Blagues racistes immondes, vénération du nazisme, propos sexistes accompagnés d’images pornographiques: les révélations autour de deux groupes WhatsApp auxquels une cinquantaine de policières et policiers lausannois ont participé – plus ou moins activement – sont sidérantes.
Concrètement, cela signifie qu’au moins 10% des effectifs de la police municipale de la capitale vaudoise nourrissent des idées abominables ou que, spectateurs condescendants, ils ne les jugent pas suffisamment graves pour les dénoncer. Car ces groupes ont diffusé la haine en toute impunité pendant plusieurs années.
La bombe qui vient d’exploser à Lausanne est colossale. Sa triple déflagration doit impérativement influencer notre regard sur l’actualité.
Des faits divers à réinterpréter
Sept des huit personnes décédées à la suite d’une intervention policière en terres vaudoises ces dix dernières années étaient noires. Après les révélations d’aujourd’hui, plus personne ne pourra prétendre qu’il ne s’agit que d’une coïncidence, ni que cette surreprésentation reflète simplement les statistiques de la criminalité.
Les discours des milieux dits «alternatifs» et des défenseurs des migrants, souvent raillés comme «bien-pensants» par la droite – et une partie importante de la population – se trouvent aujourd’hui totalement réhabilités. La police lausannoise, que l’on espérait guidée par la loi et les règlements, apparaît en réalité gangrenée par des préjugés gravissimes.
Des personnes noires en danger
À Lausanne, être noir signifie être en danger. Comment interpréter autrement les propos de la Municipalité, qui parle désormais de «problème systémique» et de «culture raciste» au sein des forces de l’ordre? Une dérive inimaginable de la part d’individus chargés de représenter la force publique. On pensait – naïvement – que «Black Lives Matter» visait avant tout la police américaine. On découvre aujourd’hui que ses homologues lausannois devraient, eux aussi, intégrer ce message.
Une confiance qui est à terre
C’est sans doute là que l’onde de choc sera la plus délétère à long terme. On peut saluer la volonté des autorités d’enquêter et de communiquer en toute transparence sur les conclusions. Mais il faudra de nombreuses années pour rétablir une relation de confiance entre la police lausannoise et la population qu’elle est censée protéger. Car aujourd’hui, la police lausannoise est à terre. Il lui faudra des jambes solides et beaucoup de transparence pour se relever.