Produire un article long format ou longread, avec du texte, des images, de la vidéo, des animations, c’est un peu comme gravir une montagne: il faut de l’endurance, de la souplesse et de la coordination. Une équipe de Blick s’est lancée dans cette aventure singulière avec les douze étudiants de la volée 16 de l’Académie du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel (AJM). Et le résultat est – en toute objectivité – épatant.
Imaginez qu’au départ, il n’y avait rien de plus qu’une envie. Celle de raconter la première ascension du Cervin, dont le 160ème anniversaire sera célébré ce 14 juillet. Durant nos premières séances communes, les idées ont fusé dans tous les sens. Nous allions enquêter sur cette escalade et élucider les causes de la chute qui a coûté la vie à quatre alpinistes, en mode cold case. Partir en Angleterre pour rencontrer les descendants d’Edward Whymper, l’un des trois survivants. Présenter les personnages avant le drame, en mode Cluedo. Le point commun entre ces propositions, qui n’ont pas toutes abouti? L’envie de raconter une histoire fascinante avec clarté, enthousiasme et rigueur, en utilisant toutes les facettes de notre merveilleux métier. Ou plutôt de nos merveilleux métiers.
Collaboration entre les champs de compétence
Car l’élaboration d’un longread demande une série de compétences qui dépassent largement celles du journaliste lambda. Cheffe du département dédié au numérique, à l’innovation et au marketing chez Blick, Manon Bornand a encadré l’ascension depuis le début. Pour elle, c’était une première de travailler avec une volée d’étudiants. «Dans un longread, on doit réfléchir à une manière différente de narrer une histoire. Le faire avec une classe de futurs journalistes, cela ajoute de la complexité à la démarche mais c’est aussi très enrichissant. Et c’était une occasion de leur montrer à quel point la collaboration entre les différents champs de compétence est centrale dans le journalisme d’aujourd’hui. A Blick, c’est quelque chose que nous valorisons énormément.»
Elle liste les différents métiers qui ont participé au projet: rédacteur en chef, journalistes du webdesk qui relisent en planifient la diffusion, responsable vidéos et digital, responsable des réseaux sociaux, éditeur vidéo, community manager, spécialiste en marketing, coordinatrice web & traffic…Sans compter les étudiants de l’AJM et le duo assurant le suivi pédagogique, Nathalie Pignard-Cheynel et Charles-Henry Groult, chef du service vidéo au journal «Le Monde».
Mais le créateur incontournable et garant de notre oeuvre, c’est César Greppin, concepteur multimédia et développeur aux doigts d’or, qui a su donner à des éléments épars (texte, vidéos, images, son) une coloration d’ensemble et surtout, une vie. Ses pièces maîtresses sont ainsi des éléments dynamiques: les cartes présentant les différents participants à l’ascension qui se retournent quand on clique dessus.
Et le récit en vidéo de l’escalade qui se déroule en «scrollant.» «Ce sont des choses que je n’avais jamais expérimentées, raconte César Greppin. J’ai donc commencé par le plus compliqué afin de pouvoir y consacrer du temps.» Ces éléments ont nécessité beaucoup de tests et d’ajustements. Mais l’expérience en valait la peine: «Au final, on s’est fait plaisir tout en racontant un pan de l’histoire de notre pays.»
Les Suisses et la montagne
Reste maintenant à rendre le résultat accessible, en allant directement chercher des personnes qui pourraient être intéressées par le sujet et en utilisant tous les outils 2.0 actuels pour toucher un plus public le plus large possible.
«Le challenge, c’est de faire en sorte que notre audience habituée à de la hard news s’intéresse à un fait divers historique», résume Camille Bertholet, experte dans la création de contenu vidéo et réseaux sociaux sur les canaux numériques. Elle a bon espoir que cela fonctionne, notamment parce qu’il s’agit du Cervin: « Les Suisses et la montagne, c’est une histoire d’amour.»