Manuel Akanji n'a pas apprécié du tout la question d'un journaliste alémanique, juste après la victoire suisse (4-2) face au Mexique, samedi à Salt Lake City. Alors que le reporter lui demandait si la Suisse n'aurait pas pu mieux défendre en diverses occasions, et notamment sur le but égalisateur de Santiago Gimenez (1-1, 56e), le défenseur de Manchester City, un brin orgueilleux sur le coup, a tiqué.
«On a fait des erreurs, vraiment?», a-t-il fait mine de s'interroger. Le journaliste assumant son propos, le numéro 5 de la Nati a continué sur le même thème. «Et alors? Le football est un jeu d'erreurs, non? On peut parler du positif dans ce match? Nous avons gagné, non? Vous êtes toujours négatifs. Soyez positifs s'il vous plaît», a contré Manuel Akanji, lequel a insisté sur le fait que la Suisse s'est imposée dans cette rencontre, disputée dans des conditions inhabituelles pour elle.
Un contexte largement favorable au Mexique
Un fait que n'a pas manqué de relever également Murat Yakin. Le terrain était étrange, pas forcément facile, très étroit, et la chaleur d'un samedi après-midi de juin dans l'Utah a fini de compléter un tableau que l'équipe de Suisse n'affronte pas tous les jours. Le Mexique, soutenu par plusieurs dizaines de milliers de supporters, était chez lui ce samedi à Salt Lake City, là où la Nati devait s'adapter tant bien que mal. En cinq jours, les Suisses ont eu le temps de digérer les effets du décalage horaire, mais cette rencontre, qui arrive tout au bout d'une saison parfois longue pour certains joueurs, juste avant les vacances (voire avant le Mondial des clubs pour Gregor Kobel, Manuel Akanji, Lucas Blondel et peut-être Zeki Amdouni), était tout de même un peu particulière. Tout comme le sera celle de mardi face aux Etats-Unis à Nashville.
«Nous avons été efficaces, ce qui n'était pas forcément simple avec ce terrain et cette température. Nous avons relevé le défi contre une très bonne équipe», s'est réjoui Murat Yakin, lequel a passé un «bel après-midi» à Salt Lake City. «Il y avait du public, de l'ambiance, une belle atmosphère. Je pense que les spectateurs ont apprécié», a-t-il espéré. Les téléspectateurs restés en Suisse ont eux eu droit, dès 22h heure locale, à une partie qui sentait moins la tequila (odeur entêtante, au passage) qu'au stade, et ont vu une équipe de Suisse parfois séduisante offensivement, mais aussi largement fébrile derrière.
Fabian Rieder a marqué des points
«Chaque joueur que nous avons fait jouer a rempli sa mission», a assuré Murat Yakin, sans que l'on soit obligé de le croire à 100%. Parmi les vainqueurs du jour, il est permis de citer Dan Ndoye, mais aussi Fabian Rieder, lequel s'est montré très actif sur son côté droit. «Il connaît cette position et il est à l'aise avec nous. Il peut créer des espaces pour son latéral, en l'occurence Silvan Widmer aujourd'hui, il peut rentrer dans le jeu. Il court beaucoup, il donne beaucoup de sa personne. Ses qualités sont précieuses», l'a complimenté Murat Yakin, lequel avait réservé une surprise aux suiveurs de l'équipe de Suisse en ne titularisant pas Ardon Jashari, comme il l'avait pourtant laissé entendre toute la semaine.
Un trio complémentaire à mi-terrain, sans Ardon Jashari
«J'ai vraiment dit ça de manière aussi claire? Je n'en suis pas si sûr...», a lancé le sélectionneur, lequel a fait entrer le joueur de Bruges à la pause, lui offrant sa troisième sélection seulement. «Nous avons beaucoup de monde à mi-terrain. Les trois qui ont commencé se connaissent bien et sont complémentaires. J'ai parlé à Ardon vendredi, je lui ai dit qu'il allait entrer dans sa position préférentielle, en numéro 6», a indiqué Murat Yakin, lequel avait pourtant largement, et sans beaucoup d'ambiguïté, laissé croire à un milieu Xhaka-Freuler-Jashari pour cette tournée américaine.
Le grand gagnant de ce revirement, et personne ne va s'en plaindre en Suisse romande, s'appelle Vincent Sierro, lequel apporte de la créativité à mi-terrain et, sans être exceptionnel, a livré une partie fiable et solide ce samedi au Rice-Eccles Stadium. Il aurait pu sublimer sa prestation par un but, mais son lob a trouvé la barre transversale, et, globalement, il est resté assez neutre, bien plus qu'à Belfast en mars où il avait brillé. «Vincent a une bonne chance de devenir un cadre de cette équipe, il est très intelligent tactiquement, il se trouve bien avec Remo et Granit», a argumenté Murat Yakin, lequel semble donc (car rien n'est jamais sûr avec lui...) voir désormais Ardon Jashari comme le «remplaçant» de Granit Xhaka au poste de numéro 6.
«L'heure d'Ardon va venir»
«On va voir de match en match. L'heure d'Ardon va venir. Aujourd'hui, il a été très agressif dès son entrée, a joué de manière dominante. Il a fait son boulot dans les duels et n'a pas encore les automatismes de Granit dans la construction du jeu, ce qui est normal. Il a besoin d'entraînements, de matches...», a justifié Murat Yakin, qui semble vouloir maintenant l'intégrer progressivement, plutôt que d'en faire un homme de base. «Nous avons beaucoup de bons joueurs à mi-terrain, je le redis».
Une équipe-type avant septembre? Pas sûr...
Le sélectionneur entend se laisser quelques «portes ouvertes» en vue de septembre, alors que les qualifications demanderont des automatismes et une équipe bien rodée, sans approximations. «Oui, c'est le but. Nous devons être prêts en septembre, mais je sais aussi que cette période peut être très problématique, avec le mercato, avec les saisons qui recommencent plus tard... Nous avons une bonne base de joueurs, solides, mais il n'est peut-être pas inutile d'avoir un peu de profondeur aussi.» La composition de mardi face aux Etats-Unis sera très intéressante à observer, notamment aux postes de latéraux. Ce samedi, à la surprise générale, il a débuté avec Ricardo Rodriguez à gauche et Silvan Widmer à droite, offrant 45 minutes à Ulisses Garcia et 4 à Lucas Blondel, contre aucune à Miro Muheim et Isaac Schmidt.