Qu'il semble loin, ce temps où Aitana Bonmatí envoyait une photo depuis son lit d'hôpital, le pouce en l'air pour rassurer tout le monde. Alors qu'elle devait se rendre en Suisse pour disputer l'Euro avec l'Espagne, la joueuse du FC Barcelone a été victime d'une méningite virale et était hospitalisée, à six jours de l'entrée en lice de la Roja. À ce moment-là, les supportrices et supporters espagnols retenaient leur souffle.
Finalement, l'équipe d'Espagne s'est envolée en direction de Lausanne sans sa double Ballon d'or, coincée au pays. Plus de peur que de mal pour la Barcelonaise qui, le lundi 30 juin au soir, a rejoint la capitale olympique, 24 heures après ses coéquipières. Sauf qu'évidemment, elle n'était pas sortie d'affaire et a dû s'entraîner quelques jours à part.
Le scénario du premier match de phases de poules, face au Portugal, a été parfait pour Aitana Bonmatí et sa sélectionneure. Avec une large victoire qui se dessinait (5-0), Montse Tomé a pu faire rentrer sa milieu de terrain pour un peu plus de dix minutes. De quoi la mettre en jambe pour la suite de la compétition.
«Je voulais me ressentir en confiance»
Petit à petit, la meilleure joueuse 2023 et 2024 est montée en puissance dans cet Euro. Après avoir disputé toute la deuxième mi-temps face à la Belgique (6-2), elle a enfin été titulaire lors du dernier match de la phase de groupes, face à l'Italie (3-1). Avec Alexia Putellas et Patri Guijarro, elle a formé un milieu de terrain qui a fait trembler les adversaires de l'Espagne lors de la phase finale.
Car les trois femmes n'ont plus été séparées au coup d'envoi par la suite. Face à la Suisse, elles n'ont laissé que des miettes à leurs adversaires, qui ne s'est jamais réellement créée du danger. «Je voulais me ressentir en confiance», a avoué en conférence de presse celle qui a été élue meilleure joueuse de la rencontre face à la Nati, trois semaines après son admission à l'hôpital. Un trophée qu'elle a mérité, grâce notamment à une incroyable talonnade sur l'ouverture du score d'Athenea del Castillo (2-0). Cette fois, plus de doute: Aitana Bonmatí était de retour.
«Ça se jouera dans la tête»
Au grand dam des Allemandes. Car à la 113e minute jeudi soir à Zurich, d'un éclair de génie, c'est la No 6 qui a envoyé l'Espagne en finale de cet Euro. À nouveau un geste de grande classe, la Barcelonaise laissant passer le ballon entre ses jambes et voyant ensuite l’espace laissé par Ann-Kathrin au premier poteau pour marquer, malgré un angle très fermé. Et non, ce n'était pas de la chance puisque le coup était préparé en amont.
Avec deux trophées de meilleure joueuse dans cette phase finale, Aitana Bonmatí sera évidemment attendue par les Anglaises dimanche, lors du match pour le titre (18h). Après avoir enchaîné les sorties, comment se sent-elle? «On a beaucoup de rencontres dans les jambes, mais elles aussi, souligne-t-elle. Ça se jouera principalement dans la tête.» Un aspect où la milieu espagnole est évidemment très forte, puisqu'il en faut du mental pour revenir au plus haut niveau aussi rapidement après une méningite.
Trois sur trois?
«C'est vrai que c'était un Euro très différent, appuie Aitana Bonmatí. J'ai dû sortir d'une situation compliquée et c'était plein d'apprentissages. J'ai certes vécu de mauvais moments, mais aussi des grandes joies. Ça a été un beau parcours.»
Une aventure qu'elle voudra, évidemment, terminer en soulevant le titre dimanche à Bâle. «C'est un des titres qui nous manque et on va tout donner pour l'obtenir», s'exclame-t-elle. Avec, pourquoi pas, un nouveau trophée de meilleure joueuse.