La chronique de Quentin Mouron
A quoi servent encore les Vert-e-s?

Un temps porteur d’espoir à gauche, les Vert-e-s ont déçu sur presque tous les sujets. Y compris l’écologie. Il serait peut-être temps que leurs membres rendent leur carte et se tournent vers des partis plus sérieux, avance l’écrivain Quentin Mouron.
Quentin Mouron estime que le parti «semble être entré en phase de décomposition».
Quentin Mouron
Quentin MouronEcrivain

Les partis politiques sont comme n’importe quel organisme vivant: ils se développent, fonctionnent, dysfonctionnent. Un jour, ils meurent. Fondé en 1983, à une époque où les gauches européennes n’avaient pas encore ouvert les yeux sur les questions environnementales, le parti Les Vert-e-s a le mérite d’avoir eu raison avant les autres. Mais il semble aujourd’hui être entré en phase de décomposition. 

Les Vert-e-s sont aujourd’hui dépassés par à peu près tous les partis de gauche, y compris sur leur terrain originaire, celui de l’écologie. Leurs militants de base défendent parfois des positions radicales, avec intelligence et combativité. Mais ils sont trahis par leur sommet, constitué essentiellement des fantômes joviaux, vaguement flexitariens, caricaturalement consensuels. 

Sur leur site internet, on lit que «Les Vert-e-s rejettent avec force [l]es coupes budgétaires [fédérales]», ce qui n’a pas empêché de nombreux députés vaudois de voter en faveur d’un budget austéritaire lors des derniers débats. Ce qui vaut à Berne ne vaut-il plus à Lausanne? Une bande de naturopathes et autres producteurs de vin biodynamiques se sont en tout cas accommodés du massacre de nos services publics, et puis les vieux qui meurent ça fera du compost. 

Timides sur la Palestine

Il y a aussi la question palestinienne. Si leur position officielle est désormais une condamnation des exactions commises à Gaza, celle-ci a été plutôt tardive. Le parti a affirmé soutenir les populations civiles, et demandé à la Suisse de changer sa position diplomatique. Mais on a soigneusement évité de prononcer les mots qui fâchent: armée coloniale, occupation, génocide. Or, qu’est-ce qu’un parti politique qui refuse de nommer le réel? Guère plus qu’un organe de propagande. 

Aujourd’hui, dans les urnes, les Vert-e-s reculent. Leur dynamique électorale est enrayée. Leurs positions internationales sont illisibles. Leur antiracisme épisodique est le produit de sensibilités individuelles plus que d’une action systématique et structurée. Et, surtout, leurs propres slogans écologiques sont mieux défendus par d’autres partis! 

Que l’on me pardonne un zeste de provocation, mais ne serait-il pas judicieux que leurs membres investissent leur énergie dans des structures politiques plus solides, plus vivantes? Que les caciques du parti se fondent dans l’aile droite du PS, qui est leur destination naturelle? Que les troupes radicales rejoignent, qui le POP, qui SolidaritéS ou Décroissance Alternative? Le Parti des automobilistes a fini par accepter qu’ils n'étaient que l’ombre grimaçante de l’UDC, et retiré tous ses candidats. Et si les Vert-e-s avaient la même sagesse?

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