Gros salaire et nationalité russe
Le recrutement illégal des mercenaires de Poutine dévoilé

Une opération d'infiltration de quatre mois révèle que des dizaines de combattants des Balkans sont recrutés par l'armée russe via Telegram et Facebook. Ces mercenaires sont appâtés par des salaires élevés et la perspective d'obtenir la nationalité russe.
Publié: 01.11.2025 à 16:39 heures
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Dernière mise à jour: 01.11.2025 à 21:43 heures
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Moscou recrute des mercenaires via Telegram en leur faisant miroiter des gros salaires et l'obtention de la nationalité russe.
Photo: AP
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Blick Newsdesk

Pour assurer des renforts au front, l'armée russe ne compte pas seulement sur ses propres troupes, mais recrute aussi clandestinement en ligne. Ses cibles: des hommes originaires de Bosnie-Herzégovine et de Serbie. «Frères, n’oubliez pas: si on vous pose des questions, vous répondez que vous voyagez en Russie en tant que touristes. C'est la seule réponse possible.» Ce genre de messages, et des centaines d’autres, circulent dans le groupe Telegram privé «SVO», révèle une enquête menée par le projet «Detector», rapporte le portail d’information Blic.rs. 

Parmi les membres du groupe Telegram figure un certain Igor Dimitrijević, un jeune homme de 28 ans, originaire de Bijeljina, en Bosnie. Ce profil était en fait une couverture dissimulant une équipe de journalistes basée en Bosnie. Pendant quatre mois, ils ont observé des groupes de recrutement pour l'armée russe, communiqué avec des recrues russes, bosniennes et serbes, et suivi les messages de ces hommes qui souhaitent se rendre en Ukraine et combattre aux côtés des Russes.

Une formation illégale

Selon cette enquête, des mercenaires originaires des Balkans déjà installés en Russie promettent aux recrues des salaires élevés (24'000 francs suisses par an), la nationalité russe et des avantages sociaux pour leurs familles. Or, la participation à ce type de formations militaires étrangères est illégale en Bosnie-Herzégovine et en Serbie: c'est un délit dans ces deux pays. Mais à cause du nombre élevé de victimes dans les rangs russes, le président Vladimir Poutine a signé un décret en juillet dernier autorisant les étrangers à servir dans son armée.

Dejan Berić, l'un des mercenaires serbes les plus connus de l'armée russe, est une pièce essentielle de ce puzzle. Il publie des reportages en serbe depuis le champ de bataille sur ses chaînes Telegram et YouTube, vus par des milliers d'abonnés. Lors d'une conversation Telegram avec le fameux faux profil Igor Dimitrijević, derrière lequel se cachaient des journalistes, Dejan Berić explique les conditions de recrutement dans l'armée russe. «Bonjour Igor, c'est Deki. Vous parlez le Russe?» a tout de suite demandé Dejan Berić. Il lui explique ensuite à sa recrue potentielle qu'une unité composée de «nombreux Serbes» est en train de se former. 

Une autre figure importante de ce réseau est Davor Savičić, un volontaire serbe dans l'armée russe qui opère sous le nom de code «Wolf». Savičić, qui selon Radio Free Europe serait membre du GRU, le service de renseignement militaire russe, était chargé d'accueillir les recrues à l'aéroport de Moscou. Un profil Facebook sous le nom de «Chetnik Dobrovoljac» publiait également des annonces pour recruter dans l'armée russe.

Cet article a d'abord été publié sur Blic.rs.

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