
SC Berne
52
26
91
4
EV Zoug
EV Zoug
52
37
88
5
HC Davos
HC Davos
52
18
86
6
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
52
4
83
7
EHC Kloten
EHC Kloten
52
-15
79
8
SCL Tigers
SCL Tigers
52
7
75
9
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
52
-13
73
10
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
52
-12
73
11
EHC Bienne
EHC Bienne
52
-3
71
12
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
52
-12
71
13
HC Lugano
HC Lugano
52
-23
66
14
HC Ajoie
HC Ajoie
52
-74
46
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