Sarkozy s'est exprimé après sa condamnation
«S'ils veulent absolument que je dorme en prison, je dormirai en prison. Mais la tête haute!»

L'ancien président français a pris la parole face à la presse, jeudi, après avoir été reconnu coupable d'association de malfaiteurs et condamné à 5 ans de prison. Il a annoncé vouloir faire appel de cette «injustice insupportable».
Publié: 14:14 heures
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Dernière mise à jour: il y a 3 minutes
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L'ex-président français a réagi à sa condamnation dans l'affaire du financement libyen.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

L'ancien président Nicolas Sarkozy, qui doit être bientôt incarcéré après sa condamnation jeudi dans l'affaire dite du financement libyen de sa campagne de 2007, a dénoncé au tribunal de Paris une décision «d'une gravité extrême pour l'état de droit». Il va faire appel de cette «injustice insupportable».

Voici sa déclaration complète devant la presse: «Ce qui s'est passé aujourd'hui dans cette salle du tribunal correctionnel de Paris est d'une gravité extrême pour l'Etat de droit, pour la confiance qu'on peut avoir pour la justice. Plus de dix ans d'enquête, des millions d'euros dépensés pour trouver un financement libyen dont le tribunal correctionnel vient de dire qu'il n'a pas pu, et pour cause, être trouvé dans ma campagne.

Le tribunal a été plus loin en déclarant solennellement que le document Mediapart qui était à l'origine de cette procédure était, je cite, un faux. J'ai été renvoyé devant ce tribunal pour quatre délits. Sur trois, j'ai été relaxé. Pas de financement trouvé, pas de corruption. Je suis donc condamné pour avoir prétendument laissé faire deux de mes collaborateurs qui auraient eu l'idée – l'idée – d'un financement illégal de ma campagne.

Depuis toutes ces années, j'ai assumé toutes mes responsabilités. Je n'ai naturellement refusé aucune audience. J'ai été mis en garde à vue et j'ai été interrogé, ausculté, examiné, de telle façon que la présidente du tribunal dit: 'Il n'y a aucun enrichissement personnel à vous reprocher'.

«
S'ils veulent absolument que je dorme en prison, je dormirai en prison. Mais la tête haute
Nicolas Sarkozy
»

Pas de financement illégal de ma campagne, pas d'enrichissement personnel. Et la conclusion qu'en tire le tribunal, c'est que je dois passer cinq années en prison. Et alors même qu'on connaît mon adresse, qu'on peut me reconnaître dans la rue, que j'ai assumé toutes mes responsabilités, le tribunal prononce l'exécution provisoire pour me voir dormir en prison le plus tôt possible.

Je demande aux Français, qu'ils aient voté ou non pour moi, qu'ils me soutiennent ou non, d'apprécier ce qui vient de se passer. La haine n'a donc décidément aucune limite. J'assumerai mes responsabilités, je déférerai aux convocations de justice et s'ils veulent absolument que je dorme en prison, je dormirai en prison. Mais la tête haute.

Je suis innocent. Cette injustice est un scandale. Je ne m'accuserai pas de quelque chose que je n'ai pas fait. Naturellement, je ferai appel. Sans doute devrai-je comparaître les menottes aux mains devant la cour d'appel. Ceux qui me haïssent à ce point pensent m'humilier. Ce qu'ils ont humilié aujourd'hui, c'est la France. C'est l'image de la France.

Et si quelqu'un trahit les Français, ce n'est pas moi. C'est cette injustice invraisemblable à laquelle vous venez d'assister. Je n'ai aucun esprit de revanche, je n'ai aucune haine et que chacun comprenne bien et l'entende, je me battrai jusqu'à mon dernier souffle pour prouver ma complète innocence.»

«Il l'a finalement son quinquennat»

La présidente des députés RN Marine Le Pen a elle dénoncé «la généralisation de l'exécution provisoire». «Au-delà de la personne de l'ancien président Nicolas Sarkozy, la négation du double degré de juridiction par la voie de la généralisation de l'exécution provisoire par certaines juridictions représente un grand danger, au regard des grands principes de notre droit, au premier rang desquels se trouve la présomption d'innocence», a estimé la dirigeante d'extrême droite sur X, qui a elle-même fait l'objet d'une condamnation avec exécution provisoire.

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Dénonçant «un tsunami de honte», le député LR Stéphane Le Rudulier a de son côté demandé sur X à Emmanuel Macron «la grâce» de l'ancien président, «un geste indispensable pour la nation et la dignité d'un homme comme une fonction». «Nicolas Sarkozy a toujours servi la France avec passion et engagement. Je veux redire mon soutien et ma reconnaissance envers l'homme d'État qui a tant donné à notre pays et mon amitié pour l'homme», a écrit de son côté sur le même réseau social le président des députés LR Laurent Wauquiez.

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A gauche, les premières réactions se voulaient plutôt ironiques. «Il l'a, finalement, son nouveau quinquennat Sarkozy», a écrit le porte-parole du groupe écologiste à l'Assemblée Benjamin Lucas-Lundy, alors que l'eurodéputé LFI Manon Aubry reprenait une célèbre phrase de l'ancien président: «Vous en avez assez de cette bande de racailles? On va vous en débarrasser!»

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