Jan Cadieux à la place
Patrick Fischer annonce son départ après le Mondial 2026

C'est la fin d'une ère qui a été annoncée ce mercredi matin. Patrick Fischer ne va en effet pas prolonger son contrat à la tête de l'équipe de Suisse. Le Zougois sera remplacé par Jan Cadieux après le Mondial 2026 en Suisse.
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Il y a 10 ans jours pour jour, Patrick Fischer était nommé à la tête de la sélection nationale. Le Zougois remplaçait Glen Hanlon dont le passage derrière le banc a été un fiasco monumental. L'ancien attaquant, lui, est resté en poste une décennie entière. Mais en ce 3 décembre, Patrick Fischer a annoncé qu'il ne continuerait pas au-delà de la saison en cours. Son mandat se terminera donc le 31 mai prochain, date de la finale du Mondial à Zurich. «C'est une décision que j'ai mûrement réfléchie. Pour moi et pour l'équipe, c'est le bon moment», a précisé le principal intéressé.

Tout juste licencié par le HC Lugano, Patrick Fischer avait été accueilli avec un sérieux scepticisme à la tête de l'équipe nationale. Il faut dire qu'à 40 ans, son CV de coach ne transpirait ni l'expérience ni le succès. Et pourtant, c'est avec trois médailles d'argent - voire plus - qu'il va remettre sa casquette. En une décennie, il s'est établi comme le meilleur sélectionneur de l'histoire du hockey suisse. Sans l'ombre d'un doute.

Débuts difficiles

Après quelques mois pourtant, la cote de popularité de Patrick Fischer était on ne peut plus faible. Son premier Mondial a viré au fiasco. Une onzième place avait sanctionné la première aventure de la bande à «Fischi» en Russie. Après une élimination en quarts de finale lors du Mondial suivant (2017) et en huitièmes de finale lors des JO de 2018, il semblait mûr pour devoir déjà quitter son poste après moins de trois ans.

Et puis le tournoi au Danemark a tout changé. En 2018, l'équipe de Suisse atteint la finale contre la Suède et rentre au pays avec une médaille d'argent, la deuxième de l'histoire. Dans le sillage de cette épopée, Patrick Fischer a cimenté sa place et, surtout, a su fédérer autour de lui les stars de NHL. Car s'il a connu des résultats exceptionnels, il ne faut évidemment pas oublier qu'il a à disposition une génération dorée avec les Roman Josi, Nino Niederreiter, Nico Hischier ou encore Kevin Fiala et Timo Meier.

Trois finales perdues

Depuis son arrivée en poste, Patrick Fischer a fait de la «swissness» son cheval de bataille. Les internationaux n'ont d'autre choix que d'accepter les convocations. La fierté d'être suisse et de repésenter la croix blanche doivent prévaloir sur les aspirations individuelles. Son passage ne s'est pas fait sans quelques heurts dont le dernier en date avec Lian Bichsel. Mais c'est ainsi qu'il a su créer un groupe fort autour de lui, comme le démontre la récente prise de parole des leaders dans «l'affaire Bichsel».

Ces dernières années, le poste de Patrick Fischer a de moins en moins été remis en question par la vox populi. Logiquement puisque les résultats ont été au rendez-vous. Lors des deux derniers Mondiaux, la sélection nationale s'est à chaque fois inclinée en finale, respectivement face à la République tchèque puis contre les États-Unis. Avec les JO de Milan et le Mondial en Suisse, Patrick Fischer terminera sa décennie en beauté. «Ces derniers jours, j'ai remercié les joueurs pour leur engagement. Je me réjouis de vivre encore deux tournois majeurs avec ces gars qui ont tout donné pour cette équipe. Je suis très motivé pour ces derniers tournois. Nous avons une chance incroyable de vivre un tournoi à la maison dans lequel nous avons un rôle à jouer. Nous faisons partie des favoris et c'est une première.»

Directeur des équipes nationales, Lars Weibel a également pris la parole pour remercier son désormais ancien sélectionneur: «Je regrette le départ de Fischi. C'est quelqu'un qui a toujours aidé le hockey suisse à se développer et rendre les gens autour de lui meilleurs.»

Pour le moment, Patrick Fischer n'a pas encore pensé à la suite: «Je ne sais pas encore ce que je vais faire à l'avenir. Je me laisse surprendre.»

Un Romand à la bande

Pour remplacer Patrick Fischer, la fédération a décidé de faire confiance à Jan Cadieux, ancien entraîneur à succès de Genève-Servette et actuel sélectionneur de l'équipe nationale M20. Il est le premier Romand à occuper ce poste depuis le Fribourgeois Charles Fasel durant les années 30. «Jan Cadieux est presque trop qualifié pour entraîner les M20 et c'est un homme très demandé sur le marché, a ajouté Lars Weibel. Par chance, nous avons beaucoup d'options suisses, mais nous avions déjà établi une stratégie de construire avec lui. Nous le connaissons et le fait qu'il soit déjà dans le staff est un atout, car il y a une continuité.»

Natif de Davos (1980), il a grandi à Fribourg où il est arrivé lorsque son père était entraîneur de Gottéron. Il y a effectué ses classes jusqu'en 1995. L'attaquant est ensuite parti se développer durant cinq ans en Amérique du Nord. Il a remporté la Coupe Mémorial, la plus haute distinction junior canadienne en 2000. La même année, c'est à Lugano qu'il a effectué son retour en Suisse. Au Tessin, il est devenu champion en 2003 avant de porter les maillots de Genève (2003 à 2011) puis de Fribourg jusqu'en 2013, date de sa fin de carrière de joueur.

Suite logique

En tant qu'entraîneur, Jan Cadieux a donné ses premiers coups de sifflets avec les juniors de Fribourg Gottéron, durant trois ans, avant de rejoindre les Ticino Rockets en Swiss League durant deux ans. En 2019, Genève-Servette l'engage tout d'abord pour assister Patrick Emond, puis pour lui succéder. En 2023, il a remporté le titre national avec le GSHC avant de devenir champion d'Europe l'année suivante. Il était viré en décembre de la même année.

Hyperactif, il n'est pas resté longtemps sans emploi, puisqu'il a intégré le staff de Patrick Fischer pour le Mondial 2025 au Danemark et en Suède. Il a ensuite été nommé coach de la sélection M20 pour le championnat du monde qui se déroulera en fin d'année aux États-Unis. Cette nomination est donc une suite logique au vu du parcours de l'homme de 45 ans. Il a signé un contrat de deux ans et prendra ses fonctions au terme du prochain tournoi mondial qu'il vivra de l'intérieur.

«Je remercie Fischi de m'avoir tout de suite appelé après mon licenciement à Genève, précise Jan Cadieux. C'est un jour spécial pour moi. Je suis très fier d'avoir la confiance de la fédération. Fischi a beaucoup accompli et ma volonté est de continuer sur le même chemin. C'est très important pour moi d'apporter mes idées, mon cœur et ma passion dans ce nouveau défi. Je suis fier et en même temps c'est un sentiment bizarre, car je suis encore assistant de Patrick Fischer et je vais tout donner pour lui offrir une belle sortie.»

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