Après Berne et le Tessin, la mobilisation des maçons se poursuit en Suisse romande. Alors qu'une une lettre patronale fait polémique, ils ont été environ 7000 lundi à faire grève et à défiler dans plusieurs villes, en attendant leur manifestation commune de mardi à Lausanne. Lundi matin dès 07h30, klaxons, sifflets et tambours ont fait résonner la place Lise-Girardin à Genève. «On est venu pour protéger nos droits, pour obtenir de bonnes conditions de travail», a déclaré un maçon à Keystone-ATS.
Troquant leur casque pour une casquette blanche marquée du mot «Grève", les maçons genevois ont défilé en ville. «Les maçons montrent les dents», pouvait-on lire sur la banderole de tête, ainsi que «Chantiers à l'arrêt, pour des horaires de travail corrects». Fort d'environ 2000 personnes, le cortège s'est arrêté quelques minutes sur le pont du Mont-Blanc pour des prises de parole. La nouvelle convention nationale (CN), actuellement en cours de négociation, «nous donne les mêmes conditions que nos grands-pères», a notamment dénoncé José Sebastiao d'Unia Genève.
A Lausanne, les maçons vaudois, rejoints par des collègues valaisans, se sont mis en marche en début d'après-midi. La manifestation, partie d'Ouchy pour la Riponne, a réuni entre 3000 et 4000 travailleurs, selon des décomptes de Keystone-ATS et de la police. «Nous sommes les maçons!» ou encore «Pas de pognon, pas de béton!» ont scandé les manifestants, agitant les drapeaux des syndicats Unia et Syna.
«Cette mobilisation est une réussite»
Dans les autres cantons, environ 350 maçons de Neuchâtel, du Jura et Jura bernois se sont mis en grève lundi. Selon Unia, 80% des chantiers de la région sont à l'arrêt. "La mobilisation est énorme", s'est réjoui Edy Zihlmann, secrétaire syndical. Les grévistes se sont rassemblés à la Maison du Peuple à La Chaux-de-Fonds, où ils ont pris un repas de midi avant de manifester dans les rues de la ville.
Du côté fribourgeois, 250 maçons se sont rassemblés sur les différents points de rendez-vous répartis à travers tout le canton. «Cette mobilisation est une réussite», a affirmé François Clément d'Unia Fribourg. Après ces actions décentralisées, les maçons romands se retrouveront mardi à Lausanne pour une manifestation commune. Lors des négociations pour la précédente CN, en automne 2022, ils avaient été entre 6000 et 7000 à sillonner la capitale vaudoise.
Les patrons pas contents
Du côté des patrons, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) a dit regretter les actions des syndicats qui, selon elle, brisent la paix du travail et ralentissent les négociations. Un avis partagé par plusieurs sections cantonales. Le Groupe vaudois des entreprises de maçonnerie et génie civil a, par exemple, déploré «l'instrumentalisation des maçons et les gesticulations des syndicats». Ceux-ci devraient «encourager la désescalade d'un conflit qu'ils ont créé de toutes pièces», a-t-il ajouté.
Selon la faîtière vaudoise du secteur, de nombreux chefs d'entreprises sont «inquiets des conflits syndicaux importés jusque dans leurs vestiaires», a-t-elle écrit dans un communiqué, diffusé en amont des manifestations de la semaine. Elle a aussi rapporté que des employés ne soutenant pas la grève demandaient congé «pour éviter d'être pris à partie par des collègues syndiqués».
Risque de travailler le samedi
Pour mémoire, l'actuelle CN expire en fin d'année. Les cinq premières rondes de négociations n'ont pas permis d'aboutir à un accord. Parmi leurs revendications, les syndicats exigent des horaires de travail plus courts et compatibles avec une vie de famille. La SSE dit vouloir maintenir la durée hebdomadaire du travail à 40,5 heures et conserver des horaires flexibles afin que les chantiers puissent, par exemple, compenser les heures perdues en raison des intempéries. Pour les syndicats, cela implique de travailler le samedi, mais la SSE assure que cela ne se produirait qu'à titre exceptionnel.
Après la mobilisation à Lausanne, d'autres débrayages suivront ces prochaines semaines, le 7 novembre dans le Nord-Ouest de la Suisse puis le 14 novembre à Zurich et dans d'autres régions alémaniques.