La chronique de Quentin Mouron
Le Valais déteste-t-il les Palestiniens?

Partout dans le monde, des dizaines milliers de personnes défilent pacifiquement, en solidarité avec le peuple palestinien. Sauf dans certaines dictatures... et en Valais. Une exception sécuritaire dont s’inquiète l’écrivain Quentin Mouron.
Quentin Mouron revient sur la manifestation à Sion en soutien à la Palestine.
Quentin Mouron
Quentin MouronEcrivain

Le Valais n’a pas la Palestine au cœur. Ces derniers mois, les autorités sédunoises et cantonales ont interdit les manifestations de solidarité avec le peuple palestinien. Le prétexte est toujours le même: «les conditions de sécurité ne sont pas réunies.» Pourtant, les conditions de sécurité l’ont été dans les autres cantons. Par exemple, quand en juin dernier 20'000 personnes ont défilé pacifiquement à Berne.

Dans toutes les villes du monde, des rassemblements de soutien à un peuple qui subit un génocide ont semblé aller de soi. Dans toutes les villes du monde, des foules réunissant tous les horizons sociaux et politiques défilent dans le calme. Partout... Sauf dans quelques dictatures et dans le canton du Valais. Pourtant, le 1er novembre, des militantes et de militants ont bravé les interdictions et se sont réunis à Sion.

80'000 francs de facture

Les autorités ont alors déployé d’importantes forces de police, bloquant le centre-ville. Les responsables de la communication et le conseiller d’État PLR en charge de la sécurité se sont dépensés en hyperboles. Ils ont affirmé notamment qu’une policière avait été mordue, quand nombre de témoins de la scène disent au contraire que cette agression était le fait d’une contre-manifestante proche de l’extrême droite.

La semaine dernière, l’organisateur de la manifestation du 1er novembre a reçu la facture du «maintien de l’ordre». 80'000 francs. Plus précisément: 250 francs par policier et par heure.

Décourager les manifestations

Que ce soient les autorités qui aient décidé d’un déploiement exorbitant, sans commune mesure avec la menace réelle, peu importe! Qu’une part de cette menace ait été due à la présence de nervis fascistes, peu importe! (Ces derniers, bien sûr, n’ont pas reçu de facture).

«
Le Valais rate son rendez-vous avec l’histoire. Et son gouvernement semble s’en féliciter
»

L’essentiel, de toute façon, ce n’est pas de se rembourser sur l’organisateur. C’est de décourager les manifestations futures. Manière de s’enfoncer encore un peu plus dans le déni de démocratie. Manière de criminaliser la solidarité internationale.

Au moment où les jeunesses du monde entier, de gauche comme de droite, disent leur ras-le-bol de l’impunité israélienne, le Valais rate son rendez-vous avec l’histoire. Et son gouvernement semble s’en féliciter. 

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