Il va tenter le tout pour le tout
En France, le grand débat de François Bayrou sur les retraites fait pschitt

A Paris, le conclave sur les retraites s'est soldé par un échec lundi soir. Les syndicats et le patronat n'ont pas trouvé d'accord. Ce mardi, il annonce recevoir les partenaires sociaux pour tenter de trouver «une voie de passage».
Publié: 04:51 heures
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Dernière mise à jour: 09:17 heures
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Le gouvernement de François Bayrou est sous pression.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

François Bayrou a affirmé mardi matin qu'il ne se satisfaisait pas de l'échec du «conclave» sur les retraites «si près du but» et qu'il allait recevoir dès mardi matin les partenaires sociaux pour tenter de trouver «une voie de passage».

«Je peux naturellement comprendre qu'on constate un échec lorsqu'on est sur des positions radicalement différentes ou opposées. Mais je ne peux pas accepter sans réagir qu'on se satisfasse d'échouer si près du but», a affirmé le Premier ministre dans une courte déclaration depuis l'hôtel Matignon quelques heures après que les partenaires sociaux aient acté leur incapacité à trouver un accord.

«Je considère donc que notre devoir est de ne pas baisser les bras et de tout faire pour permettre de dépasser un tel blocage. C'est pourquoi j'ai décidé d'inviter les organisations (ndlr: syndicales et patronales) qui ont travaillé ensemble durant ces quatre mois à me rencontrer dès ce matin pour rechercher une voie de passage dans l'intérêt de notre pays», a-t-il ajouté. Il a dit s'être entretenu «avec la plupart d'entre elles (lundi) soir» et ajouté qu'il pensait «que ce principe pourra être accepté par elles».

Quatre mois de concertations

Après quatre mois de concertations, le conclave s'est soldé lundi soir à Paris par un «échec», qui en est aussi un pour la méthode de dialogue social promue par le Premier ministre français François Bayrou, dont le gouvernement est en sursis.

«Le patronat a fermé la porte aux syndicats, notamment sur la proposition que les salariés les plus exposés à la pénibilité n'aient pas le même effort à faire que les autres», a déclaré Yvan Ricordeau, négociateur du syndicat CFDT. «La discussion s'arrête», a-t-il acté, en annonçant un «échec de la négociation».

L'idée de ce conclave, voulu par François Bayrou, était principalement de tenter de rendre moins impopulaire la réforme des retraites de 2023, qui porte progressivement de 62 à 64 ans l'âge légal de départ. Tout en visant l'équilibre financier, alors qu'un déficit du système s'annonce à hauteur de 6,6 milliards d'euros en 2030.

Moment de vérité pour François Bayrou

Cette réforme des retraites avait fait descendre dans la rue en 2023 des centaines de milliers de personnes dans toute la France. Le principal point d'achoppement tournait autour de la reconnaissance de l'usure professionnelle: les syndicats y voyaient une ouverture aux départs anticipés à la retraite, le patronat privilégiait d'autres pistes, telle la reconversion.

Pour le reste, il était acquis que l'âge du départ à la retraite ne bougerait pas: sans surprise le Medef, principale organisation patronale, s'est montré inflexible sur son maintien à 64 ans. Le conclave avait déjà laissé des partenaires sociaux sur le bord de la route: le syndicat Force ouvrière (FO) avait tourné les talons dès la première séance. Suivi à la mi-mars d'un autre syndicat de salariés, la CGT, et de l'U2P, le patronat des artisans.

La fin du conclave est un moment de vérité pour François Bayrou, chef du gouvernement français depuis un peu plus de six mois. C'est lui qui avait lancé ce format de discussions après un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure de l'exécutif. Et il s'était engagé à en présenter les conclusions devant le Parlement.

LFI déposera une motion de censure

«A partir du moment où ce conclave n'aboutit pas sur l'abrogation de la réforme des retraites, nous déposerons une motion de censure», a d'ores et déjà annoncé Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise (LFI, gauche radicale). Mais pour obtenir l'éventuelle chute du gouvernement de François Bayrou, LFI aura besoin du soutien de tous les groupes parlementaires de gauche, ainsi que de l'extrême droite du Rassemblement national (RN).

Or le Parti socialiste est divisé sur la question. Il doit désormais «montrer l'exemple pour voter au complet la censure», lui a demandé lundi soir sur X le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon. En décembre dernier, le gouvernement dirigé par Michel Barnier (droite) avait chuté, une première en France depuis 1962, après une motion de censure votée à la fois par les groupes de gauche et le RN.

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