Jan Cadieux succède à Patrick Fischer
«Il faut croire que c'était mon destin d'être sélectionneur national»

Onze mois après avoir été licencié par Genève-Servette, Jan Cadieux a été nommé sélectionneur de l'équipe de Suisse. Son père, Paul-André, avait été assistant dans les années 90. Interview avec celui qui sera assistant encore quelques mois.
Jan Cadieux a été intronisé mercredi matin.
Photo: keystone-sda.ch
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Grégory BeaudJournaliste Blick

«Jan Cadieux est presque trop qualifié pour entraîner les M20, a précisé Lars Weibel, directeur des équipes nationales, au moment de présenter le nouveau sélectionneur national. Et comme c'est un homme très demandé sur le marché, nous ne pouvions pas rester les bras croisés au moment d'apprendre le départ de Patrick Fischer. Par chance, nous avons beaucoup d'options suisses, mais nous avions déjà établi une stratégie de construire avec Jan Cadieux. Nous le connaissons et le fait qu'il soit déjà dans le staff est un atout, car il y a une continuité.»

C'est ainsi que Jan Cadieux a été présenté par son boss peu après le moment où Patrick Fischer, à sa gauche, a annoncé son départ. Devant la presse et en allemand, l'ancien coach de Genève-Servette a fait bonne figure. Il a ensuite enchaîné les interviews dont une en français pour Blick.

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Jan, tu peux me raconter comment tu te sens aujourd'hui?
Je suis vraiment fier d’avoir cette chance. Le fait qu’on croit en moi et qu’on m’offre cette opportunité, je le vis comme la continuité de mon développement. J’ai beaucoup de gratitude envers «Fischi» (ndlr Patrick Fischer) et envers la Fédération, parce qu’ils me font confiance et me donnent l’espace de grandir encore. Aujourd’hui, je suis très motivé d’abord comme assistant, puis dès juin, pleinement engagé à tout donner. Je veux partager ma passion, faire progresser les joueurs et continuer à faire avancer le hockey suisse.

D’où vient cette passion qui t'anime à ce point?
Sans aucun doute, de mon père. Le hockey est dans mon sang. Ce sport m’a offert tellement dans ma vie que j’ai envie de rendre quelque chose. Travailler avec des joueurs et obtenir leur confiance, c'est ce qu'il y a de plus beau dans notre métier. Et je veux que l’équipe ressente cette passion.

Tu parles souvent d’énergie de groupe. Qu’est-ce que ça représente pour toi?
Pour moi, tout part du lien humain. Derrière chaque joueur, il y a quelqu’un, avec sa vie, ses doutes, ses envies. Si cette personne se sent bien, respectée et écoutée, alors tu peux construire quelque chose de solide. C’est ce que j’ai admiré chez «Fischi»: chaque joueur était heureux de venir en équipe nationale. Je veux préserver ça. Quand un joueur ose, quand il se sent libre, il progresse et l’équipe aussi. Mon but, c’est de garder ce courage dans notre jeu, encourager nos qualités et avancer ensemble.

En quoi te sens-tu proche de Patrick Fischer… et en quoi es-tu différent?
On partage beaucoup cette idée que le bien-être du groupe est essentiel. Là-dessus, je me sens très proche de lui. Peut-être que je suis parfois plus émotionnel et que j’ai besoin que tout soit parfaitement organisé. On a des visions différentes sur certains détails, mais la base est la même: croire en nos joueurs, protéger leur créativité et conserver ce courage qui nous a rapprochés du sommet ces dernières années.

Pourquoi penses-tu être le bon choix pour succéder à Patrick Fischer?
Je suis un travailleur. Quand je m’engage, c’est à 100%. Je suis all-in. Ma carrière m’a beaucoup appris: j’ai gagné, j’ai été viré, j’ai douté. C’est souvent dans les moments difficiles que tu grandis le plus. L’année où j’ai été remercié par Genève-Servette, j’ai plus appris qu’après un titre. Ces hauts et ces bas font de moi un meilleur coach aujourd’hui. Je peux apporter cette expérience, cette discipline, cette envie de gagner.

Ce licenciement, justement, est arrivé il y a moins d'une année. C'est fou de se dire à quel point tout est allé vite pour toi...
Il y a peut-être du destin. Après Genève, je me suis dit que la fin devait servir à quelque chose de plus grand. Je ne savais pas quoi, mais j’y croyais. Onze mois plus tard, je comprends. La vie va vite: trois jours après l’annonce, Patrick m’appelle, je gagne ma première médaille comme assistant, puis cette nomination… Je n’ai jamais planifié ça. Je suis fier d’y être, et j’ai envie de savourer chaque étape.

Comment s'est faite ta nomination?
Quelques jours après mon départ de Genève, c’est Patrick qui m’a appelé. Pour prendre de mes nouvelles d’abord. Puis il m’a ouvert la porte comme assistant. Dans un premier temps, je lui ai dit que j’avais besoin de souffler. Peu après, l’envie de retrouver un banc est revenue très vite. Ensuite, Lars Weibel m’a contacté pour l'équipe M20. On en a parlé durant des mois, calmement. L’idée s’est construite naturellement. Ce n’est que ces derniers jours que tout est devenu concret.

Comment tu parviens à rester concentré sur l’instant, alors que tu sais déjà que tu deviendras coach principal?
C’est simple: je vis au jour le jour. Ma première mission, c’est le Mondial M20. J’ai une énorme motivation. Puis viendra les Jeux olympiques, puis le reste. Je suis reconnaissant envers ceux qui m’ont offert cette chance: Patrick et Lars. Je leur ai dit que je donnerai 110% pour eux. Tant que je suis assistant, je suis assistant. Le futur viendra quand il viendra. Mais j'ai une immense envie de permettre à «Fischi» de réussir la sortie qu'il mérite après tout ce qu'il a fait pour le hockey suisse.

Ton père, Paul-André, a été assistant de l’équipe nationale dans les années 90. Quels souvenirs tu en gardes?
Un très fort: la promotion à Megève au début des années 90. Nous étions invités avec les familles pour voir le match décisif. La Suisse menait contre la France, il restait quelques minutes et l'équipe qui gagnait était promue dans le Groupe A. Je me souviens très bien d'un moment. Je me suis tourné vers ma maman et ma sœur et j’ai dit: «Si j’étais le coach de la France, je sortirais mon gardien maintenant». Quelques secondes après, il l’a fait. Ce souvenir m’a marqué. Peut-être un signe que j'allais un jour être coach, je ne sais pas... Mais ce dont je me souviens le plus, c'est le fait qu'on avait eu un super repas avant le match (rires). On a très bien mangé. C'était un joli souvenir. J'aurais adoré voir des images de mon père devoir remettre les patins alors qu'il était assistant, car il y avait trop de blessés. Ça devait vraiment être un moment spécial.

Tu rêves en français: on peut te voir comme un sélectionneur romand?
Non. Je suis né à Davos, ma langue maternelle est l’allemand, je parle italien chaque jour avec ma femme, et je m’exprime en français avec les joueurs romands. Je suis fier d’être le sélectionneur suisse, tout simplement. Mais si tu écris que je suis romand, cela me va (rires).

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