La star d'YB change de maillot national
«Quand l’autre fédération s’en rend compte, il est parfois déjà trop tard»

Armin Gigovic, né en Suède, a choisi de représenter la Bosnie-Herzégovine en football international. Malgré ses débuts avec l'équipe suédoise, le joueur a été séduit par le projet ambitieux de la Bosnie, pays d'origine de ses parents.
Publié: 10:20 heures
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Armin Gigovic (à gauche) a offert la victoire à la Bosnie-Herzégovine contre la Roumanie à Bucarest.
Photo: keystone-sda.ch
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Alain Kunz

Armin Gigovic est né et a grandi en Suède. C’est naturellement sous les couleurs de ce pays qu’il a commencé sa carrière internationale, dès l’âge de 16 ans. Mais en arrière-plan, une autre nation a toujours été présente: la Bosnie-Herzégovine, pays d’origine de ses parents.

«Il y a toujours eu des contacts avec la Bosnie, raconte Armin Gigovic. Mais ce n’était jamais une grande affaire. On disait simplement: 'Il y a quelqu’un qui joue pour la Suède et qui pourrait aussi jouer pour nous'.» Lorsque les Bosniaques l’approchent une première fois pour évoquer un éventuel changement, il décline poliment. «Je venais de signer en Russie, je voulais me concentrer sur mon club. On a dit qu’on verrait plus tard.»

Le capitaine des M21 promis à la Suède

Sa logique est simple: performer en club attire naturellement les sélections. C’est ce qui se produit. La Suède le convoque et lui annonce qu’il est prêt pour la prochaine étape. En janvier 2023, il honore sa première sélection avec l’équipe A, puis une deuxième un an plus tard. Deux matchs amicaux seulement, car personne n’imagine alors lui offrir un rôle majeur. Armin Gigovic est capitaine des M21, bien installé dans la hiérarchie. Que pouvait-il bien arriver?

Beaucoup, en réalité. En avril 2024, Sergej Barbarez, ancienne star de la Bundesliga, devient sélectionneur de la Bosnie-Herzégovine. Peu après, Armin Gigovic brille avec Holstein Kiel en Bundesliga. Le nouveau staff bosnien lui présente un projet ambitieux et à long terme. «Ils m’ont dit que je serais un élément central. Là, j’ai vraiment commencé à tendre l’oreille.»

«Je voulais rester respectueux»

Armin Gigovic informe alors la fédération suédoise de la situation et de la possibilité d’un changement. «Je voulais prendre un chemin respectueux. D’autant que la Suède m’a recontacté pour me dire qu’ils comptaient sur moi en équipe A.»

Mais le choix est déjà fait. «Bien sûr, ils n’étaient pas contents. Mais ça fait partie de la vie d’un footballeur d’avoir ce genre de possibilités. Et je ne regrette pas. C’était le bon choix.» Avec la Bosnie, les débuts sont contrastés: relégation en Ligue des nations, mais trois victoires en autant de matches dans les qualifications pour la Coupe du monde. «Le rêve d’une phase finale est bien vivant.»

En Suède, la décision passe mal. Même un poids lourd comme Kim Källström, désormais directeur du football à la fédération, n’a rien pu faire. «Nous nous sommes efforcés de garder Armin, mais apparemment ce que nous aviins nétait pas suffisant», déclarait-il à Sportbladet en mai 2025. Pourtant, la Suède avait de quoi séduire: une génération dorée avec Alexander Isak, transféré pour 140 millions de francs à Liverpool, ou Victor Lindelöf, pilier d’Aston Villa.

Famille, reconnaissance… et cœur

Alors pourquoi la Bosnie? Armin Gigovic s’explique: «Il y a la famille, bien sûr, qui pousse pour que tu représentes ton pays d’origine. Et puis, les fédérations des Balkans montrent souvent plus ouvertement ce qu'elles veulent de toi. Quand l’autre fédération s’en rend compte, il est parfois déjà trop tard.»

Et surtout, il y a ce facteur irrationnel: «Au final, c’est le cœur qui décide. Jouer pour un pays, ce n’est pas comme jouer pour un club.» Dans les Balkans, les liens familiaux sont si forts qu’ils dépassent souvent l’approche plus rationnelle des pays d’Europe de l’Ouest. Un rappel qui résonne aussi bien en Suède qu’en Suisse: tant qu’ils n’intègreront pas cette dimension affective, d’autres talents pourraient suivre la même voie qu’Armin Gigovic.

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