Yverdon Sport est en quête de stabilité. L'été a été très mouvementé dans le Nord vaudois, avec de nombreux départs en coulisses, et le club cherche à se structurer. Le mercato a lui aussi été animé et a une tonalité 100% suisse, ce qui change drastiquement avec ce qui était la norme depuis deux ans. Et surtout, YS a pu enregistrer l'arrivée de l'un des entraîneurs les plus cotés de Suisse, Adrian Ursea. Le Roumain offre une garantie de qualité de jeu, lui qui sort d'un passage plus que réussi à Carouge. De là à parler de remontée immédiate en Super League? Ce n'est en tout cas pas lui qui va le faire. La préparation est désormais terminée, place à la compétition ce dimanche à Vaduz. Le technicien ne s'interdit bien sûr pas de réaliser un bon résultat au Liechtenstein, mais réclame du temps.
Adrian Ursea, la reprise c'est ce week-end à Vaduz. A quoi s'attendre avec ce nouvel Yverdon Sport?
C'est très difficile pour moi de répondre à cette question aujourd'hui. Déjà, je sens un club encore marqué par le traumatisme de la relégation. Mais surtout, on est encore en plein mercato, avec un effectif qui va encore sans aucun doute bouger. Alors voilà, tout ça, on ne le maîtrise pas. Par contre, ce qu'on peut faire, c'est travailler énormément pour poser les conditions du succès. Je ne suis pas un magicien et je n'ai jamais revendiqué l'être. Il faudra un peu de temps sans doute, je pense qu'on a besoin de quelques matches pour pouvoir nous jauger de manière à peu près correcte et savoir où on se situe.
Le mercato, c'est une période que vous n'appréciez pas beaucoup...
Une période que je déteste! Il me reste plus d'un mois à la supporter, c'est horrible. Je ne suis pas le seul entraîneur qui raisonne ainsi, je n'ai pas cette prétention. Mais quand tu veux apporter des valeurs et un état d'esprit, ainsi que des principes de jeu, ce n'est pas facile de se dire que ce que tu transmets l'est à un groupe qui sera peut-être amputé d'un quart des joueurs, et qu'il y aura encore des nouveaux arrivants. Encore plus quand tu viens d'arriver dans un club, cela n'aide pas. Mais de nouveau, je ne suis pas le seul entraîneur au monde à subir ça.
Des joueurs comme Paul Bernardoni et Mohamed Tijani ont émis le souhait de partir. Sont-ils impliqués de la même manière?
Oui. Ils sont très professionnels et nous aussi. Ça fait partie du métier, on fait avec. L'important, c'est de savoir dans quelle direction on va et on veut aller, avec un effectif bien défini. Dès que le mercato sera fini, on pourra parler d'autre chose. En attendant, je fais comme je peux, en étudiant les comportements de chacun. Je suis encore en période d'observation, disons-le ainsi, mais à un moment donné, il faudra définir vraiment ce qu'on pourra faire. Donnez-moi encore un peu de temps.
Ces joueurs sont-ils placés dans un loft? En d'autres termes, s'entraînent-ils à part?
Non. Ils sont intégrés à chaque entraînement. C'est ma responsabilité. Ce sont des salariés du club. Dans un monde idéal, j'aimerais avoir 20 joueurs de champ concernés par le projet, plus 3 ou 4 jeunes issus de l'académie, et trois gardiens. Mais le monde idéal, dans le football, il n'existe pas. Il faut s'adapter, c'est ce qu'on fait. Ce qui m'aide beaucoup, c'est qu'il existe une réelle harmonie avec le président Jamie Welch et la direction. On sait où on va.
Les arrivées d'Helios Sessolo et d'Aurélien Chappuis, mais aussi le gardien Kevin Martin confirmé comme numéro 1: on sent un recrutement et une équipe déjà tournée vers le jeu, votre marque de fabrique.
Vous citez ces trois joueurs, mais il y en d'autres. Un entraîneur souhaite toujours des joueurs adaptés à son style de jeu. Mais le football, c'est le collectif. Plus que d'avoir des bons joueurs, l'important, c'est de construire les relations entre ces joueurs. De les faire évoluer ensemble. C'est ça qui m'anime.
Cela passe-t-il uniquement par le jeu? Ou l'extra-sportif est-il important?
Entraîner un joueur, c'est construire une relation humaine avec lui. Il faut trouver le meilleur moyen de communication avec lui, sachant que chacun est différent. Je dis toujours que c'est à moi de m'adapter à un joueur, pas l'inverse. Donc oui, il y a un gros travail à ce niveau-là, et on profite de chaque seconde, parce que tout va très vite. On a déjà fait quatre semaines et demi de préparation, je n'arrive pas à y croire.
Combien de temps faudra-t-il pour voir la patte d'Adrian Ursea à Yverdon?
Je ne sais pas. Avant de parler d'objectifs, parlons de niveau de performance, d'objectifs dans le jeu. Mes principes ne vont pas changer: j'aime que mes équipes aient le contrôle sur le match et maîtrisent ce fameux hasard pour le réduire au maximum. Je veux que mes équipes aillent de l'avant et proposent un beau spectacle au public, mais en s'adaptant, toujours. Ce que nous avons fait à Carouge ne peut pas être reproduit à l'identique ici à Yverdon, il y a un contexte différent. Mais chaque entraîneur a son style. Peter Zeidler a une philosophie bien à lui, moi aussi. L'important pour moi, c'est le contrôle du match.
Yverdon a une tradition de beau jeu à travers l'histoire, avec des hauts et des bas bien sûr. Lucien Favre et Radu Nunweiler sont passés par là et les saisons avec eux sont encore dans toutes les mémoires. A quel point vous inspirez-vous d'eux?
Je suis très proche de leur football. Radu est un grand ami, c'est lui qui m'a donné l'envie d'entraîner. Je le connais depuis mon arrivée à Chênois, il y a 33 ans. Et avec Lucien, si on n'avait pas un socle de mêmes idées, il ne m'aurait pas pris avec lui. Donc oui, ce sont deux amis, deux entraîneurs qui m'ont inspiré.
Mais vous savez qu'ils sont tous deux montés en première division avec Yverdon Sport...
Oui, je le sais. Je suis même parfaitement au courant, y compris des circonstances de ces promotions. Mais il est prématuré de parler de la même chose aujourd'hui.