Chronique de David Lemos
Pep Guardiola au secours des joueurs

Chroniqueur pour Blick, le journaliste de la RTS David Lemos revient sur le coup de gueule de Pep Guardiola, lequel aimerait plus de repos pour ses joueurs. Le Catalan a raison, selon lui.
Publié: 22.04.2024 à 13:18 heures
Partager
Écouter
Photo: The FA via Getty Images
David Lemos

«It's unacceptable. It's really unacceptable.» Vous avez peut-être entendu parler, ou même entendu Pep Guardiola samedi, après la demi-finale de Cup gagnée par son club, Manchester City, face à Chelsea. «Inacceptable» que son équipe se retrouve sur le terrain moins de trois jours après son quart de finale de Champions League perdu contre le Real, «inacceptable» que Coventry et Manchester United, les autres demi-finalistes, jouent eux le lendemain et après une semaine complète de repos.

«C'est pour les joueurs», pour «leur santé physique et mentale» qu'il a pris la parole, a-t-il expliqué, soutenu le lendemain par Mikel Arteta, son ancien assistant devenu rival. «Mon seul pouvoir», a ajouté Pep, «c'est de le dire ici» en direct à la télévision, «car rien ne changera».

Le calendrier, facteur de stress

Et Pep a bien sûr raison. L'argument de la mise en danger de la santé des joueurs est incontestable. Le calendrier footballistique, un enjeu de pouvoir pour lequel bataillent fédérations internationales, associations nationales, ligues et chaînes de télévision, est un facteur de stress impactant le corps et la tête des professionnels, de nombreuses études l'ont démontré. Comme beaucoup de ses collègues, Guardiola le déplore depuis longtemps, mais toujours à des moments bien choisis. Juste avant ou juste après des matches des équipes nationale par exemple. Ou lorsqu'il a un groupe à remobiliser.

C'est évidemment le cas en ce moment. Sa tirade de samedi s'adressait avant tout à ses joueurs, qu'il a qualifiés de «légendes» dont il ne sait pas «comment ils ont pu survivre» à cette semaine entre Manchester et Londres. Cette déclaration d'amour, quelques jours après une élimination de la plus prestigieuse des compétitions, est avant tout celle du manager. Plus que dans les jambes, c'est dans les têtes qu'il doit agir. Il y a encore un doublé à aller chercher. La série Netflix «Together: Treble Winners» l'a encore rappelé: si Pep est un génie tactique, il est aussi un motivateur exceptionnel, un homme si pénétré de sa mission qu'il devient inconcevable pour ses joueurs de ne pas tout donner pour lui.

Un banc de très haut niveau

Guardiola a en revanche plus de pouvoir qu'il ne veut bien l'admettre. Il est l'un des personnages les plus influents du football. Tout ce qu'il fait est étudié, tout ce qu'il dit est répercuté dans le monde entier. Il pourrait s'opposer publiquement à l'envoi, comme l'été passé, de son équipe en tournée estivale au Japon et en Corée du Sud. Il pourrait choisir de mettre plus souvent à contribution un effectif composé de plus de vingt joueurs de niveau international. Lorsqu'il se retourne vers son banc, il a sous les yeux un attaquant champion du monde (Alvarez), un quadruple vainqueur de Champions League (Kovacic) ou encore un défenseur majeur de l'équipe d'Angleterre (Stones). Il recourt rarement aux cinq changements auxquels il a droit, pourtant un avancement majeur en faveur de la santé des joueurs (et des clubs pouvant s'offrir un banc de stars).

Un club richissime

Passons sur le fait que Manchester City avait fait partie, en 2021, du premier groupe portant la Super League européenne, un projet qui ne semblait pas avoir le bien-être des joueurs comme première obsession, et que le club est sous le coup d'une enquête pour avoir commis potentiellement plus de cent infractions au règlement financier de la Premier League entre 2009 et 2018. L'argent d'Abu Dhabi a certes permis de dépenser 1,5 milliard d'euros pour fournir, année après année, un effectif d'exception à l'entraîneur catalan depuis son arrivée en 2016, ce n'est pas directement notre sujet.

Le sujet, c'est bel et bien la santé des joueurs et je ne peux qu'espérer que le coup de gueule du meilleur entraîneur du monde bénéficiera aussi aux professionnels qui n'évoluent pas dans la galaxie des multi-millionnaires, ne se déplacent pas d'un match à un autre en jet privé, ne bénéficient pas d'une armée de médecins, physiothérapeutes et préparateurs mentaux. Cette saison, Timothé Cognat a disputé plus de matches officiels que Ruben Dias, Kyle Walker ou Rodri. C'est aussi pour des joueurs comme lui, j'en suis certain, que Pep s'est exprimé.


Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la