Jefferson Louis, l’homme aux 42 clubs, range enfin les crampons. À 46 ans, le plus infatigable des attaquants britanniques a annoncé sa retraite sur Twitter, refermant une carrière aussi improbable qu’inépuisable. Même Vitorino Hilton, pourtant modèle de longévité du côté de Montepllier, n’aura pu rivaliser avec le marathonien des pelouses anglaises.
Dans le jargon footballistique britannique, on l’appelle un «journeyman»: un joueur qui voyage de club en club, au gré des contrats et des opportunités. Mais Jefferson Louis n'était pas un «journeyman» comme les autres — il en était l'incarnation absolue. De 1996 à 2025, il aura enfilé le maillot de 42 équipes différentes. Et si l’on compte les retours dans certains clubs, on atteint un total de 51 changements de tunique. Une valse sans fin qui témoigne d’une passion brute pour le jeu, loin des projecteurs.
Un match de Cup face à Arsenal comme highlight
Né à Harrow, en périphérie de Londres, Louis n’a jamais mis les pieds en Premier League. Pourtant, son CV ferait rougir bien des footballeurs professionnels. Son pic? Une apparition en sélection de Dominique en 2008, sa nation d’origine, aux côtés de son cousin Richard Pacquette, lui aussi passé par une kyrielle de clubs anglais. Ensemble, ils ont porté les espoirs d’un petit pays caribéen, le temps d’une parenthèse internationale.
Mais l’instant le plus marquant de la carrière de Jefferson reste sans doute ce match de FA Cup en 2003, sous les couleurs d’Oxford United. Le club évolue alors en quatrième division, mais parvient jusqu’au troisième tour de la mythique coupe, où il affronte Arsenal. Le club de cœur de Jefferson. Le rêve devient réalité.
Louis n’a jamais fait de bruit. Il n’a pas collectionné les titres ni les gros contrats. Il a préféré le charme des pelouses anonymes, les contrats courts, les clubs de petites divisions et les vestiaires modestes. Le record Guinness ne le retiendra sans doute pas, car trop de ses clubs n’étaient pas professionnels. Mais les passionnés de football de l’ombre, eux, ne l’oublieront pas. Car dans un monde obsédé par les chiffres et la gloire, Jefferson Louis aura prouvé qu’on peut aimer le foot jusqu’à en faire le tour du Royaume-Uni – une équipe à la fois.