Quel spectacle, samedi soir à Rabat. Sous les yeux du prince héritier marocain Moulay El Hassan, la Coupe d’Afrique des nations s’ouvre avec une cérémonie grandiose. Lumières, lasers et musique emportent le public. Bien davantage, en tout cas, que la première période entre le pays hôte, grand favori du tournoi, et les Comores. La prestation du Maroc est même ponctuée de sifflets. À l’arrivée, les Lions de l’Atlas s’imposent 2-0, mais derrière ce score sans relief se cache un début de compétition chaotique et riche en histoire.
À la 19e minute, Romain Saïss ne parvient pas à retenir ses larmes. Quelques instants plus tôt, le défenseur s’est écroulé au sol après un duel à la course, touché musculairement. Le capitaine marocain tente de serrer les dents pour continuer devant son public. Il reprend le jeu, mais sur un long ballon venu de la défense, le verdict tombe: la cuisse ne répond plus. Saïss doit céder sa place, en pleurs, et reste ensuite inconsolable sur le banc. Son tournoi est peut-être déjà terminé. Après la rencontre, il confie: «Ce sera une course contre la montre, mais nous devons rester positifs».
Le but du tournoi peut-il être inscrit dès le match d’ouverture? En principe, non. Mais difficile d’imaginer une réalisation plus spectaculaire que celle d’Ayoub El Kaabi à la 74e minute. Sur un retourné acrobatique somptueux, l’attaquant marocain scelle le score à 2-0. Un véritable tableau. Un but qui fait claquer la langue d’admiration. Un but dont on ne se lasse pas. Alors autant s’installer confortablement et savourer.
Dans l’euphorie relative de ce succès inaugural – la manière ne déclenche pas encore l’enthousiasme au Maroc et les supporters locaux se signalent aussi par deux épisodes regrettables. L’ambiance, électrique au coup d’envoi à Rabat, retombe une première fois après le penalty manqué par Soufiane Rahimi en début de match. Puis survient un premier scandale: des spectateurs utilisent des pointeurs laser pour tenter d’aveugler à répétition les joueurs comoriens et l’arbitre, une pratique aussi inutile qu’inadmissible. En seconde période, de nombreux sifflets compliquent encore la tâche du corps arbitral. Heureusement, hormis quelques scènes cocasses où les joueurs hésitent brièvement, ces incidents n’ont pas eu de conséquences sportives majeures.