Le commentaire d'Antoine Hürlimann
Grégoire Junod doit assumer le fiasco de la police

Notre journaliste Antoine Hürlimann revient sur l’attitude du syndic de Lausanne concernant les scandales de la police lausannoise. Loué pour sa retenue, il lui reproche un double standard dès lors que l’intérêt électoral prime le sens des responsabilités.
Publié: 05:40 heures
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Dernière mise à jour: 08:58 heures
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Antoine Hürlimann revient sur l’attitude du syndic de Lausanne, Grégoire Junod concernant les scandales de la police lausannoise.
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Antoine HürlimannResponsable de l'actualité de L'illustré

Le syndic socialiste de Lausanne, Grégoire Junod, est un modèle de vertu. Invité sur le plateau d'Infrarouge du mercredi 27 août consacré aux messages racistes des groupes WhatsApp dans la police de la capitale vaudoise, il explique après coup à nos confrères de Watson pourquoi c'est son collègue libéral-radical (PLR) — le seul de droite à siéger au sein de la Municipalité — qui a dû répondre aux questions d'Alexis Favre.

«Il est normal que M. [Pierre-Antoine] Hildbrand, en charge de la Sécurité publique, s’exprime sur les affaires qui relèvent de sa direction. Il ne serait pas souhaitable qu’il donne l’impression d’être sous tutelle.» Il est émouvant de voir un chef d'Exécutif, pourtant en campagne pour sa réélection en vue des élections communales de mars 2026, décliner la lumière de la RTS au profit d'un collègue et néanmoins adversaire politique. Cela mérite d'être salué!

Crise et shitstorm

Le syndic socialiste de Lausanne, Grégoire Junod, apprend de ses erreurs. Car «sa» gauche ne s'est pas toujours montrée aussi attachée au respect du périmètre de chacun. Le 31 janvier dernier, en pleine shitstorm après l'adoption par l'écrasante majorité rose-verte-rouge du postulat de l'écologiste Ilias Panchard visant à désarmer une partie des forces de l'ordre lors de certaines missions, la Municipalité se distançait des siens dans l'urgence.

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Le syndic socialiste de Lausanne, Grégoire Junod, doit retrouver son sens des responsabilités
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Elle publiait une communication de crise sur son site Internet et soulignait avoir adressé «un courrier au corps de police pour l’informer qu’elle donnerait une suite négative à ce texte et qu’elle avait chargé la direction de la sécurité et de l’économie de répondre dans ce sens». Visiblement, «l'impression de tutelle» pour reprendre les mots de celui qui convoite un quatrième mandat et volait personnellement au secours des agents sur nos plateformes, n'était, ici, pas un enjeu.

Assumer les échecs

Le syndic socialiste de Lausanne, Grégoire Junod, doit retrouver son sens des responsabilités. Quand on est à la tête d'une majorité aussi confortable à l'Exécutif et au législatif, il est légitime de se prévaloir des grandes réussites de la législature. Mais il faut aussi en assumer les échecs. Surtout quand on a soi-même été le directeur de la Sécurité publique dans un passé pas si lointain.

Revêtir et enlever son costume de patron en fonction de calculs électoraux déshonore la fonction. La population lausannoise mérite mieux. Surtout face à une droite qui joue aux platistes en niant le racisme structurel dans le but de satisfaire un syndicat de police qui la fait trembler au moindre vent.

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