Le Louvre va augmenter de 45% le prix du billet d'entrée pour ses visiteurs extra-européens à compter de 2026. Une mesure promue par le gouvernement pour renflouer le musée le plus visité au monde mais dénoncée par les syndicats. A partir du 14 janvier, les ressortissants hors Espace économique européen (EEE qui comprend Union européenne, Islande, Liechtenstein, Norvège) devront s'acquitter de 32 euros pour déambuler dans les 73'000 m2 du Louvre, soit 10 euros de plus que le prix d'entrée actuel.
Approuvée jeudi par le conseil d'administration du Louvre, cette hausse s'appliquera notamment aux Américains, qui forment le premier contingent de visiteurs étrangers, mais aussi aux Chinois qui se classent troisième, selon le bilan d'activité 2024 du musée. Les visiteurs suisses, également hors de l’EEE, seront, eux aussi, concernés par cette hausse. D'après ce document, le Louvre a accueilli 8,7 millions de personnes l'an dernier, dont 69% d'étrangers.
Dans la tourmente depuis le spectaculaire cambriolage du 19 octobre, le Louvre espère tirer de cette hausse «15 à 20 millions d'euros» par an de recettes supplémentaires, qui seront allouées aux «problèmes structurels» du musée, a précisé à l'AFP l'établissement. Selon un récent rapport de la Cour des comptes, le Louvre fait face «à un mur d'investissements qu'il n'est pas en mesure de financer», faute notamment «de hiérarchisation de ses nombreux projets». Le cambriolage du 19 octobre a par ailleurs mis en évidence «un sous-équipement des dispositifs de sécurité», selon l'enquête administrative lancée après ce vol de joyaux de la Couronne.
Pour dégager de nouvelles ressources
Cette hausse tarifaire avait été proposée en janvier par la ministre de la Culture Rachida Dati, qui assurait vouloir être «innovante» pour dégager de nouvelles ressources après l'alerte lancée par la présidente du Louvre, Laurence des Cars, sur la vétusté de l'établissement.
«Les conditions de visite et de travail ne sont pas à la hauteur du Louvre», avait alors déclaré la ministre, ajoutant que les fonds générés par cette hausse iraient notamment au financement du vaste projet du président Emmanuel Macron de rénovation du Louvre, évalué par la Cour des comptes à plus d'un milliard d'euros.cLe prix du billet d'entrée du Louvre était déjà passé de 17 à 22 euros en janvier 2024 pour l'ensemble des visiteurs.
«Surcroît de travail»
Au nom de «l'universalisme» du Louvre et «d'un égal accès» à ses collections, les syndicats ont unanimement critiqué le renchérissement du prix d'entrée pour les non-Européens. «L'argument de la réhabilitation du bâtiment pour justifier l'anéantissement de deux siècles d'universalisme au Louvre ne nous convainc pas», a estimé le syndicat SUD. Selon la CGT, cette grille tarifaire va conduire les résidents hors de l'EEE à «payer le prix fort, consacrant le désengagement de l'Etat, pour visiter un musée délabré». «Le public ciblé vivra cela comme une discrimination», selon Valérie Baud, déléguée CFDT.
Les organisations syndicales, qui dénoncent régulièrement des problèmes de sous-effectifs, s'inquiètent également de la charge supplémentaire que cette nouvelle grille fera peser sur les agents, qui seront chargés de contrôler la nationalité des visiteurs. «Nous n'oublions pas le surcroît de travail que cela va engendrer pour les équipes», s'inquiète SUD.
Dans son récent rapport sur le Louvre, la Cour des comptes allait dans un sens similaire en précisant que la solution envisagée était d'appliquer «par défaut» le tarif le plus élevé, charge aux ressortissants européens de justifier de leur lieu de résidence. «Ce qui implique un nombre important de personnes à contrôler», soulignait la Cour.
D'autres grands lieux touristiques français devront eux aussi s'adapter. Selon Rachida Dati, une grille tarifaire différenciée sera ainsi en vigueur en 2026 dans «l'ensemble des opérateurs culturels nationaux».
Cité par la ministre, le Château de Versailles précise à l'AFP envisager notamment d'augmenter de trois euros le prix des visites individuelles pour les résidents hors EEE. Ce changement de grille, qui pourrait rapporter quelque 9,3 millions d'euros, n'a toutefois pas encore été approuvé en conseil d'administration. Autre site touristique évoqué par la ministre, le musée d'Orsay précise à l'AFP ne pas prévoir de changement tarifaire à ce stade.