Accusé de violations des droits humains
L'Indonésie fait de l'ex-dictateur Suharto un «héros national»

Le président indonésien a élevé lundi Suharto au rang de «héros national», défendant la décision malgré les accusations de violations des droits humains. Cette nomination suscite l’opposition de 500 universitaires et militants dénonçant une «trahison des victimes».
Publié: 05:58 heures
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L'ancien dictateur Suharto salue les journalistes lors d'une sortie d'hôpital à Jakarta, en Indonésie, le 5 mai 2004.
Photo: AP
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ATS Agence télégraphique suisse

L'Indonésie a élevé lundi au rang de «héros national» l'ex-dictateur Suharto par décret présidentiel. Cela, malgré les accusations de violations des droits humains qui pèsent sur lui. Selon le texte lu par le secrétaire militaire du président Prabowo Subianto – ex-gendre du dictateur –, Suharto figure parmi dix personnalités nouvellement honorées.

Une pétition contre la distinction de l'ex-dictateur décédé en 2008, avait réuni la signature de plus de 500 universitaires, académiciens et militants des droits humains, demandant à Prabowo Subianto de le retirer de la liste. Ancien officier supérieur, Suharto a dirigé l'Indonésie d'une main de fer jusqu'en 1998 après avoir pris le pouvoir à la suite de massacres de grande ampleur en 1965/1966.

Prabowo Subianto, lui même un ex-militaire, occupait le poste de chef des forces spéciales à la fin du régime de Suharto. Dans la liste des nouveaux héros nationaux apparaissent également les noms de Marsinah, jeune militante syndicaliste tuée en 1993, et d'Adburrahman Wahid, ancien président décédé en 2009.

Une «trahison des victimes»

Lundi, le secrétaire d'Etat Prasetyo Hadi a défendu le choix du gouvernement concernant Suharto. «Cela fait partie de la façon dont nous rendons hommage à nos prédécesseurs, en particulier nos dirigeants, qui ont sans aucun doute contribué de manière extraordinaire à la nation et au pays», a-t-il affirmé aux journalistes.

Le régime de l'ancien général a été marqué par un essor économique mais aussi par des accusations de corruption massive et de violations des droits humains, dont une répression sanglante des oppositions, ainsi que par l'annexion du Timor oriental. Dans leur lettre, les quelque 500 personnalités de la société civile ont estimé que l'attribution de ce titre à Suharto représentait une «trahison des victimes et des valeurs démocratiques», «une trahison des réformes et une dangereuse distorsion de l'histoire pour la jeune génération».

La Commission pour les disparus et les victimes de violences (Kontras), une ONG indonésienne de défense des droits, a dénoncé une décision «normalisant l'impunité». Au regard des accusations qui pèsent sur lui, l'ex-dictateur «ne mérite pas de recevoir le titre de héros national», s'est insurgé auprès de l'AFP le coordinateur de la Kontras, Dimas Bagus Arya.

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