Le match entre Lausanne-Sport et Lucerne a été explosif. Et pour cause: cette rencontre cruciale, perdue 1-2 par les Lausannois, a été interrompue une dizaine de minutes par des feux d’artifice lancés par le kop vaudois. Le gardien lucernois Marius Müller a été touché au visage, sans trop de gravité heureusement.
Il n’y a toutefois pas qu’en tribunes que la tension est montée dimanche au stade de la Tuilière. La conférence de presse d’après-match a en effet été le théâtre d’un autre clash, avec pour acteur Alain Casanova, le «nouveau» coach des Lausannois, largement plus offensif que ses joueurs.
450 minutes sans marquer
La séance de questions-réponses avait plutôt bien commencé. Par le biais du porte-parole du club, Vincent Steinmann, vice-président vaudois, présentait ses excuses à Lucerne et promettait que les coupables seraient punis… mais tout s’est gâté lorsqu’il a fallu parler de football.
Après quelques minutes et les analyses initiales des deux coaches, un journaliste a demandé à Alain Casanova s’il pensait toujours être l’homme de la situation. Une question légitime pour un entraîneur qui a été battu lors de ses cinq premiers matches avec Lausanne, concédant au passage une cuisante élimination en Coupe Suisse contre le voisin Yverdon, pensionnaire de deuxième division. L’équipe du coach français restait même sur 450 minutes de jeu sans le moindre but… jusqu’à l’inutile penalty transformé par Stjepan Kukuruzovic dans le temps additionnel dimanche.
«Vous n’y connaissez rien»
«Je sens que je suis l’homme de la situation, a d’abord répondu Alain Casanova, avant de dégoupiller. Vous n’y connaissez rien au football mais vous me parlez de mon système tactique. Ce n’est pas en jouant à quatre qu’on va être plus offensifs. Je suis étonné qu’en Suisse tous les journalistes se croient entraîneurs, alors qu’ils n’ont pas de diplôme. Nous, on est entraîneurs et on sait plus ou moins ce qu’on fait.»
Une sortie qui a provoqué quelques échanges tendus. Si l’ancien coach de Toulouse a reconnu que les journalistes «étaient légitimes pour poser des questions», il a tenu à défendre ses choix: «Si nous étions plus forts sous la pression et sur le point individuel, nous jouerions peut-être différemment. Mais Lausanne a eu une défense à quatre pendant pratiquement toute la saison et le club s’est quand même retrouvé dans une situation compliquée.»
«Traitement indigne» des arbitres suisses
Relancé sur les failles de son équipe qui s’est fait surprendre dans l’axe après deux minutes seulement contre Lucerne, Alain Casanova a refusé d’en dire davantage. Un comble pour un entraîneur qui voulait «avant tout parler de football» après les débordements en tribunes. La conférence de presse ne s’est donc pas prolongée.
Ce n’est pas la première fois que le Français de 60 ans perd son sang-froid dans cet exercice depuis son arrivée dans l’urgence à Lausanne, le 3 février dernier. Ce novice de notre championnat avait déjà vertement critiqué l’arbitrage suisse après le match à Bâle le week-end dernier, sans même que le sujet ne soit abordé: «Le traitement qu’on reçoit n’est pas digne du niveau de la Super League. Nous sommes victimes de décisions incompréhensibles.»
Le technicien avait encore remis une briquette lors du point presse de vendredi, précédant le match capital contre Lucerne. Des propos qui n’avaient pas été publiés jusque-là. «Durant toute ma carrière en France, je n’ai jamais reçu ne serait-ce qu’un avertissement pour mes dires sur les arbitres. Je ne me mêle jamais de ça et ne commente pas leurs décisions. Ils sont humains, au même titre que les joueurs ou les entraîneurs», avait-il commencé, laissant présager d’un ton plus neutre. Encore raté.
«Mais bon, avec ce que je vois en Suisse, je trouve que certaines décisions sont surprenantes, difficiles à accepter. Au bout d’un moment, mon devoir est aussi de le dire, de défendre le club. Ça suffit un peu [de siffler contre] Lausanne. J’essaie de le dire avec tout le respect que j’ai pour le corps arbitral et cela ne doit pas nous servir d’excuse», a-t-il conclu. Laissant planer, sans le nommer, le spectre de l’éternel ressentiment anti-romand dans le football suisse.
Face à Sion mercredi
«Son» Lausanne-Sport est désormais relégué à six points de Lucerne, adversaire dimanche et concurrent direct pour éviter la relégation. «Rien n’est fait et je l’ai encore dit aux joueurs dans le vestiaire, a positivé Alain Casanova dimanche. Cela se complique mais il reste treize rencontres à jouer.» La prochaine arrive déjà mercredi (18h) avec un déplacement périlleux à Sion. L’habituel point presse, qui a lieu la veille ou l’avant-veille des matches, a finalement été annulé ce mardi.