Le Louvre a rouvert ses portes aux visiteurs mercredi matin, pour la première fois depuis le spectaculaire cambriolage mené dimanche par quatre malfaiteurs, partis avec huit joyaux pour un préjudice estimé à 88 millions d'euros, a constaté une journaliste de l'AFP.
Dès 9H00, heure habituelle d'ouverture, les premiers visiteurs commençaient à entrer dans le musée le plus fréquenté du monde. La galerie d'Apollon, où a eu lieu le vol, reste en revanche fermée, a indiqué le Louvre à l'AFP. «On espérait très fort que ce soit ouvert. On avait réservé pour aujourd'hui, on n'aurait pas eu l'occasion de revenir», se réjouit Fanny, venue depuis Montpellier avec sa fille.
L'enquête se poursuit
Silencieuse depuis dimanche, la présidente-directrice du Louvre, Laurence des Cars, s'exprime mercredi devant des sénateurs pour tenter d'expliquer comment des cambrioleurs ont pu voler des joyaux dans le musée le plus visité au monde, pour un préjudice estimé à 88 millions d'euros.
En coulisses, l'enquête se poursuit pour tenter de mettre la main sur les quatre cambrioleurs et leur incroyable butin. Un vol qui a provoqué une forte émotion en France comme à l'étranger et une tempête politico-médiatique sur la protection des œuvres du Louvre.
L'enquête «progresse», a assuré sur CNews et Europe 1 le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez, selon qui «plus d'une centaine d'enquêteurs de la Brigade de répression du banditisme et de l'Office central contre le trafic de biens culturels» sont mobilisés. «J'ai toute confiance, ça c'est sûr, dans le fait que nous retrouverons les auteurs», a-t-il martelé.
88 millions d'euros volés
Qualifiés au départ d'inestimables, les bijoux volés ont désormais une estimation, qui ne tient toutefois pas compte de leur valeur patrimoniale: «Le préjudice a été estimé par la conservatrice du Louvre à 88 millions d'euros», une somme «extrêmement spectaculaire» mais qui «n'a rien de parallèle et de comparable au préjudice historique», a déclaré mardi soir sur RTL la procureure de Paris Laure Beccuau.
Moment de vérité
En première ligne depuis dimanche, la ministre de la Culture Rachida Dati va laisser s'expliquer mercredi Laurence des Cars, qui n'a pas encore fait de déclaration publique sur le vol. Elle sera auditionnée à 16h30 par la commission de la culture du Sénat. Un moment de vérité pour celle qui était devenue en mai 2021 la première femme à accéder à la tête du Louvre, le musée le plus visité au monde avec neuf millions de visiteurs en 2024, dont 80% d'étrangers.
«Le Figaro» a affirmé mardi que Mme Des Cars avait présenté sa démission après le vol, mais que cela lui avait été refusé et qu'elle avait reçu le soutien d'Emmanuel Macron. Sollicité par l'AFP, le Louvre n'a pas souhaité réagir à ces affirmations. Laurence des Cars devrait être interrogée sur les conditions de sécurité de la galerie d'Apollon, qui abrite la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne, qui compte environ 800 pièces.
La sécurité au coeur du débat
Face aux accusations des députés mardi, Rachida Dati a exclu toute «faille de sécurité à l'intérieur» du musée, car les dispositifs «ont fonctionné». Elle a en revanche mis en cause l'absence de la sécurité «sur la voie publique», permettant aux cambrioleurs d'installer un monte-charge et d'entrer par une fenêtre.
Dans un pré-rapport consulté lundi par l'AFP, la Cour des comptes déplore un «retard dans le déploiement d'équipements destinés à assurer la protection des oeuvres» du musée. Le problème de sécurité au musée du Louvre, qui a eu pour conséquence le vol de joyaux de dimanche, ne date «pas d'hier» et était connu de l'administration, a déclaré mercredi le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici sur RTL.
«Le rapport n'apprend pas des choses qui sont inconnues de l'administration», a dit Pierre Moscovici, «elles ne datent pas d'hier». «On n'est peut-être pas totalement conscient de ce qui se passait, de l'ampleur du problème, mais oui, on savait ce qui se passait», a-t-il insisté.
«Ce rapport est en pleine phase de contradiction (de réponse aux observations formulées par la Cour, NDLR) avec les ministères concernés», a précisé Moscovici. Il a indiqué avoir demandé l'accélération de cette phase pour rendre public «d'ici à deux semaines» le rapport, qui, selon lui, n'est pas uniquement consacré à la sécurité, «loin de là».
Interrogé sur un lien éventuel entre ces problèmes de sécurité et des restrictions budgétaires, M. Moscovici a estimé que «s'agissant du Louvre, ce n'est pas le cas». «Le Louvre a quand même eu beaucoup de projets, il a été assez richement doté, il a des mécénats. Le Louvre n'est pas sans ressources», a-t-il remarqué.
Macron exige plus de sécurité
Le président français Emmanuel Macron a demandé mercredi une «accélération» des «mesures de sécurisation» du musée du Louvre après le vol spectaculaire de joyaux perpétré dimanche en plein coeur de Paris, a annoncé la porte-parole du gouvernement.
Le chef de l'Etat a indiqué lors du traditionnel Conseil des ministres «que des mesures de sécurisation du Louvre étaient en cours de déploiement et il a demandé une accélération de ces mesures», a dit Maud Bregeon devant la presse, alors que le musée le plus visité au monde, fermé depuis le cambriolage, a rouvert mercredi matin.
La galerie d'Apollon toujours fermée
Les portes de la galerie restaient closes mercredi, trois panneaux gris en bloquant la vue et le personnel du Louvre demandant aux visiteurs de continuer à circuler.
Parmi les huit pièces emportées figurent le diadème d'Eugénie, qui compte près de 2000 diamants, et le collier de la parure de saphirs de Marie-Amélie, dernière reine de France, et d'Hortense de Beauharnais, mère de Napoléon III.