Mamma Mia!
Pourquoi le football italien est-il en crise?

Après le licenciement de Luciano Spalletti, l'équipe nationale italienne cherche un nouvel entraîneur. Gennaro Gattuso fait figure de favori. Mais à long terme, des réformes profondes sont nécessaires pour que le football italien retrouve sa splendeur.
Publié: 11.06.2025 à 21:39 heures
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L'Italie traverse actuellement une période difficile.
Photo: imago/Gribaudi/ImagePhoto
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Carlo Emanuele Frezza

Une fois de plus, le football italien vit des heures sombres. L’élément déclencheur a été l’humiliation de vendredi dernier contre la Norvège (3-0). Depuis, l’Italie craint de manquer la Coupe du monde pour la troisième fois consécutive. Un scénario d’horreur pour le pays quadruple champion du monde.

Pourtant, il y a seulement deux ans, le ballon rond transalpin faisait sa promotion avec le slogan «Calcio is back». À l’époque, le pays avait réalisé une fantastique saison en Coupe d’Europe, avec cinq demi-finalistes sur douze dans les trois compétitions. De plus, la Squadra Azzurra était championne d’Europe. Mais, malheureusement pour les Italiens, il ne reste que des miettes de cette époque aujourd’hui.

Pas de stratégie pour les jeunes

Certes, quelques clubs ont réussi à convaincre de manière isolée ces dernières années, à l’image de l’Inter en Ligue des champions. Mais le véritable problème est que le système n’a guère évolué. L’infrastructure du foot italien est délabrée. La bureaucratie continue d’empêcher la construction de stades modernes dans de nombreux endroits. La Juventus et l’Atalanta font partie des exceptions en disposant de leur propre arène.

Problème plus important encore, la Fédération et les clubs n’ont pas de stratégie cohérente pour les jeunes. Au lieu de miser sur eux, la majorité continue de faire jouer les anciens. Et ce parce que le succès à court terme prime sur le long terme. La raison souvent invoquée est que l’on ne souhaite pas brûler les «ragazzi». D’autant plus qu’en Italie, les talents sont plus vite embarqués dans le cirque médiatique en cas d’erreur. C’est pourquoi, jusqu’à l’âge de 19 ans, les meilleurs éléments du club restent généralement en Primavera, le plus haut niveau junior, avant d’être prêtés en Serie C.

«Yamal n’aurait jamais joué en Italie»

Les jeunes Italiens ont pourtant du potentiel. Ils le montrent notamment dans les sélections nationales. Jusqu’aux moins de 20 ans, l’Italie fait toujours partie de l’élite mondiale. Mais en club, ils n’obtiennent une vraie chance chez les professionnels qu’au début de la vingtaine.

«Lamine Yamal n’aurait jamais joué en Italie», résume le légendaire entraîneur Fabio Capello. Entre les talents italiens et ceux d’Espagne, d’Angleterre et de France, un fossé presque impossible à combler se creuse entre 18 et 21 ans. On le voit bien actuellement dans le domaine offensif. Alors que les pays mentionnés ont récemment sorti des joueurs de haut niveau à tour de bras, l’Italie n’a plus présenté d’attaquant de classe mondiale depuis longtemps.

Gattuso, sauveur de la nation?

Le fait que les clubs de Serie A puissent depuis quelques années inscrire des équipes de moins de 23 ans en Serie C n’y a rien changé. Le souhait était ainsi d’assurer que les jeunes talents prennent plus rapidement pied dans le football professionnel. Toutefois, seuls le Milan, la Juventus et l’Atalanta ont saisi cette opportunité, avec un succès limité. Et pour les petits clubs, une deuxième équipe n’est pas envisageable pour des raisons financières. C’est pourquoi ils préfèrent miser sur des joueurs établis qui offrent davantage de certitudes.

Toujours est-il que c’est la Squadra Azzurra qui en pâtit. Depuis le licenciement de Luciano Spalletti, elle se retrouve pour l’instant sans entraîneur. Le candidat idéal, Claudio Ranieri, s’est désisté. Pour le moment, c’est Gennaro Gattuso qui fait figure de favori. À court terme, cela pourrait être prometteur. Mais à long terme, l’Italie a besoin d’un profond changement pour redevenir la grande nation de football qu’elle était autrefois.

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