François Bayrou, le Premier ministre français a pris de court jusqu’à ses propres ministres en annonçant qu’il solliciterait un vote de confiance le 8 septembre à l’Assemblée nationale. Une décision communiquée à la hâte à ses troupes le lundi 25 août... à peine une demi-heure avant sa conférence de presse, rapporte BFMTV. Dans les couloirs du pouvoir, la stupeur est totale: «On se sent comme après un lendemain de cuite. On est tous un peu dubitatifs», lâche un ministre LR au média français.
Car cette initiative irrite profondément son gouvernement. Beaucoup y voient une chute programmée, là où ils auraient préféré gagner du temps jusqu’au débat budgétaire de l’automne pour négocier. «Comme d'habitude, il décide de tout, tout seul, sans écouter personne, quitte à aller à la catastrophe nucléaire», fulmine un autre membre de l’exécutif.
«Il nous met dans la merde»
Le verdict semble déjà écrit: les oppositions, le Parti socialiste et le Rassemblement national en tête, ont annoncé qu’ils voteraient contre, rendant l’échec du Premier ministre quasi inévitable. «Quand il nous a prévenus juste avant sa conférence de presse, on pensait qu’il avait pris cette décision avec l'assurance que les oppositions s'abstiendraient pour le vote de la confiance», s'agace un ministre.
Celui-ci aurait préféré que les oppositions soient contraintes de porter le poids d’une motion de censure en novembre. «Aujourd’hui, on ne leur donne même pas cette possibilité. On ne met pas les oppositions dans la merde, mais le Premier ministre nous met dans la merde», martèle-t-il.
Sur un siège éjectable
François Bayrou, lui, assume. Plutôt que d’attendre une motion de censure en novembre, il choisit son calendrier et organise son sort. Il semble même croire pouvoir encore inverser la tendance. «Je me battrai comme un chien», a-t-il prévenu, appelant les députés à «réfléchir» et à ne pas céder aux «réflexes spontanés».
Mais dans ses rangs, l’espoir s’effrite. «Depuis le départ, on est tous sur un siège éjectable et on le sait. C'est juste que ça arrive un peu plus vite que prévu», tranche un conseiller. Pour nombre de ministres, la messe est déjà dite.