Il existe une constante, que l'on peut qualifier sans trop exagérer de ridicule, chez une grande partie des entraîneurs professionnels: ne pas parler de l'adversaire. Jamais. Le sommet, ou l'un des sommets disons, avait été atteint par Murat Yakin avant d'affronter Israël, quelques semaines après le tragique 7 octobre 2023. Le sélectionneur s'était contenté d'éléments de langage d'une banalité affligeante, alors que la solennité de l'instant réclamait une phrase venue d'un peu plus loin que les mots préparés par son chef de la communication.
Cet exemple-là est certes un peu extrême, mais il en existe des milliers d'autres, qui revêtent moins de portée symbolique, mais n'en sont pas moins désespérants: le monde du football est blasé, lisse. Rien ne dépasse, tout a la même saveur. La platitude est un art de vivre élevé au rang de religion.
Quels sont les points forts de l'équipe adverse? A cette question, 95% des entraîneurs répondent: «C'est une équipe bien organisée, avec des bonnes individualités.» Lesquelles? «Pas une en particulier. Toutes.» Rideau, rangez les stylos.
Une joie et un enthousiasme communicatifs
Et heureusement pour le monde du football et ses suiveurs, il existe un 5% dont fait partie Peter Zeidler, lequel a gardé une fraîcheur et un enthousiasme qui viennent, peut-être, du fait qu'il n'a pas connu une carrière professionnelle de haut niveau en tant que joueur. Ainsi, l'Allemand de 63 ans se réjouit sincèrement de la campagne européenne du Lausanne-Sport et prépare les rencontres avec une joie qu'il a envie de partager, ce qui est fortement appréciable et explique aussi, en partie, pourquoi le LS est aussi performant en Europe cette saison.
Un constat exagéré? Non. L'entraîneur est celui qui donne le ton à tout un club par son énergie et sa communication et Peter Zeidler, par son approche joyeuse et audacieuse de ces joutes continentales, en est l'un des éléments moteurs et ce dès le tout premier tour contre le FK Vardar. Malgré la défaite à l'aller à Skopje (2-1), «PZ» a remobilisé les troupes, demandé un soutien total du public, qui a répondu présent, et son LS a dynamité les Macédoniens au retour devant 9000 spectateurs. Les équipes marketing du club ont joué un rôle dans ce succès populaire qui n'était pas acquis, les tarifs avantageux ont aidé, mais l'énergie dégagée par Peter Zeidler malgré le spectacle désolant du match aller aussi.
L'Europe et la Super League sont complémentaires, pas opposés
Avec ce 5-0 au retour dans une Tuilière à l'ambiance formidable, le pacte européen entre le LS et ses fans était scellé et, en ne faisant pas tourner son équipe (il n'avait certes pas énormément de possibilités, mais quand même), le coach envoyait un signal fort: le championnat et l'Europe sont tous deux prioritaires et il n'entend négliger aucun des deux, essayant même de créer une dynamique complémentaire entre les deux compétitions. Cela n'a pas toujours été simple et les dimanches suivant les émotions du jeudi n'ont pas été évidents à négocier, pour rester poli. Il n'empêche: voir et entendre Peter Zeidler parler d'Europe donne envie de le suivre, quitte à perdre contre Thoune, Zurich et Saint-Gall trois jours après.
«Nous allons non seulement jouer contre Besiktas, mais aussi les éliminer!», tonnait-il ainsi... avant même d'affronter Astana au tour précédent. Cette affirmation avait provoqué quelques interrogations, non seulement en interne au LS, mais aussi en externe, dont celle de l'auteur de ces lignes, mais, avec le recul ce cri de guerre n'avait rien de présomptueux ou d'arrogant. Il visait plutôt à élever le niveau de confiance du peuple lausannois. Et par «peuple lausannois», on ne parle pas ici que des joueurs, mais bien de l'environnement et de l'entourage du club. Peter Zeidler savait qu'il prenait un risque en parlant ainsi, mais il l'a assumé, voulant allumer une étincelle, qui embraserait ses joueurs autant que le public et un environnement parfois un peu trop... vaudois. Pari gagné. Un de plus.
L'Europe a commencé par une profonde blessure pour Peter Zeidler
Alors non, Lausanne n'est pas Saint-Gall, et le pari du public n'est pas encore gagné, mais par sa communication offensive et enthousiaste, l'Allemand fait tout juste pour l'instant, même lorsque les résultats ne suivaient pas sur la scène nationale en début de saison. Car, partout autour, il y a l'Europe, cette belle aventure qui l'a tellement blessé sur le plan personnel, alors qu'il dirigeait le Red Bull Salzbourg et s'est retrouvé éjecté de la Champions League par Malmö en 2015, son premier grand échec en tant qu'entraîneur. Il a dit depuis n'être jamais retourné en Suède et éviter ce pays pour les vacances et rien ne prouve qu'il s'agit d'une plaisanterie.
L'Europe, Peter Zeidler la vit avec la joie et l'appétit de celui qui ne l'a pas connue en tant que joueur et veut la croquer sans en perdre une miette. Il le sait: à moins de devenir l'adjoint d'un coach de top niveau, ce qui n'est plus son idée malgré ses excellentes relations avec plusieurs d'entre eux (Ralf Rangnick, Thomas Tuchel), il n'ira pas coacher son équipe à Anfield ou au Camp Nou d'ici à la fin de sa carrière, mais sa joie sincère en découvrant le tableau de la Conference League ne peut pas être minimisée. «Mayence, Strasbourg, Crystal Palace... et Lausanne! On est là. Vous vous rendez compte?»
En attendant peut-être un play-off face à l'une de ces équipes, Lausanne s'est rendu à Skopje, Astana, Istanbul et maintenant Malte. Le tour d'Europe est déjà sympathique pour les supporters et, ce mercredi en conférence de presse, l'entraîneur du LS a avoué vouloir profiter de l'instant, mais surtout vouloir repartir de ce déplacement avec trois points supplémentaires. Invité par un journaliste maltais à évoquer l'objectif du LS, à savoir la qualification, l'Allemand a flairé le piège. Pas question de répéter à ce moment-là que son Lausanne -Sport visait le top 24 et de risquer de se faire taxer d'arrogance. «La priorité, ce sur quoi nous sommes concentrés, c'est d'être concentrés pour ce match qui ne sera pas simple ce jeudi», a-t-il ainsi répondu avec malice. «Nous n'allons pas parler d'autre chose, ni de la réception de la Fiorentina, ni de ce voyage en Finlande où il fera moins 20 degrés», a-t-il plaisanté... confessant donc en même temps qu'il y pensait déjà.
En Suisse, toujours les mêmes équipes
Comme tous leurs confrères en Super League, Peter Zeidler et son staff doivent se préparer à jouer trois ou quatre fois contre Bâle, Young Boys, Lucerne et tous les autres. Tout ce petit monde se connaît par coeur, les surprises sont inexistantes, les stades sont les mêmes, les hôtels d'avant-match aussi, les pâtes au poulet ont partout la même saveur quatre heures avant le coup d'envoi et la seule question est de savoir si Mario Frick ou Giorgio Contini joueront en 4-4-2 ou en 4-2-3-1. L'Europe a elle le goût de la nouveauté et de l'inconnu, ce qu'apprécie également Peter Zeidler, lequel aime préparer ces matches avec l'aide de ses collaborateurs.
«Aujourd'hui, c'est facile. A Lausanne, on utilise Wyscout et on a accès à tous les matches imaginables. Les Hamrun Spartans, on les connaît bien maintenant», a-t-il souri ce mercredi, citant Saliou Thioune, l'ancien joueur d'Yverdon, N'Dri Koffi, passé par Sochaux, mais aussi Ante Coric. «Un top talent repéré par Salzbourg à l'époque», a détaillé «PZ», jamais avare d'anecdotes pointues sur l'équipe adverse, que ce soit à Skopje ou Malte. Il n'est pas le seul entraîneur à préparer ses matches, d'accord, mais il a le mérite de savoir le partager.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | Hsk Zrinjski Mostar | 1 | 5 | 3 | |
2 | AEK Larnaca | 1 | 4 | 3 | |
3 | Lech Poznan | 1 | 3 | 3 | |
3 | Sparta Prague | 1 | 3 | 3 | |
5 | 1 | 3 | 3 | ||
6 | NK Celje | 1 | 2 | 3 | |
7 | Crystal Palace FC | 1 | 2 | 3 | |
8 | ACF Fiorentina | 1 | 2 | 3 | |
8 | Rayo Vallecano | 1 | 2 | 3 | |
8 | RKS Rakow Czestochowa | 1 | 2 | 3 | |
11 | Shakhtar Donetsk | 1 | 1 | 3 | |
12 | RC Strasbourg | 1 | 1 | 3 | |
13 | FSV Mayence | 1 | 1 | 3 | |
13 | Samsunspor | 1 | 1 | 3 | |
15 | FC Noah | 1 | 1 | 3 | |
15 | Jagiellonia Bialystok | 1 | 1 | 3 | |
17 | KF Drita | 1 | 0 | 1 | |
18 | Kuopion Palloseura | 1 | 0 | 1 | |
19 | BK Häcken | 1 | 0 | 1 | |
19 | Shelbourne FC | 1 | 0 | 1 | |
21 | Aberdeen FC | 1 | -1 | 0 | |
22 | Slovan Bratislava | 1 | -1 | 0 | |
23 | Hamrun Spartans | 1 | -1 | 0 | |
23 | HNK Rijeka | 1 | -1 | 0 | |
23 | Legia Varsovie | 1 | -1 | 0 | |
23 | Omonia Nicosie | 1 | -1 | 0 | |
27 | AEK Athènes | 1 | -2 | 0 | |
28 | Universitatea Craiova | 1 | -2 | 0 | |
28 | FC Dynamo Kiev | 1 | -2 | 0 | |
28 | FC Shkëndija | 1 | -2 | 0 | |
28 | SK Sigma Olomouc | 1 | -2 | 0 | |
32 | Shamrock Rovers | 1 | -3 | 0 | |
32 | Rapid Vienne | 1 | -3 | 0 | |
34 | Breidablik Kopavogur | 1 | -3 | 0 | |
35 | AZ Alkmaar | 1 | -4 | 0 | |
36 | Lincoln Red Imps | 1 | -5 | 0 |