En arrivant la veille à Courgenay, on pouvait sentir une effervescence dans l'air. Ce n'était pas (seulement) dû à la fête du village qui a lieu ce week-end, mais également à la réception d'un grand du pays pour le club local. Vendredi soir, le FC Sion a éliminé les courageux joueurs d'Ajoie-Monterri (0-2).
Moins de 24 heures plus tard, Blick débarque au Locle. L'ambiance, ici, est bien différente. Dans la rue, les gens n'ont pas l'air d'être au courant que, au sud-est de la ville, le premier tour de Coupe de Suisse a lieu entre le FC Le Communal Sport (FCCSL) et Saxon. Il faut dire que ce match, qui voit s'affronter deux pensionnaires de 2e Ligue régionale, n'a rien à voir avec la fête de l'année dernière, lorsque le club neuchâtelois avait affronté le FC Zurich. L'enceinte n'est pas la même, l'affluence non plus.
Pourtant, le charme est tout autant présent non loin de la piscine municipale. Et en arrivant sur place, on se rend compte que ce n'est pas un premier tour de Coupe comme les autres qui va avoir lieu. Le petit bâtiment faisant office de toilettes et de vestiaires pour les deux équipes et les officiels le prouve bien. Tellement petit que les visiteurs décident de réaliser leur tactique dehors, par terre et à l'ombre d'un arbre. «C'est pas mal la campagne neuchâteloise», s'exclame, tout sourire, Kevin Luy, milieu du FC Saxon.
Tabourets et couvertures
À l'heure de l'échauffement, quelques particularités du terrain se font également ressentir, à l'image de ces ballons qui terminent dans une propriété privée d'un côté ou au Camping La Belle Verte de l'autre. C'est presque un miracle si, à la fin, aucune balle n'a été perdue. Le compte étant bon, les deux équipes peuvent rentrer sur la pelouse du stade du Communal. Lieu sur lequel il faut être attentif en tant que joueur, afin de ne pas confondre coup de sifflet de l'arbitre et celui du garde-bain qui, dans la piscine municipale adjacente, engueule un enfant qui courait au bord du bassin.
Sur les 200 spectateurs présents, les mieux préparés ont pris avec eux des tabourets dépliables ou des couvertures de pique-nique, les gradins étant évidemment inexistants autour du terrain.
Autre particularité du lieu: les bancs de touche et les zones techniques ridiculement petites. D'ailleurs, quand l'arbitre de touche demande avant le match à l'effectif de Saxon s'il est possible de tous s'asseoir sauf l'entraîneur, son assistant répond sincèrement que non. Ce n'est pas une question d'envie, mais plutôt de possibilité.
Un entraîneur déchaîné
Pour ce qui est du staff de l'équipe à domicile, on sent que la zone technique est bien trop minuscule pour contenir la hargne de Simao Costa. L'entraîneur, qui a appris de nombreux jurons en portugais aux personnes présentes autour de lui, n'a pas arrêté de crier sur ses joueurs durant toute la rencontre. Après la rencontre, il n'a quasi plus de voix, est plus épuisé que certains de ses joueurs mais promet que, avec les automatismes qui allaient se créer dans son équipe, il se calmerait. On ne demande qu'à voir.
L'avantage du petit terrain loclois est qu'il est possible d'entendre absolument tout ce qu'il s'y passe, comme ce pique de l'arbitre à un joueur au sol («On joue au foot ici. Si tu ne veux pas, tu fais du padel») ou la mauvaise foi des uns et des autres («Je l'ai entendu mourir»).
Sur le terrain et pour l'anecdote, ce sont les Neuchâtelois qui sont parvenus à remporter ce duel de 2e Ligue, grâce à un but contre son camp du pauvre Kevin Luy (2-1). Finalement, le Valaisan risque de garder un goût amer de cette belle campagne neuchâteloise.