La chronique de Jacqueline de Quattro
Tolérance zéro pour l'extrémisme violent

Dans sa nouvelle chronique, la conseillère nationale PLR Vaud Jacqueline de Quattro avertit que les violences à Berne montrent que la Suisse n'est plus à l'abri d'un extrémisme violent. Elle souhaite agir et modifier la loi. Mot d'ordre: tolérance zéro.
Jacqueline de Quattro a demandé au Conseil fédéral que la loi sur le renseignement soit modifiée.
Jacqueline de Quattro
Jacqueline de QuattroConseillère nationale

18 policiers blessés, dont certains grièvement. Des rues vandalisées, à feu et à sang. Des millions de dégâts. Cette scène ne se passe ni dans une banlieue française ni dans un pays en guerre. Mais chez nous, à Berne. Les débordements survenus en octobre, lors de la manifestation pro-palestinienne non autorisée, ont montré que la Suisse est, elle aussi, confrontée à l'extrémisme violent.

Notre pays a longtemps cru être à l'abri des milieux extrémistes. Nous avons eu tort de les sous-estimer. Ils se sont professionnalisés et développés. Ces fauteurs de troubles violents n'ont pas seulement sévi à Berne mais également dans d'autres villes helvétiques au cours des dernières décennies. Ils profitent des manifestations pour se livrer à des actes de vandalisme, semant la peur, la douleur et la destruction.

Il faut modifier la loi

L'extrémisme violent est considéré comme une menace élevée par notre Service de renseignements. Il a recensé entre 2016 et 2024 plus de 700 actes violents motivés par l'extrémisme de gauche. Sur la même période, 16 événements violents ont été attribués à l'extrême droite. Au surplus, le contexte géopolitique et la radicalisation de nos jeunes accentuent encore les risques.

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C'est grâce à l'anonymat que le Black bloc continue de frapper en toute impunité
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Cette situation doit être fermement condamnée et appelle à des mesures rapides. Alors que certains milieux critiquent les méthodes de la police, il est au contraire urgent de renforcer notre législation. Les groupes extrémistes violents, quel que soit leur mobile, qu'ils soient de gauche ou de droite, religieux ou non, anti étatique ou non, doivent être mieux surveillés pour empêcher les violences.

J'ai donc demandé au Conseil fédéral que la loi sur le renseignement soit modifiée. Je veux que les mesures soumises à autorisation, comme par exemple les écoutes téléphoniques, puissent être au besoin étendues aux groupes extrémistes. Ce qui permettra de mieux de détecter les dangers, prévenir des débordements et améliorer la poursuite des infractions.

Les cantons et les villes sont d'ailleurs demandeurs d'une telle adaptation. Car c'est grâce à l'anonymat que le Black bloc continue de frapper en toute impunité.

L'extrémisme violent: une menace

A l'heure actuelle, nos services de renseignements ne disposent pas de moyens efficaces au niveau de la récolte des informations. Ils sont largement tributaires de sources accessibles au public. La surveillance des télécommunications est uniquement autorisée en cas de terrorisme, de prolifération nucléaire ou de menace pour des infrastructures critiques. Mais pas en cas d'extrémisme violent. C'est une lacune.

Pour garantir de manière optimale la sécurité intérieure de la Suisse, l'extrémisme violent doit donc être inclus dans le catalogue des menaces pour lesquelles des mesures de renseignement soumises à autorisation, sont permises. C'est une nécessité.

Tolérance zéro

D'autres réformes sont indispensables. Il faudrait prolonger le délai des gardes à vue. Le faire passer de 24 heures à 48 heures, afin de pouvoir réunir les preuves pour établir les actes délictueux. A l'image de la loi vaudoise entrée en vigueur depuis 2009, il est également important de réglementer le port d'objets dangereux lors de manifestations.

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La réponse n'est pas de désarmer nos policiers ou d'en faire des boucs émissaires. Au contraire
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Quiconque apporte casque, cagoules, lunettes de plongée, matraques, pétards, engins pyrotechniques ou des laser, doit pouvoir être interpellé. Enfin pour désanomyser les auteurs, on pourrait utiliser la reconnaissance faciale par le biais de l'intelligence artificielle. Des interventions parlementaires ont été déposées dans ce sens.

L'extrémisme violent n'a pas sa place dans notre pays. Il porte atteinte à nos valeurs et aux principes de notre démocratie. Il compromet à la fois la paix, la sécurité et l'exercice des droits à manifester. La réponse n'est pas de désarmer nos policiers ou d'en faire des boucs émissaires. Au contraire. Nous devons durcir notre législation, afin d'ôter, toute envie aux fauteurs de trouble ou autres émeutiers de saccager nos villes. Tolérance zéro face à la violence.

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