Le GM d'Helsinki est clair
«Certains clubs suisses ont sacrifié toute morale»

Présent à la Coupe Spengler, l'IFK Helsinki évolue en Finlande, pays qui promeut d'autres valeurs en ce qui concerne les joueurs étrangers. Son directeur général, Tobias Salmelainen, revient sur les différentes signatures étonnantes réalisées en Suisse. Interview.
Publié: 30.12.2022 à 16:06 heures
Tobias Salmelainen est directeur sportif de l'IFK Helsinki depuis 2017.
Photo: Riku Laukkanen
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les joueurs ayant paraphé des contrats avec le championnat de KHL ne sont plus les bienvenus en Finlande. Tobias Salmelainen, directeur sportif de l'IFK Helsinki, détaille ce qui est différent entre son pays et la Suisse, où les Adam Almquist (Zoug) et autres Yohann Auvitu (Genève) sont accueillis les bras ouverts. Interview avec le frère de Tony, l'ancienne star de Genève-Servette.

Tobias Salmelainen, auriez-vous accepté de signer Yohann Auvitu ou Adam Almquist, comme certains clubs suisses l'ont fait?
Non et d'ailleurs, je ne l'ai pas fait. Certains joueurs qui ont quitté la KHL par la petite porte se sont retrouvés sur le marché ces dernières semaines. Mais aucune de ces individualités n'a signé en Finlande, et ce n'est pas un hasard. Nous avons une ligne très stricte concernant ces joueurs qui ont accepté de fermer les yeux sur ce qui se passe en Ukraine pour gagner un peu plus d'argent.

Les mettez-vous tous dans le même panier?
Oui, car au moment où la guerre a été déclenchée, les joueurs qui voulaient quitter la KHL ont réussi à se libérer de leur contrat. Ensuite, certains ont délibérément décidé de mettre leur morale de côté et se sont engagés là-bas. Ils ont fait un choix et personne ne les a forcés à le faire. Ils ont privilégié leurs intérêts personnels. Ce ne sont pas des personnes que je veux dans mon entourage, ni dans celui de mon club. Et je suis fier que tous les clubs finlandais réagissent de la même manière.

Avez-vous mis un règlement sur pied pour que toutes les organisations parlent à l'unisson?
Absolument pas. Vous savez, nous avons des valeurs et je n'accepterais pas de les mettre de côté pour une décision sportive à court terme. Mais cela va plus loin. Si je devais défendre l'engagement d'un joueur en provenance de KHL devant mes dirigeants, je suis certain qu'ils refuseraient. Et je suis convaincu que tous les autres clubs de Liiga feraient de même.

En Suisse, par contre, c'est différent...
Oui, car les sommes ne sont pas les mêmes chez vous qu'en Finlande. Les clubs ont plus de moyens et sont capables d'engager qui ils veulent, peu importe les potentiels soucis moraux. Il y a un autre facteur qui entre en ligne de compte. Le marché est terriblement sec actuellement et certains peuvent changer de ligne de conduite s'ils sentent une opportunité de se renforcer ou un danger de rater une saison. Et si vous voulez renforcer votre équipe, il faut peut-être accepter de s'asseoir sur certains principes.

Ce n'est pas votre cas?
Non. Ni moi ni les autres clubs en Finlande. C'est justement dans ce genre de période plus compliquée que l'éthique et la morale des dirigeants est vraiment testée. Ce n'est pas en été, au moment des belles paroles. Désormais, nous sommes dans le concret et c'est maintenant que la tentation de dévier de sa ligne de conduite est présente.

Vous êtes l'une des personnes les plus critiques en Finlande sur ce sujet. Vous considérez-vous comme un meneur de cette fronde?
Vraiment pas. J'ai l'impression de représenter l'avis de la majorité, si ce n'est de l'intégralité, de mes confrères. Je suis peut-être davantage écouté, car je suis le directeur sportif d'un club historique du championnat. En ce sens, ma parole a probablement juste un plus grand écho. Mais elle ne fait que refléter celle des autres.

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