Le commentaire d'Ellen De Meester
Il a fallu que 22 femmes meurent pour que le Conseil fédéral daigne réagir

Alors que 2025 compte déjà 22 féminicides, la Confédération prévoit plus d’hébergements d’urgence pour les femmes victimes de violences. Notre journaliste Ellen De Meester déplore qu’il ait fallu attendre un tel nombre pour que ces mesures soient mises en place.
Publié: 24.10.2025 à 14:18 heures
Partager
En août 2025, 22 féminicides avaient été recensés, soit davantage que pour toute l'année 2024.
Photo: Keystone
Capture d’écran 2024-09-17 à 11.24.33.png
Ellen De MeesterJournaliste Blick

Elles sont vingt-deux. Vingt-deux mamans, filles, sœurs, amies, à avoir été assassinées sur le territoire suisse, en 2025. Le nombre de féminicides dépasse donc celui de l’année 2024, marquant un record déchirant et dessinant une terrifiante courbe ascendante. Et nous ne sommes qu’au mois d’octobre. 

Dire qu’on a franchi la limite de l’inacceptable serait un euphémisme: le seuil est déjà loin derrière nous. Face à ces chiffres, 55 organisations avaient, mi-septembre, réclamé des mesures de prévention concrètes dans un courrier adressé à 2469 parlementaires et députés. Le parti socialiste (PS) s’était insurgé, avec une initiative populaire exigeant le respect des normes minimales de protection et de prévention. 

Quelques semaines plus tard, après des discussions dont le sens m’échappe totalement (comment peut-on «débattre» de la nécessité de protéger les femmes?) une proposition pointe enfin: le Conseil fédéral promet de réviser la loi sur l’aide aux victimes, demandant aux cantons de prévoir des hébergements d’urgence suffisamment larges pour accueillir les personnes concernées, avec une documentation médico-légale rendue gratuite. C’est très bien, applaudissons cette grande idée, inspirée de l’Espagne, bonne élève en la matière. Sauf qu’elle aurait dû naître il y a fort longtemps. 

Pourquoi seulement maintenant?

Car pour que ces places sécurisées soient évoquées, pour que la Convention d’Istanbul (ratifiée par la Suisse en 2018, sept ans après son ouverture) soit mieux honorée, pour que la Suisse réalise qu’elle n’est pas une version montagnarde et fromagère du pays des Bisounours, il a fallu que 22 femmes et filles meurent, cette année. 

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Parce qu’on faisait comment, avant? «Ah, pardon Madame, je vois bien que vous êtes terrorisée et mal en point, mais nous n’avons plus de place d’accueil pour vous. Revenez demain!» Déjà qu’il est infiniment difficile de demander de l’aide, dans ce type de situation, le risque de se retrouver devant une porte fermée tient de l’insoutenable. Cela m’évoque le Titanic, dont les commandants étaient persuadés d’avoir prévu assez de chaloupes. Vous connaissez la suite. 

On peut évidemment se dire qu’il «vaut mieux tard que jamais», que le progrès est en marche, que ces résolutions sont encourageantes. Sauf que, dans ce cas, on est déjà trop tard pour sauver ces vies. Oui, la Confédération devra probablement payer les 500 millions de francs estimés par le PS pour financer ces mesures préventives. Mais quand on pense qu’elle a accepté de débourser jusqu’à 7,5 milliards de francs en faveur des avions F-35, cela semble bien raisonnable, tout d’un coup. Elles le méritent. Celles qui sont parties trop tôt et celles qu’on peut encore sauver. 

Violences contre les femmes: besoin d'aide?

Vous, ou l'une de vos proches, êtes victime de violences de la part d'un partenaire ou d'un proche? Voici les ressources auxquelles vous pouvez faire appel.

En cas de situation urgente ou dangereuse, ne jamais hésiter à contacter la police au 117 et/ou l'ambulance au 144.

Pour l'aide au victimes, plusieurs structures sont à votre disposition en Suisse romande, et au niveau national.

Vous, ou l'une de vos proches, êtes victime de violences de la part d'un partenaire ou d'un proche? Voici les ressources auxquelles vous pouvez faire appel.

En cas de situation urgente ou dangereuse, ne jamais hésiter à contacter la police au 117 et/ou l'ambulance au 144.

Pour l'aide au victimes, plusieurs structures sont à votre disposition en Suisse romande, et au niveau national.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus