«Jouer à Milan, c’est splendide. San Siro est grisant, il te stimule. Il devrait n’exister que des stades comme San Siro, faits uniquement pour le foot», disait Gianluca Vialli, l'une des figures du football italien de la fin des années 90. Car oui, l'enceinte milanaise, rendue si particulière notamment par ses immenses tours de béton et son toit fait de longues traverses métalliques, ne date pas d'hier. Ni même d'avant-hier. Elle a en effet fêté ses 99 ans en septembre dernier. Comment? En apprenant qu'elle devrait être détruite, au moins partiellement, dans les prochaines années.
La commune de Milan a approuvé la vente du stade et du site à ses locataires: l'AC Milan et son rival de l'Inter. Une cession, à hauteur de 197 millions d'euros, qui doit enfin lancer le projet de construction d’un nouveau stade (de 71’500 places) et de réaménagement des terrains tout autour.
Un crève-cœur pour bon nombre de supporters de football, mais certainement aussi pour des centaines, voire des milliers de joueurs qui rêvent de fouler un jour la pelouse de San Siro, où tant de grands matches se sont joués par le passé. La Suisse a d’ailleurs remporté face aux Pays-Bas le premier match de Coupe du monde organisé à Milan (victoire 2-3 en 1934).
«La Scala del Calcio»
«Je viens ici depuis que je suis tout petit», souffle un quarantenaire, supporter de l'AC, au moment de pénétrer dans l'enceinte avant de voir son équipe affronter Pise en Serie A (2-2). S'il est compliqué d'en connaître le nombre exact, les deux clubs de Milan ont chacun disputé des milliers de rencontres à San Siro, ou Giuseppe Meazza lorsque le stade se teinte de bleu et de noir. Vendredi soir encore, le stade a joué son rôle, amplifiant à merveille les chants de la Curva Sud milanaise grâce à son acoustique si particulière.
«J’ai assisté à des centaines de parties, vécu de grands comme de mauvais moments», poursuit le Milanais, lequel redoute le moment de dire adieu à ce stade. Car celui-ci est devenu au fil des ans bien plus qu’une enceinte de sport. «La Scala del Calcio» («Le théâtre du football»), surnomme-t-on même de manière inofficielle l’enceinte qui accueillera en février prochain la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver 2026.
San Siro souffre du poids des années
Reste qu’aussi magnifique soit-il, San Siro souffre du poids des années, la vétusté de l’édifice se dévoilant sans peine à ses dizaines de milliers de visiteurs. Mais aussi de la lenteur de la bureaucratie italienne, laquelle a anéanti les espoirs de «simple» rénovation du stade. Celle-ci coûterait désormais plus cher que de construire un nouveau stade, estimé tout de même à 1,2 milliard d’euros. «C’est une situation très triste. San Siro est si beau, l’ambiance y est unique», ajoute un autre Rossonero de coeur, qui avoue «retourner en enfance» à chacune de ses visites.
L’UEFA a, elle, désormais tourné le dos au plus grand stade d’Italie, qui a d’ailleurs dû fermer certains secteurs du troisième anneau ces dernières années par mesure de sécurité (de 125’000 places en 1956 à désormais environ 75’000). Ainsi, l’instance européenne lui a retiré la finale de la Champions League 2027. Et a même refusé sa candidature pour l’Euro 2032 que les Italiens doivent co-organiser avec la Turquie.
Le temps presse donc pour que Milan puisse briller sur la scène mondiale. Reste à savoir si les délais, à savoir un début des travaux en 2027 et une ouverture à l’horizon 2030-2031, seront respectés. Chose dont le président de l’Inter, Giuseppe Marotta, doute déjà. L’espoir demeure donc pour les supporters des deux clubs, mais aussi d’ailleurs dans le monde, de vivre quelques saisons de plus à San Siro avant de devoir définitivement lui dire «arrivederci e grazie».