La caméra tournait, le direct était en cours, et un membre du groupe ne s'est pas réveillé. Le streamer français Raphaël Graven, alias «Jean Pormanove» est décédé en plein live, dans la nuit de ce dimanche 17 au lundi 18 août. Avec 160’000 abonnés, il était sans doute le francophone le plus suivi de Kick – la plateforme concurrente de Twitch, souvent accusée de laxisme.
La gendarmerie – qui a retrouvé le streamer seul et inanimé chez lui, près de Nice – mène l’enquête. «A ce stade, il n'y a rien de suspect, les auditions sont en cours et une autopsie sera pratiquée», communique le parquet de Nice au journal «Le Parisien».
Un groupe de streamers violents
Fort d’un demi-million d’abonnés sur TikTok, le défunt de 46 ans était la mascotte du Lokal, un groupe de streamers niçois bien connus des réseaux sociaux. En décembre dernier, Mediapart avait alerté sur «les humiliations physiques et psychologiques» que subissait «JP» de la part de ses partenaires. Les réactions de Jean Pormanove faisaient gonfler les audiences et les dons.
Ses camarades influenceurs ont partagé leur tristesse et confirmé le décès de leur «acolyte» sur Instagram. «Je vous demande à tous de respecter sa mémoire et de ne pas partager la vidéo de son dernier souffle dans son sommeil», a écrit sur Instagram «Naruto».
«Quelques heures avant sons décès, Raphaël Graven était une nouvelle fois la victime de sévices diffusés en direct», assure Mediapart. Le média décrit une scène où «Naruto», dans un déguisement de Batman, gifle «JP» et provoque sa colère.
Ses derniers moments en vidéo
La victime est ensuite frappée à plusieurs reprises par certains des participants au direct. Une vidéo – qui a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux – montre la brusque fin du dernier live de Jean Pormanove. On l’y voit couché sur un matelas, inanimé. Un autre streamer tente de le réveiller, sans succès, avant de couper le direct.
En janvier, «Naruto» et «Safine», tous deux membres du Lokal, ont été placés en garde à vue, soupçonnés de pratiquer l’humiliation de personnes vulnérables pour des vidéos en direct. Ils ont nié toute infraction et ont été relâchés.
Selon «Le Parisien» le gouvernement français a saisi l'ARCOM – le gendarme de l'audiovisuel – ce mardi, à la suite du décès. Clara Chappaz, la ministre de l'Intelligence artificielle du Numérique, s'est fendue d'un tweet de condoléances et annonce avoir effectué un signalement Pharos, pour signaler «un contenu illicite sur internet», et contacté les responsables de la plateforme «pour obtenir des explications».