«Ceux qui ont été moyens et ceux qui ont été nuls devront à tout le monde une revanche s'ils sont alignés samedi. Personne n'a triché contre Servette, mais plusieurs joueurs ont été largement en dessous.» Voici les mots forts de Didier Tholot, deux jours après le Derby du Rhône perdu face au Servette FC. Même à froid, une fois les émotions retombées, l'entraîneur du FC Sion reste très déçu de ce qu'il a vu mercredi sur la pelouse de Tourbillon.
«J'ai mal dormi. J'ai les glandes. Quand tu n'arrives pas à faire deux passes, c'est difficile de mettre en danger l'adversaire. C'est plus qu'une déception. J'ai un sentiment amer», grince l'entraîneur du FC Sion, lequel a du mal à tourner la page après cette non-prestation, tant il n'a pas aimé ce que son équipe a montré. Ou plutôt n'a pas montré.
Trois Valaisans sur le terrain, mais pas d'esprit
«On n'en a pas mis assez, tout simplement», regrette-t-il. Le fameux esprit valaisan, si souvent invoqué quand le FC Sion alignait une équipe sans aucun joueur né dans le canton, n'a jamais été aperçu ce mercredi, alors même que les choses ont changé à Tourbillon de ce point de vue puisque Kreshnik Hajrizi, Théo Berdayes et Jan Kronig se trouvaient sur le terrain au coup d'envoi, tout comme Benjamin Kololli et Numa Lavanchy, nés pas trop loin de la frontière. La preuve que cet aspect est surtout symbolique? Didier Tholot ne s'aventure pas sur ce terrain. «L'esprit valaisan, c'est aussi de bien jouer au foot. Sur les vingt premières minutes, on avait déjà fait vingt mauvaises passes. C'est impossible de gagner.»
Si le coach est surtout fâché contre la prestation de son équipe, il souligne tout de même un point, qu'il ne veut pas utiliser comme excuse. «Il y a une chose que je ne comprends pas. On décale ce match pour permettre à l'adversaire de préparer son match européen. Pas de problème. Mais nous, on a joué dimanche dernier et Servette un jour avant. Du coup, c'est nous qui nous sommes retrouvés pénalisés avec un jour de récupération en moins. Ce n'est pas une excuse, mais ce n'est pas très logique dans la démarche», estime-t-il.
Que pensent ses joueurs de ce non-match, deux jours plus tard eux aussi? «Personne n'a bien dormi, c'est sûr. On a tous été un peu en dessous sur certaines situations, on n'a pas compensé les défaillances de nos partenaires. Sans être complètement à la ramasse ou catastrophiques, on était tous un peu dans le dur en même temps. On était incapables de garder le ballon, on n'a fait que courir après l'adversaire», regrette Numa Lavanchy.
Numa Lavanchy regarde vers l'avant
La question se pose dès lors: comment rebondir? «Je suis quelqu'un de terre à terre. Ce match, il est derrière, il est passé. Bien sûr que ça ne fait pas plaisir, mais on ne peut rien changer. Ce qu'on peut faire concrètement, c'est de faire des bons matches contre Prishtina Berne, Lausanne et Lucerne, nos trois rencontres avant la trêve internationale. Ça, on peut l'influencer», répond le latéral droit du FC Sion. Des paroles qui font écho à celles de son entraîneur. «Il faut savoir passer à autre chose, il faut que ça nous serve de leçon. Le caractère, ce n'est pas dans les mots, c’est dans les actes», tonne Didier Tholot.
Le coach sera-t-il tenté de punir les joueurs qu'il estime ne pas avoir été bons mercredi? Faut-il s'attendre à une composition d'équipe remaniée face à Prishtina Berne? La réponse est oui et non. «Il y aura des choix à faire, sans doute, mais il faut aussi garder à l'esprit qu'il s'agit du troisième match de la semaine. Cette donnée entre naturellement dans la réflexion.» Noé Sow sera à coup sûr absent («On lui a beaucoup demandé, on a un peu tiré sur sa blessure au pied, on va le laisser se retaper»), tandis que Benjamin Kololli et Rilind Nivokazi sont incertains.
Didier Tholot, comme toujours quand il affronte une équipe de ligue inférieure, ne prend pas ce déplacement à la légère. «Ce sera un match compliqué, contre une équipe qui veut faire tomber le gros. On va jouer sur un synthétique, on ne s'attend pas forcément à une ambiance très chaude au niveau du public, mais notre adversaire a des joueurs d'expérience, des gars qui ont du vécu. Il faudra être vigilant, il y a de la qualité en face, mais si on est à notre niveau...» Le coach ne finit pas sa phrase, mais tout est dit: en jouant de manière sérieuse, le FC Sion se qualifiera pour les huitièmes de finale.
Pour prendre des renseignements sur le club kosovar de Berne, Didier Tholot a pu compter sur Ugo Raczynski, l'entraîneur du FC Martigny-Sport. «On s'entend très bien et il m'a parlé d'eux, ils viennent de les affronter. On est aussi allés les voir à La Chaux-de-Fonds et chez eux. On sait à quoi s'attendre.»
Gérer les bas, mais aussi gérer les hauts
Numa Lavanchy s'en rappelle, Sion n'a pas été souverain au premier tour face à Ajoie (2e ligue inter), mais est tout de même passé. «A ce niveau, ça joue au foot, on le sait. Ce sera un match de Coupe typique, sur un synthétique. Si on met ce qu'il faut, on a clairement les moyens de passer bien sûr. On a un groupe intelligent, soudé et expérimenté, qui saura rebondir après cette déception contre Servette. On a raté ce match et ça fait mal, mais il ne faut pas oublier ce qu'on a fait de bien depuis le début du championnat contre Lugano et Winterthour par exemple. Autant on ne s'enflamme pas quand on bat Lugano 4-0, autant on ne doit pas perdre confiance parce qu'on est passés à côté de ce derby contre Servette, même si ça fait mal.»