De Lausanne aux États-Unis
Lyam MacKinnon: «Jouer en Super League avec le LS serait magnifique»

Lyam MacKinnon a pris le pari de quitter le Lausanne-Sport pour les USA en 2019 pour y poursuivre sa formation et ses études. Choix payant puisqu'il est désormais diplômé et est devenu footballeur professionnel.
Publié: 10.01.2024 à 15:40 heures
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Lyam Mackinnon a signé son premier contrat professionnel à Greenville Triumph, en troisième division américaine, début 2023.
Photo: Greenville
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Bastien FellerJournaliste Blick

À 24 ans, Lyam Mackinnon, formé au Lausanne-Sport jusqu'à ses 19 ans, est au début de sa carrière professionnelle. Et celle-ci a la particularité d'avoir démarré début 2023, en troisième division américaine.

C'est en effet de l'autre côté de l'Atlantique que l'ailier gauche a décidé de tenter sa chance en juillet 2019. Avec succès puisqu'il a pu se faire un nom au niveau universitaire, sur le plan scolaire et sportif, avant de décrocher son premier contrat pro avec le club de Greenville Triumph. Interview.

A-t-il été difficile de se mettre à dire «soccer» et non plus «football»?
(Rires) Ça l'a été, oui. Au début, je disais «football», mais on confondait tout le temps avec le football américain. Du coup, j'ai assez vite fait la transition.

Qu'est-ce qui t'a donné envie de quitter le Lausanne-Sport pour les USA en 2019?
J'ai fait deux ans et demi avec les M21 et j'ai beaucoup appris avec Ilija Borenovic. Nous avions une équipe fantastique avec un bon niveau de jeu et des joueurs comme Cameron Puertas, Dan Ndoye, Josias Lukembila, Isaac Schmidt et par moment Andi Zeqiri. Même s'il y avait beaucoup de concurrence, j'ai toujours pu jouer et entretenir mon rêve de jouer pour la première équipe. Mais à côté, j'étais à l'Université de Lausanne et c'était très dur d'allier les deux plannings lors des six premiers mois. Surtout que je ne voulais pas arrêter mes études pour rien. Deux anciens coéquipiers, Jérémy Jaquier et Tyron Matuta, avaient pris la décision d'aller aux États-Unis jouer en universitaires et j'ai ainsi compris qu'il y avait là-bas une bonne opportunité de continuer ma carrière. Et cela sans abandonner ma volonté d'avoir un bachelor.

Comment t'es-tu trouvé une université?
Au fil des discussions avec Jérémy, j'ai été mis en lien avec les personnes qui l'ont aidé. J'ai monté une vidéo de présentation qui a été envoyée là-bas et j'ai eu d'excellents retours, avec plusieurs offres d'universités. Villanova m'a proposé une bourse complète: étude, logement et nourriture payés durant trois ans et demi. J'étais dans un cadre dans lequel mes horaires étaient faits pour moi et avec des infrastructures qui me permettraient de bien me développer. C'était difficile de refuser.

Pensais-tu également que le chemin vers le professionnalisme serait plus aisé aux USA qu'en Suisse?
Si je n'avais pas eu cette opportunité, j'aurais mis la même intensité dans mon travail ici, pour atteindre cet objectif. Cela aurait été un autre parcours, mais je pense que j'y serais arrivé, même s'il y a toujours une part de chance ou d'imprévu. J'étais prêt à faire les mêmes efforts en Suisse, mais cela aurait été au prix de mettre mes études de côté.

As-tu donc été diplômé?
Oui, j'ai fait deux bachelors: un en économie et un en science politique. Certains cours intégraient les deux, ainsi, j'ai pu combiner. Je les ai terminés en décembre 2022.

Comment juges-tu le niveau du championnat universitaire?
C'est très différent de ce que j'ai connu en Suisse, car le spectre est très large. Avec les M21, nous jouions en 1re ligue et nous savions à quoi nous attendre. Là-bas, il y a énormément d'équipe et le niveau est moyennement égal à la 1re ligue, peut-être un peu plus bas. Tout dépendait des joueurs présents. Si une équipe avait beaucoup de joueurs étrangers, elle avait tendance à être plus technique, à avoir un jeu plus européen. Pour résumer, le niveau athlétique et d'intensité était bien supérieur, mais le niveau technique était globalement plus bas.

Est-ce la folie dans les gradins comme au basket par exemple?
Clairement! J'ai joué des matches devant plusieurs milliers de personnes. Alors qu'en M21 en Suisse, il n'y a quasiment pas de spectateurs (rires). Il y a beaucoup d'engouement, car en étant universitaire, tu joues un rôle de représentant et les gens sont plus proches, plus engagés. Voir à quel point ton jeu peut être affecté par cela est extraordinaire.

Es-tu le genre de joueur qui se transcende avec le public?
Totalement. C'est une des raisons qui me fait adorer le foot. J'aime jouer, mais également voir les réactions du public. Ne pas s'entendre sur le terrain est exceptionnel pour moi.

Au terme de tes années à Villanova, tu as pu être drafté. Peux-tu expliquer comment cela se passe?
C'est similaire au basket. À la fin de la saison, toutes les équipes de Major League Soccer (ndlr: la première division, «MLS») y participent et peuvent choisir un joueur chacun à leur tour. Il y a 200 équipes en université et c'est un gros challenge d'être sélectionné. C'était un but de me faire drafter et je savais qu'il allait être compliqué à atteindre. Mais j'ai eu la chance d'avoir été choisi par Nashville. C'était une récompense pour trois ans et demi de travail.

Comment s'est passée ton année avec Nashville?
En étant drafté, tu n'as pas de contrat garanti. Ils te prennent, mais tu es finalement en période d'essai. Tu t'entraînes et fais la préparation avec eux. Je savais que ce n'était pas fini et que le gros du boulot commençait. Ma pré-saison s'est bien déroulée et je n'ai pas de regret. Surtout qu'avec le quota de joueurs internationaux, je savais que je partais avec un désavantage, car Nashville en comptait déjà beaucoup. C'était une expérience magnifique, même s'ils ne m'ont pas gardé.

La suite se passe du côté de Greenville, en Caroline du Sud. C'était clair pour toi que tu voulais rester aux USA?
Oui, mon agent a été mis en contact avec mon nouveau club et tout s'est fait très rapidement. J'étais content de pouvoir intégrer un club qui me voulait vraiment et de pouvoir y signer mon premier contrat professionnel.

Sur le site de ton club, on peut te voir en photo sur la publicité de vente des abonnements. Tu y es devenu une star en une saison...
(Rires) Je ne dirais pas une star, mais plutôt que j'ai bénéficié de grosses performances lors de la saison dernière qui ont un peu mis la lumière sur moi (ndlr: 28 matches, sept buts et quatre passes décisives). Sur l'ensemble de l'année, il y a eu beaucoup de joueurs qui ont brillé.

Que vaut donc la troisième division américaine?
J'ai été surpris, car je pensais qu'en revenant de Nashville, la différence des deux divisions allait bien se faire ressentir. Mais finalement, l'intensité était pratiquement égale. Aux États-Unis, c'est fréquent que l'aspect physique soit très bien développé à tous les niveaux. Techniquement, je pense que c'est du niveau de la deux ou troisième division suisse. Les exigences sont élevées et je pense que c'est parfait pour progresser.

Le championnat se joue-t-il au niveau national?
Oui et j'en ai fait des gros trajets: six heures d'avion ou huit heures de bus (rires). Mais on est toujours bien traités, avec de bons logements et une superbe organisation. Nous partons un ou deux jours avant et revenons le lendemain si le match se joue tard. Et c'était la même chose avec mon équipe universitaire.

Penses-tu que l'absence de promotions et de relégations pénalise le niveau du «soccer»?
Oui, je le pense. Surtout pour les clubs de bas de classement, car il n'y a pas de menace directe pour eux. En haut, les huit premiers continuent de se battre pour décrocher le titre lors des playoffs. Cela serait idéal s'il y avait des promotions et des relégations. Mais cela rendrait aussi l'investissement moins sûr et la croissance des clubs américains est également dûe au fait que les investisseurs sont sans crainte de ce côté-là.

Sens-tu que le «soccer» prend de plus en plus de place aux États-Unis?
Sur les quatre dernières années, j'ai pu voir une belle évolution. Notamment au niveau des joueurs présents. Et la MLS donne le ton en recrutant de grands champions qui donnent ensuite envie à d'autres de suivre. Au niveau des spectateurs, cela progresse aussi. C'est un sport familial, sans trop d'arrêts de jeu et je pense que cela aide aussi. La Coupe du monde 2026 chez eux devrait encore amplifier la popularité de ce sport.

J'imagine que tu vises un retour dans un club de MLS...
Idéalement, oui. C'est un de mes objectifs, j'aimerais retourner dans cette division. Mais je suis ouvert à toutes sortes d'opportunité tant qu'elle permet une progression.

Suis-tu encore le Lausanne-Sport?
De loin, oui. J'ai pu aller voir le match face au Stade Lausanne-Ouchy (ndlr: victoire 1-0 le 26 novembre) à la Tuilière. Mais je n'ai pas suivi beaucoup de match, seulement des résumés de temps en temps.

Le fait d'évoluer avec sa première équipe en Super League est-il toujours un rêve pour toi?
Oui, évoluer en Super League avec le LS serait magnifique.


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