S'il est difficile aujourd'hui d'estimer le réel potentiel de Gaoussou Diakité, un élément saute déjà aux yeux: ce jeune homme de 19 ans ne se cache pas dans les moments compliqués. Que ce soit en préparation face à Molenbeek, à Skopje en Conference League ou en Super League contre Winterthour, le milieu de terrain a marqué lors des trois derniers matches de son équipe, alors que le scénario était défavorable à son équipe. Voilà déjà un point intéressant: là où les jeunes joueurs, logiquement, tendent parfois à se reposer sur les leaders, le Malien prend lui les choses en main lorsque les vents sont contraires. Cet élément-là n'est pas anodin.
«Il peut nous faire beaucoup de bien cette saison», glissait d'ailleurs Olivier Custodio après la défaite à Skopje (2-1), lors de laquelle son jeune équipier avait égalisé d'une frappe splendide après la pause. «C'est un peu ma spéciale! J'aime bien tenter ce genre de tirs, à l'entraînement surtout, parce qu'en match, tu n'en as pas à chaque action. Quand elle vient bien, je n'hésite pas: j'envoie direct!», expliquait le nouveau numéro 70 du LS, forcément ravi de ses débuts sur le plan personnel.
Le but du 3-2? «J'étais fou furieux»
«Oui, j'étais content de marquer, mais à la fin il faut gagner...», constatait-il en Macédoine du Nord, et sa frustration du jeudi a laissé la place à une grande joie dimanche, avec son magnifique doublé, dont le but de la victoire contre Winterthour (3-2) dans le temps additionnel à la suite d'un enchaînement de très haut niveau. Qu'a-t-il pensé au moment de marquer ce but face au Kop Sud? «J'étais fou furieux! J'ai vu les supporters direct quand j'ai marqué, j'ai ressenti beaucoup d'amour. J'ai vraiment pris du plaisir sur ce moment, c'était génial. C'était la dernière tentative, il fallait tenter le tout pour tout le tout», a-t-il confié après ce succès potentiellement fondateur.
«Il fallait réagir après jeudi. Ce n'était pas facile du tout en première période, il y avait un peu de précipitation, mais c'était mieux ensuite. On est une équipe, on se soutient. Il y a une bonne ambiance dans le groupe, ça m’a beaucoup aidé à progresser, à rester concentré, à être encouragé et à avoir encore plus envie de jouer», explique celui qui a quitté son Mali natal en janvier 2024 pour découvrir l'Autriche et Salzbourg, un club qui se trompe rarement en repérage de talents. Via ses multiples connexions au sein du groupe Red Bull, Peter Zeidler, ancien entraîneur du club, a toujours l'oeil sur les talents que Salzbourg souhaite voir s'aguerrir ailleurs. L'Allemand n'a donc pas mis longtemps à valider cette arrivée à Lausanne, bien au contraire.
Il découvre la vie d'adulte à Lausanne
Gaoussou Diakité n'a pour l'heure pas joué pour le géant autrichien, mais seulement pour le club-ferme de Liefering, comme Karim Adeyemi, Konrad Laimer et Dominik Szoboszlai avant lui, par exemple, ou même Dimitri Oberlin. Le fait d'avoir quitté l'Autriche pour Lausanne lui fait franchir un palier en découvrant la première division et les matches européens, mais aussi sur le plan personnel. «La différence, c'est que j'ai mon propre appartement maintenant, j'habite tout seul à Lausanne! A Salzbourg, j'étais à l'académie, je ne sortais pas du tout. On peut dire que j'entre dans la vie adulte», se marre-t-il franchement. Mais s'il est à Lausanne pour une année, ce n'est pas pour passer ses soirées au Flon, mais bien pour progresser et revenir plus fort à Salzbourg. Ce qui semble bien parti après deux matches officiels seulement.
Olivier Custodio, sans s'emballer, mesure déjà bien l'impact de la nouvelle recrue. «C'est un très jeune joueur, très prometteur, qui a beaucoup de qualités, surtout techniques. Il va pouvoir nous aider, j'en suis sûr. Mais nous aussi, je pense qu'on peut l'aider dans sa progression», assure le capitaine du Lausanne-Sport. Parmi les aspects à travailler, la rigueur de travail et la capacité à répéter les efforts seront particulièrement scrutés par les dirigeants du LS, mais aussi ceux de Salzbourg. Le club autrichien, tout comme Peter Zeidler, mise énormément sur l'intensité et sur l'éthique de travail pour voir ses jeunes exploser.
Encore des choses à prouver
Et là, Gaoussou Diakité n'offre pas encore toutes les garanties, ce qui est normal et fait partie de son processus de progression. S'il arrive à se discipliner, à bien appréhender le défi que représente de vivre seul pour ce qui est de l'hygiène de vie et de la préparation invisible, alors il aura peut-être une carte à jouer dans le monde impitoyable du football de haut niveau. Et, bien sûr, il devra prouver sa valeur face à des écuries de haut niveau, que ne sont pour l'heure ni Molenbeek, ni le Vardar, ni Winterthour. Les premiers tests contre Bâle, Servette et Young Boys seront intéressants pour évaluer ce jeune talent d'un peu plus près.
Son capitaine ne va en tout cas pas le lâcher. «Il m'a l'air sérieux, très concentré sur le foot et il a envie de progresser. Ça se voit tous les jours à l'entraînement: il a envie de jouer, il a envie de nous aider. Quand on a un joueur comme ça, qui est optimiste, qui veut le ballon, qui a envie de jouer avec les autres, ça nous donne aussi envie de l'aider et de jouer avec lui», explique Olivier Custodio.
Bryan Okoh l'a convaincu de venir
Arrivé dans un environnement francophone, après dix-huit mois passés en Autriche et un apprentissage modéré de l'allemand («Je le parle juste un peu», avoue-t-il), Gaoussou Diakité se sent déjà bien à Lausanne. «J'aime bien la ville, tout le monde m'a facilité la tâche ici. Tout le monde est gentil. Dès le premier rendez-vous, je me suis dit que c'était la famille! Je ne connaissais pas Lausanne, mais Bryan Okoh, avec qui j'ai joué à Salzbourg, m'a assuré que je me sentirais à l'aise ici, que j'allais aimer. Si je suis venu, c'est aussi grâce à lui.»
La belle histoire entre Gaoussou Diakité et le LS ne fait peut-être que commencer, mais le monde du football est plein de promesses d'été qui n'ont pas réussi à confirmer. A lui d'entrer, dès jeudi et le match retour contre le Vardar, encore un peu plus dans le coeur des supporters du LS et à continuer à tracer sa route.