Le régulateur en France du numérique, l'Arcom, a indiqué mercredi qu'il parlerait «dans les prochains jours» avec la plateforme Kick pour savoir ce qu'elle a fait quand étaient diffusés les sévices subis par un utilisateur, Jean Pormanove, qui est mort ensuite.
Raphaël Graven, connu en ligne sous les pseudos Jean Pormanove ou JP, est mort dans la nuit de dimanche à lundi à Contes, au nord de Nice, après plus de 12 jours de diffusion vidéo le montrant, au côté d'un autre homme surnommé Coudoux, violenté et humilié par deux partenaires connus sous les pseudos de NarutoVie et Safine.
Et la modération?
L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique a expliqué dans un communiqué avoir eu jusque-là une difficulté pour réguler Kick: l'absence de représentant de cette société australienne dans l'Union européenne. Ce problème est réglé. «L'Arcom a été informée ce jour, par la Commission européenne, de la désignation d'un représentant légal de Kick.com à Malte», a-t-elle indiqué.
Elle a donc demandé «des informations détaillées sur les moyens dédiés par le service à la modération francophone, ainsi que sur le cas spécifique de la chaîne Jeanpormanove: signalements ou plaintes reçus, mesures prises contre des contenus potentiellement illégaux, etc.»
Le régulateur «prend acte de la première réponse fournie par la plateforme, qui s'est engagée à collaborer pleinement avec le régulateur. Un échange avec Kick.com est prévu dans les prochains jours», a-t-elle ajouté.
Atteinte à la dignité humaine
Alors que la police, alertée par un article de Mediapart paru en décembre, enquêtait sur ces sévices, la Ligue des droits de l'homme (LDH) avait fait un signalement à l'Arcom en février. «Nous n'avons pas eu de réponse», a indiqué à l'AFP la présidente de la LDH, Nathalie Tehio.
Selon elle, une mise en garde de l'Arcom peut prendre entre six et sept mois après un tel signalement. «Il y a un problème de manque de moyens et d'effectifs parce que c'est quand même très long comme délai», a-t-elle déploré, en particulier quand il en va «d'une question d'atteinte à la dignité humaine».
«L'Arcom a appris avec un très vif émoi le décès de Raphaël Graven», a rapporté le régulateur. «Ce drame (...) pose en premier lieu la question de la responsabilité pénale des protagonistes, qui relève des autorités judiciaires». Une enquête a été ouverte lundi pour «recherche des causes de la mort» et confiée à la police judiciaire de Nice.