La scène a de quoi surprendre, mais elle est courante sur les huit terrains du complexe Aspire de Doha. Lors de la plupart des rencontres, à plusieurs reprises au cours des 90 minutes, les entraîneurs se retournent en effet vers leur banc, plus précisément vers le membre du staff disposant des images du match en direct. «Qu'est-ce que je fais?», semblent ainsi demander les coachs. «Est-ce que j'utilise un challenge?»
Voilà l'une des particularités de la Coupe du monde M17 au Qatar. La VAR n'étant pas en place lors du tournoi, chaque coach dispose de la possibilité de revoir deux scènes, au choix. «Façon tennis», image la FIFA. Le staff dispose ainsi de deux cartons violets que l'entraîneur doit tendre au quatrième officiel en cas d'appel à la vidéo. «Le système n’est utilisé que dans le cas d’une erreur possible claire et évidente ou d’un incident manqué grave concernant les scénarios suivants: but/aucun but, penalty/aucun penalty, carton rouge direct (pas de deuxième avertissement)», explique l'instance internationale sur son site internet.
Le football s'inspire du tennis
Elle justifie la mise en place de ce nouveau système, FVS (Football Video Support), qui a notamment déjà été testé plus tôt cette année lors de la Coupe du monde M20 masculine et féminine, pour des raisons financières notamment. «Le FVS est un outil pour soutenir les arbitres dans les compétitions disposant de moins de ressources et de caméras. Il ne doit pas être considéré comme le VAR ou comme une version modifiée de celui-ci, puisqu’il n’inclut pas d’officiels vidéo surveillant chaque incident. Nous sommes très encouragés par les premiers résultats et nous nous réjouissons d’aider nos associations membres à bénéficier de cette technologie», ajoute la FIFA.
Une fois sa décision prise, l'arbitre convoque les deux entraîneurs pour leur faire part de sa décision. En cas de bonne utilisation de ce «joker vidéo», le carton est restitué à l'équipe qui retrouve ainsi ses deux possibilités de révision. «Très honnêtement, je trouve que c'est une bonne solution», salue Luigi Pisino, sélectionneur de l'équipe de Suisse M18. «Si on pense qu'il y a quelque chose, on le déclenche et ça limite l'utilisation trop intense de la vidéo», ajoute le genevois, qui voit donc la chose «positivement».
Formule un jour utilisée dans les championnats professionnels?
«Pour nous les coachs, il y a une forme d'injustice qui n'existe pas. Après, on sait comment fonctionne la vidéo, il y a des avantages et des inconvénients. Parfois, on voit une action, on se dit qu'il y a un contact, mais c'est finalement toujours à l'arbitre d'interpréter. Mais je pense que ça nous amène en plus, en tout cas sur ce tournoi», analyse encore le coach de la Nati, qui n'a pas encore pu profiter avec succès de cette formule.
En plus d'enlever une certaine pression des épaules des arbitres, cette forme d'arbitrage vidéo permet d'élargir l'utilisation des images dans le football. Mais aussi de gagner de précieuses minutes lors de chaque rencontre. Un pas en avant qu'il pourrait être bon d'également réaliser dans les divisions professionnelles.