1m94 de puissance
Theo Bair, l'attaquant du LS en quête de buts et de Coupe du monde

Theo Bair est-il l'avant-centre que le Lausanne-Sport attend? Le Canadien de 26 ans a déjà ouvert son compteur en Coupe de Suisse et aura une autre occasion de s'affirmer, ce dimanche à Sion. Rencontre avec le colosse d'1m94.
Publié: 11:53 heures
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Dernière mise à jour: il y a 2 minutes
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Theo Bair et le Lausanne-Sport se déplacent ce dimanche à Tourbillon. Coup d'envoi à 16h30.
Photo: keystone-sda.ch
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Dans le vestiaire et auprès des employés du Lausanne-Sport, l'unanimité est impressionnante: Theo Bair a réussi son intégration. Souriant, de bonne humeur, rayonnant, l'attaquant canadien de 26 ans se sent déjà comme chez lui à Lausanne, où son bon caractère est loué. S'exprimant aussi bien en anglais qu'en français, le natif d'Ottawa est déjà apprécié de tout le monde. «Sa personnalité et sa maturité sont vraiment top. Il peut jouer un rôle important dans le groupe», assure Peter Zeidler. Mais si l'attaquant est venu à Lausanne, ce n'est pas pour jouer à l'ambianceur, mais bien pour occuper le poste d'avant-centre, orphelin de Kaly Sène. Et pour marquer des buts.

Prêté par Auxerre, avec option d'achat, Thelonius Alston Bradley Bair entend bien réussir une grande saison dans le canton de Vaud, non seulement pour relancer sa carrière, mais également dans l'optique de la Coupe du monde qu'il a bien l'intention de disputer dans son pays natal, lui qui a été de tous les derniers rassemblements. «Il va en profondeur, il a un bon jeu de tête et il est bon comme pivot», détaille Peter Zeidler, lequel en a d'entrée fait un homme de base. «Il est déjà sur le podium des noms que je mets dans l'équipe en ce moment, avec Karlo Letica et Olivier Custodio», explique l'Allemand, en expliquant que son nouvel avant-centre doit encore trouver du rythme. «Il ne pouvait même pas se rappeler la dernière fois qu'il avait joué 90 minutes», sourit le coach au sujet de son attaquant de 194 centimètres à la masse musculaire plus qu'impressionnante.

Theo Bair reproduira-t-il ses statistiques de sa saison la plus réussie, à Motherwell (15 buts et 6 passes décisives)? Si oui, il ira au Mondial et le LS pourra se dire qu'il a réussi une bonne pioche. En attendant, il a déjà marqué son premier but, dimanche en Coupe de Suisse sur le terrain de Concordia Bâle, et a accepté de se confier, pour Blick, à quelques heures du déplacement à Sion. 

Theo, la question traditionnelle, mais tout de même importante: pourquoi avoir choisi Lausanne cet été?
La première motivation, c'était de rejoindre un championnat européen, où je pourrais avoir du temps de jeu. J'en ai besoin, parce que je veux aller à la Coupe du monde, chez moi au Canada. Ça, c'est le point principal. Et je dois dire que j'ai été très bien accueilli. Ça aussi, ça compte. Je vois que je suis attendu. Une autre chose: le style de jeu du coach, basé sur la philosophie Red Bull. Ça me parle. Et ensuite, il y a la ville. Elle est tout simplement magnifique. Et ça aussi, ça fait du bien, je t'assure! Je suis très content d'être à Lausanne. C'est une jeune équipe, avec un bel esprit. Et ça bosse. C'était ce que je cherchais.

Auxerre et Motherwell, c'est moins sympa?
C'est un peu différent (rires). Bon, en Ecosse, je n'étais pas loin de Glasgow, qui est une belle ville. Mais ici, c'est le top du top. Depuis que je suis arrivé, j'ai vu des paysages... En fait, je n'avais jamais vu ça!

Le bord du lac, tu veux dire?
Oui, c'est magnifique.

Bon, je ne connais pas Vancouver, mais il paraît que c'est joli aussi, non?
Ah oui, oui, bien sûr. C'est assez similaire en fait.

Allez, on a assez parlé de tourisme. Commençons par le Canada, on reviendra à Lausanne après. Tu te situes où dans la hiérarchie des attaquants? Evidemment, on connaît Jonathan David ici, mais tu es où? Juste derrière? Plus loin?
Oh, il y a beaucoup d'attaquants, crois-moi! Le truc sympa entre nous, c'est la concurrence, on se pousse entre nous. Moi, je veux tout le temps qu'ils marquent quand ils sont dans leur club. Je regarde leurs résultats et je suis content quand je vois qu'ils ont scoré, parce que ça veut dire que je dois marquer aussi. Et c'est pour ça que je suis là. Tu l'as dit, il y a Jonathan David, mais aussi Promise David, Tani Oluwaseyi, Cyle Larin. Daniel Jebbison aussi. On y revient: c'est pour ça que j'avais besoin de temps de jeu. En Europe, dans une ligue compétitive.

Tu vas la faire, cette Coupe du monde?
Il n'y a rien de garanti. Le coach m'a dit: «Si tu joues et tu marques, tu seras là.» Donc, c'est à moi d'agir maintenant, je sais ce que j'ai à faire.

L'attaquant canadien, iici face à Rodrigo Bentancur, espère bien participer à la Coupe du monde 2026.
Photo: keystone-sda.ch

Tu penses quoi de tes débuts à Lausanne?
La première chose, c'est que ça fait longtemps que je n'ai pas enchaîné les matches comme ça, tout les trois jours. La dernière fois, je pense que c'est quand j'étais en juniors, même! J'essaie de trouver mon rythme, et je commence à le faire, je pense que ça devient de mieux en mieux. Et, bien sûr, je dois m'habituer à mes coéquipiers et au terrain synthétique. Je pense que je peux faire mieux devant le but, mais ça va venir avec le rythme, avec la répétition des efforts. Maintenant, la priorité, c'est de gagner des matches en championnat.

Tu as débloqué le compteur en Coupe, à Bâle, déjà. Il compte, ce but, même contre une équipe de division inférieure?
Oui. Il est même très important. Je peux enlever le sac à dos, jouer libéré. Le premier but, il est mis. J'ai vraiment hâte d'être à dimanche à Sion.

Parle-moi de ton arrivée en Europe, elle s'est faite comment?
Je suis arrivé en Norvège et ça s'est bien passé, j'ai mis mes buts. J'y ai passé cinq mois et je suis parti à Saint-Johnstone, en Ecosse, où là, c'était un peu moins bien. Mais j'ai eu de la chance, parce que le fils du coach de Motherwell jouait dans les équipes de jeunes de Saint-Johnstone, donc le coach voyait nos entraînements. Il me demande un jour: «Theo, pourquoi tu ne joues pas plus?» Je lui ai répondu que je ne savais pas. Qu'est-ce que tu voulais que je lui dise? Mais il aimait bien ce qu'il voyait de moi à l'entraînement, donc il m'a dit: «Libère-toi de ton contrat ici et nous on te signe pour deux ans. Tu n'auras pas beaucoup d'argent, mais tu auras la possibilité de jouer.» Je me suis dit: «Ok. Là, tu as la confiance d'un coach. Vas-y.» Et j'ai fait la plus belle saison de ma vie.

Et là arrive Auxerre.
Oui. La France. Un grand championnat. Le très haut niveau. Et sauter de l'Ecosse à la Ligue 1, c'était une grosse étape, et je n'ai pas beaucoup joué.

32 matches quand même...
Oui, mais à chaque fois dix minutes, quinze minutes... Parfois, j'étais titulaire, mais je sortais vite. Sans me chercher d'excuses, je pense que j'aurais pu faire mieux. J'ai sans doute un peu mal géré le fait d'arriver à un très haut niveau. Ici, tout est clair: je suis à Lausanne, je veux marquer des buts, aider l'équipe et je veux aller à la Coupe du monde.

J'ai l'impression que tu n'as pas vraiment eu ta chance à Auxerre...
Je ne veux pas trop m'exprimer là-dessus, mais je comprends ton sentiment. Ce sont des choses que je ne peux pas contrôler. Là, maintenant, j'ai la chance de jouer, de contrôler ce que je fais sur le terrain. 

Theo Bair est prêté au Lausanne-Sport par l'AJ Auxerre, avec option d'achat.
Photo: AFP

Parce qu'à Lausanne, tu es attendu. Il y a un buteur, Kaly Sène, qui est parti. Tu as de la place pour t'exprimer.
Exactement! Je me retrouve un peu dans la situation de Motherwell. A un moment, j'étais le seul attaquant là-bas, il y avait des blessés et j'ai eu la possibilité de m'exprimer. Ici, il y a d'autres attaquants, bien sûr, mais je sens qu'on compte sur moi.

Tu es Canadien et Jamaïcain, c'est ça?
Exactement.

Comment en es-tu arrivé à choisir le football, gamin?
Très simple: mes deux parents jouaient au foot. Pas en professionnels, mais ils jouaient dans leur quartier. Et puis, j'ai deux grandes soeurs, qui étaient très très fortes et ont percé. La plus grande, elle s'est fait les croisés, et la deuxième a arrêté aussi, elles ne sont pas allées au bout de leur rêve, mais j'étais à tous leurs matches, je jouais à côté avec mon ballon, je devais avoir 3, 4 ou 5 ans. Et quand on a compris qu'elles ne pourraient pas continuer, je me suis dit que c'était à moi de le faire. J'ai toujours voulu être pro. Quand j'avais 3 ans, j'avais dit à mon père que je voulais être dans un stade où tout le monde crie mon nom. Voilà, c'est pour ça que je joue au foot (rires).

C'est qui tes modèles dans le foot?
Thierry Henry, tout de suite! C'est mon préféré. Après, vu mon gabarit, ça a été Zlatan. Et dans les attaquants modernes, j'aime bien Serhou Guirassy et Erling Haaland, également pour le côté costaud.

On a déjà pu apercevoir ta qualité dos au but dans le jeu en pivot...
C'est quelque chose de nouveau pour moi, parce que quand j'étais jeune, j'étais plus léger. Je prenais tout le temps l'espace, mais maintenant que j'ai dépassé les 100 kilos, j'ai développé d'autres qualités.

Tu l'as bossé, ce physique?
Même pas. C'est naturel. Je mange beaucoup (rires). Mais ce n'est que du muscle, tu peux toucher, je n'ai pas de gras!

Tu ne te définirais donc plus comme un attaquant qui prend la profondeur?
Si, si, je sais toujours le faire. En fait, à Motherwell, j'ai vraiment progressé dans la polyvalence, je me suis dit que je devais devenir un attaquant qui pouvait tout faire. Un peu dans le style de Didier Drogba, tu vois? Il peut caler le jeu, il peut prendre l'espace. Il peut tout faire, voilà. Et il est vraiment collectif. Je me suis pas mal inspiré de son jeu, et puis, à Auxerre, j'ai beaucoup bossé avec Djibril Cissé, qui m'a donné beaucoup de conseils. Maintenant, je pense que j'ai les informations nécessaires. C'est à moi de les mettre en oeuvre sur le terrain.

Djibril, il t'a dit de cadrer à tout prix, je suis sûr! J'ai fait quelques interviews avec lui quand il jouait à Yverdon et il me l'a dit à chaque fois.
Oui, c'est exactement ça! Lui, il avait trop de force, il était trop rapide. Et il cadrait! Moi, je dois apprendre de ces gars-là. J'ai 26 ans, je n'ai pas fait autant de matches que ces légendes du foot. Alors, oui, ce conseil-là, je l'ai pris. Si tu cadres, il peut tout se passer. Ca peut être dévié, le gardien peut relâcher, se trouer...

Photo: keystone-sda.ch

En direct à Bâle, je ne l'avais pas bien vu, mais ta talonnade pour Olivier Custodio sur le 1-1, elle est splendide. Tu es grand et costaud, mais dans le petit jeu, tu sais te montrer habile aussi.
Oui, et ça c'est les automatismes qui commencent à venir. Olivier, il aime bien jouer les une-deux. Il joue vite, il donne, donc j'ai remis. J'apprends à connaître mes coéquipiers.

Tu es tout seul ici?
Mes parents et ma copine sont là. Mon père et ma mère sont restés, parce qu'au début, ce n'est pas simple, il faut déménager, trouver une maison, tout ça... Ils sont là et je ne sais même pas combien de temps ils vont rester. Ils sont très investis dans ma carrière, ils sont tous deux à la retraite. Ils ont le temps et ils ont du plaisir à venir voir mes matches. Ils aiment bien être avec moi, parce que je suis parti de la maison à 15 ans pour aller jouer à Vancouver. On rattrape le temps!

Ils seront donc là dimanche à Sion! C'est un joli match ça. Tu sais que tu peux vraiment entrer dans le coeur de tes nouveaux supporters là?
Et crois-moi que j'en ai envie!


Super League 25/26
Équipe
J.
DB.
PT.
1
7
8
15
2
6
5
13
3
7
1
13
4
6
4
12
5
6
2
11
6
6
3
10
7
7
0
8
8
6
0
8
9
7
-5
7
10
7
-1
6
11
6
-4
4
12
7
-13
2
Tour final
Tour de relégation
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