Commentaire
Alain Casanova, l'erreur de casting du Lausanne-Sport

Intronisé le 3 février dernier, l'entraîneur français a perdu ses cinq premiers matches. Son équipe est restée muette pendant 450 minutes. Après la cuisante défaite contre Lucerne dimanche, sa place est fragilisée.
Publié: 28.02.2022 à 17:08 heures
Le bilan comptable d'Alain Casanova depuis son arrivée à Lausanne: 5 défaites en 24 jours, une élimination en Coupe contre une équipe de deuxième division et 9 buts encaissés pour un seul marqué, après 450 minutes de disette offensive.
Photo: Keystone
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Ugo CurtyJournaliste Blick

L’amour dure trois ans, paraît-il. Tour de force, il aura fallu à peine plus de trois semaines à l’entraîneur lausannois pour s'attirer le désamour du public. Le bien mal nommé Alain Casanova affiche un zéro pointé après cinq rencontres. Son équipe n’a pas marqué le moindre but pendant 450 minutes, prenant au passage la porte en Coupe contre Yverdon, néo-promu en deuxième division. Il fallait le faire…

Un licenciement précipité

Le Lausanne-Sport a besoin d’un miracle pour parvenir à éviter une relégation sportive, qui serait la troisième en 126 ans d’histoire. L’écart distinguant le LS de Lucerne au niveau de l’état d’esprit et de la jouerie est plus abyssal que les six points qui les séparent au classement. Un adversaire direct qui a marqué les esprits en s’imposant sans trembler dimanche à la Tuilière (1-2).

Alain Casanova est une erreur de casting et il n’a rien fait pour incarner le rôle de pompier dans lequel on l’attendait. Certes, les dirigeants lausannois ont aussi leurs responsabilités. Ils ont tardé et maintenu à son poste son prédécesseur, «Bobo» Borenovic, à Noël. Malgré une première moitié de saison pénible. Ils ont ensuite paniqué et rétropédalé après la première déroute de la saison (1-5 contre Saint-Gall).

Pour mener à bien cette mission sauvetage, les têtes pensantes du LS sont allées chercher un entraîneur de 60 ans qui était au chômage depuis l’automne 2019, soit près de deux ans et demi d’inactivité. Voilà pour la responsabilité du club.

Suzuki, le «petit Japonais»

Alain Casanova, lui, n’est pas en reste. «Je ne connais pas toutes les équipes de Super League», avait reconnu à son arrivée le Français, fort d’une grande expérience en Ligue 1 (plus de 300 matches avec Toulouse). En soi, ce n’est pas un problème. Mais cette méconnaissance devient un lourd handicap lorsque l’urgence règne et qu’on doit jouer deux matches capitaux en l’espace de cinq jours.

Un derby contre Servette et un quart de finale de Coupe historique contre Yverdon: deux rendez-vous ratés. Malheureusement, l’entraîneur ne devait pas seulement apprendre à connaître ses adversaires. Dans le Nord vaudois, le technicien lausannois ne parvenait plus à se rappeler du nom de son joueur Toïchi Suzuki (1m65), qu’il a renommé «le petit Japonais» devant les médias. La honte.

Personne ne le conteste: Alain Casanova est un entraîneur de renom. Spécialisé dans la formation, ce pédagogue a permis à de grands noms du foot tricolore d’éclore (Ben Yedder, Gignac ou Sissoko entre autres). Un profil qui aurait pu faire merveille avec les jeunes présents dans le contingent de Lausanne. Sa réflexion sur le jeu et sa volonté de s’inspirer des principes de Pep Guardiola avaient de quoi enthousiasmer tout le monde.

C’est trop injuste

Malheureusement, «timing is everything» comme disent les Anglais, et le contexte n’était pas fait pour lui. Quitte à recruter chez nos voisins français, autant prendre un meneur d’hommes, un gueulard à la Pascal Dupraz qui aurait su mobiliser ses troupes. Le manque d’ambition d’Alain Casanova dans le discours avant le match capital dimanche contre Lucerne tranchait avec les propos de son homologue Mario Frick «venu à Lausanne pour gagner». Et cela s’est vu.

Même si le coach français du LS répète à l’envi ne pas vouloir se chercher d'excuses, il s’est attaqué à l’arbitrage suisse et à la presse romande en l’espace d’une semaine. Le corps arbitral a d’abord été jugé «indigne de la Super League». Une critique qu’on verrait plutôt attribuée à son équipe, soit dit en passant.

Clash en conférence de presse

Dimanche, il a perdu ses moyens devant le journaliste d’une radio bénévole qui osait remettre en question sa stratégie. Le coach a chargé les représentants des médias «qui n’y connaissent rien» et «qui n’ont pas leur diplôme d’entraîneur». «C’est notre métier et on sait plus ou moins ce qu’on fait», s’est-il défendu dans un lapsus savoureux.

Vu ce qu’il propose à Lausanne depuis 24 jours, on est en droit d’en douter. Pour la première fois, la question lui a été posée: «Êtes-vous toujours l’homme de la situation?» Si les dirigeants du Lausanne-Sport devaient déjà répondre par la négative, après même pas un mois, leur erreur de casting aurait tout d’un bide monumental. Mais ce scénario catastrophe est devenu bien plus réaliste ces dernières heures.

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