En cinq sélections, Johan Manzambi a inscrit deux buts et offert une passe décisive! Qui a dit que la Suisse n'avait pas de relève? Pas Murat Yakin, en tout cas, lequel a su ouvrir la porte à plusieurs talents, dont le très polyvalent milieu offensif ou attaquant est le meilleur représentant. A 19 ans, le Genevois a fracassé la porte de l'équipe nationale lors de la tournée américaine en juin dernier et fait déjà partie des indiscutables, au point que la question de sa présence ou non dans l'effectif n'est déjà plus une question.
A 19 ans, il joue régulièrement avec Freiburg
Après être entré en jeu face au Mexique (4-2) à Salt Lake City, le supertalent a même été titulaire contre les États-Unis (4-0) à Nashville, offrant le deuxième but à Michel Aebischer et marquant lui-même le quatrième. Murat Yakin, sous le charme de son audace et de son insouciance, le complimente largement après la partie. Sa puissance, son sens du but et sa capacité à couvrir plusieurs postes en font un joueur sur lequel le sélectionneur compte bien s'appuyer à l'avenir, d'autant qu'il joue régulièrement avec Freiburg en Bundesliga et en Europa League.
Cet automne, Murat Yakin a longtemps réfléchi à la meilleure manière d'attaquer les qualifications pour la Coupe du monde, l'objectif prioritaire sur tout le reste. «La grande chance que nous avons, c'est que nous n'avons que peu de joueurs blessés et que la grande majorité de l'effectif est en forme. Nous ne sommes pas pollués par des questions extra-sportives, par le mercato ou par le manque de rythme de joueurs-clés. C'est primordial: on peut se concentrer uniquement sur le football», se réjouit le sélectionneur, pour lequel cet aspect change tout. Il peut donc réfléchir à ce qu'il fait de mieux: bâtir une équipe, sans avoir à éteindre des incendies à gauche ou à droite.
Du moment que la décision de jouer à quatre défenseurs a été prise, restait à bâtir le milieu et l'attaque, avec six postes à disposition. Granit Xhaka, Remo Freuler, Dan Ndoye et Breel Embolo étant des partants certains, il restait deux postes à couvrir et ceux-ci sont revenus à Ruben Vargas et Fabian Rieder lors des trois premiers matches, tous trois disputés avec strictement le même onze de départ. Johan Manzambi a lui eu droit à trois entrées (30 minutes contre le Kosovo, 28 face à la Slovénie, 6 en Suède) et aucune n'était un cadeau. Les deux premières parce que le match était déjà plié et largement entré dans un faux rythme et la troisième parce qu'il était interdit de concéder l'égalisation à Stockholm.
Murat Yakin a tremblé un peu
Murat Yakin l'a d'ailleurs admis après le succès en Suède, il a été impressionné par la détermination du Genevois dans les arrêts de jeu... et même un peu inquiet. «Sincèrement, je m'attendais à ce qu'il aille vers le poteau de corner et gèle le ballon pour gagner du temps. Mais non, il avait faim! Il a foncé vers le but. Mais j'aurais dû m'y attendre, c'est ce qu'il fait toujours à l'entraînement et en match: il veut toujours marquer...», a fait mine de le gronder le sélectionneur.
Fabian Rieder ou Ruben Vargas sanctionnés?
Le Genevois en a, lui aussi, souri après la rencontre. «Je voulais montrer ce que je savais faire», a-t-il répondu, bien conscient d'avoir marqué les esprits avec son entrée fracassante. Les timides prestations de Fabian Rieder et de Ruben Vargas en Suède pourraient d'ailleurs le servir pour une première titularisation en match officiel ce lundi soir, ce que n'a pas démenti Murat Yakin à la veille d'affronter la Slovénie.
«La question de savoir si je vais reconduire le même onze ou non est ouverte. Il y a des questions de fatigue, bien sûr. On verra après le dernier entraînement. Ce qui est sûr, c'est que je ne vais pas changer beaucoup de choses. Peut-être même qu'il n'y aura aucun changement. On verra», a répondu le sélectionneur. S'il devait y avoir un joueur sorti du banc, ce serait alors sans doute Johan Manzambi, tant il semblerait étonnant que le sélectionneur touche quelque chose en défense, même si Ricardo Rodriguez, qui n'avait pas réussi à enchaîner en septembre face au Kosovo et à la Slovénie est celui qui présente le plus de risques physiques du quatuor défensif. Dans ce cas, Miro Muheim se tient prêt à la remplacer.
«Je dois encore faire mes preuves»
Johan Manzambi, lui, ne revendique rien, mais se tient prêt. «Bien sûr que j'ai envie de jouer plus, comme tout le monde. Mais je dois encore faire mes preuves, que ce soit pour tout de suite ou à moyen terme. La Coupe du monde, c'est loin. Que ce soit avec la Nati ou en club, j'ai encore beaucoup de travail.»