Un des trois avocats de Frédéric Péchier, médecin anesthésiste accusé d'avoir tué 12 patients et dont le procès hors-normes débute le 8 septembre à Besançon, a renoncé à le défendre. Il a invoqué des raisons financières.
«C'est à regret que je me retire», a annoncé vendredi à l'AFP Me Samuel Estève, qui devait assurer sa défense aux côtés de Lee Takhedmit et Randall Schwerdorffer.
«Le dernier arrivé»
En cause, l'aide juridictionnelle versée par l'Etat aux justiciables n'ayant pas les moyens de financer leurs frais de justice, qui s'élève à 35'000 euros pour les trois avocats du médecin. Une somme «totalement ridicule» pour un procès qui doit durer trois mois et demi, estime Me Samuel Estève. «Dans les conditions actuelles, je travaille à perte».
Alors «la défense a décidé que c'était moi qui me déportais, dans la mesure où j'étais le dernier arrivé», les deux autres avocats ayant travaillé sur la phase d'instruction du dossier, a-t-il expliqué. «D'autant que c'est un dossier qui peut générer une erreur colossale. Nous sommes parfaitement convaincus, tous les trois, de l'innocence du Dr Frédéric Péchier», a-t-il ajouté.
Décalage avec les parties civiles
«Ce qui est choquant, c'est le rapport entre ce que toucheront les avocats de la défense et ce que toucheront certains avocats de parties civiles», dont il estime l'enveloppe totale à plus de deux millions d'euros. Une centaine de personnes, essentiellement des proches des victimes, sont constituées parties civiles dans ce procès.
Les avocats de la défense ont demandé, sans succès, un régime spécial comme celui qui a prévalu pour un autre procès hors normes, celui des attentats du 13 novembre 2015. La seule échappatoire aurait été de faire en sorte que les avocats des parties civiles consentent à rééquilibrer les dotations en faveur de ceux de la défense, ce qu'ils ont refusé, selon Me Samuel Estève.
Frédéric Péchier, 53 ans, travaillait comme médecin anesthésiste dans des cliniques privées de Besançon. Il est accusé d'avoir, pendant plus de dix ans, volontairement empoisonné 30 patients âgés de 4 à 89 ans, entraînant la mort de 12 d'entre eux. Il clame son innocence et ses avocats entendent plaider l'acquittement au procès.