La moitié de la valeur ajoutée de l’équipe nationale suédoise repose sur un trio: Arsenal, Newcastle et Liverpool ont déboursé 273 millions de francs cet été pour attirer Viktor Gyökeres, Anthony Elanga et Alexander Isak.
La Fédération suédoise de football fonde donc de grands espoirs sur ce triumvirat offensif, tant ces superstars de Premier League sont censées ramener la Suède sur le devant de la scène internationale après deux phases finales manquées.
Mais le début de campagne de qualification a refroidi les ambitions. Après un 2-2 en Slovénie et une défaite 0-2 au Kosovo, les Suédois ont vite mesuré l’écart entre les attentes et la réalité. Viktor Gyökeres et ses coéquipiers ont déçu, la presse a sorti les griffes. «La Suède est une blague», a même titré le quotidien Dagens Nyheter. Depuis, le gardien titulaire Robin Olsen a claqué la porte et le sélectionneur Jon Dahl Tomasson se retrouve sous pression, lui dont les choix et le style de jeu sont critiqués.
Granit Xhaka le sait: il faudra jouer avec intelligence
Le capitaine de la Nati ne se laisse pas endormir par ces deux résultats: «La Suède n’a pas connu le départ que tout le monde – eux y compris – attendait. Mais si on regarde de près, la qualité est là», prévient Granit Xhaka, avant ce match clé dans la capitale suédoise, vendredi à 20h45. «Nous allons disputer une rencontre très difficile à l’extérieur, un grand défi pour nous.»
L’entraîneur suisse Murat Yakin est lui aussi conscient du danger proposé par les trois stars suédoises: «Il faut toujours garder un œil sur eux. Ce sont des joueurs qu’on ne voit pas forcément pendant longtemps, mais qui peuvent frapper à tout moment.»
Viktor Gyökeres, le buteur en feu
Sous le maillot du Sporting Portugal, Viktor Gyökeres a affolé les compteurs avant de rejoindre Arsenal cet été, fort de 125 buts et passes décisives en 102 matchs avec les Lions.
En sélection, il marque en moyenne toutes les deux rencontres. L’ancien capitaine des Gunners Granit Xhaka en est conscient: «Nous savons que nous devons être très intelligents face à lui.»
Anthony Elanga, la fusée de Newcastle
Anthony Elanga, titularisé à Ljubljana et Pristina, est capable d’un éclair à tout moment. Ses deux saisons convaincantes à Nottingham Forest lui ont ouvert les portes de Newcastle, engagé en Champions League.
Mitchell van der Gaag, entraîneur du FC Zurich et ancien adjoint d'Erik Ten Hag à Manchester United, l’a connu jeune: «J’ai découvert un joueur avide d’apprendre et toujours prêt à écouter. Il travaillait dur et voulait progresser.» Mais à Manchester, Anthony Elanga n’a jamais percé: le saut entre le centre de formation et l’élite européenne était trop grand. C’est à Nottingham qu’il a enfin montré ses qualités.
«Sa plus grande force, c’est sa vitesse», souligne Mitchell van der Gaag. «Il la combine à une bonne technique. Depuis qu’il s’est imposé en Angleterre, il joue avec une vraie confiance. Son transfert à Newcastle prouve simplement sa qualité.»
Alexander Isak, le joyau de Liverpool
Troisième membre du trio: Alexander Isak, désormais au Liverpool FC. Les Reds ont déboursé 145 millions de francs cet été pour recruter l’ancien attaquant de Newcastle, auteur de 62 buts en 109 matchs avec les Magpies. Mais son adaptation à Anfield est encore en cours: un seul but en six matchs, et uniquement en Coupe de la Ligue.
Lucien Favre, qui l’avait brièvement croisé au Borussia Dortmund, n’a pas oublié son talent: «Il avait quelque chose, c’était évident. Une coordination exceptionnelle, une vraie finesse technique.» Le Suisse arrive à Dortmund à l’été 2018, mais l’effectif offensif du club (Mario Götze, Andre Schürrle, Marco Reus, Christian Pulisic, Jason Sancho) laisse peu de place au jeune Suédois.
Alexander Isak part alors en prêt à Willem II, où il explose avec 12 buts en 12 matchs, avant de s’envoler pour la Real Sociedad, puis pour l’Angleterre.
Murat Yakin aurait préféré les affronter en septembre
Alexander Isak, Viktor Gyökeres, Anthony Elanga: voilà le trio à museler.
«Honnêtement, j’aurais préféré les jouer en septembre», admet Murat Yakin, conscient qu’Alexander Isak était alors en phase de transition après son transfert à Liverpool et sa grève de l'entraînement à Newcastle.
Mais le coach de la Nati reste serein: «Nous avons déjà affronté des profils similaires, avec Vedat Muriqi (Kosovo) et Benjamin Šeško (Slovénie), deux très bons attaquants. L’important, c’est l’équilibre entre la défense et l’attaque.»