Il était «bourré de chez bourré»
Jugé pour onze tentatives de meurtre au volant d'un tractopelle

Un homme de 58 ans comparaît devant la cour d'assises de la Dordogne pour tentatives de meurtre. Ivre au volant d'un tractopelle, il a mis en danger la vie de onze personnes lors d'un périple destructeur de sept kilomètres en mai 2019.
Publié: 19.05.2025 à 08:09 heures
Pour la juge chargée du dossier, «la volonté homicide ne fait aucun doute», tant envers les neuf gendarmes qu'envers les deux automobilistes. (Image d'illustration)
Photo: Shutterstock
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AFP Agence France-Presse

Son périple de sept kilomètres, ivre au volant d'un tractopelle, a failli coûter la vie à onze gendarmes et automobilistes: un homme de 58 ans comparaît pour tentatives de meurtre mercredi devant la cour d'assises de la Dordogne. Lors de ce procès, prévu jusqu'à vendredi, l'accusé répondra aussi de la destruction de quatre véhicules, d'un garage et d'un poteau électrique, ainsi que du vol d'un engin de chantier de 15 tonnes, le 3 mai 2019, malgré une alcoolémie de 2,48 grammes par litre de sang.

Ce soir-là à Saint-Astier, près de Périgueux, une dispute éclate au domicile de cet ouvrier de l'usine de chaux voisine, marié depuis 15 ans et père de deux fils de 17 et 13 ans. Son épouse veut rompre en raison de son alcoolisme. Il menace de se suicider avec un couteau, elle se blesse à un doigt en tentant de le lui enlever. La mère appelle les pompiers, qui la transportent à l'hôpital de Périgueux et alertent les gendarmes. Les enfants doivent être confiés à leur grand-mère maternelle mais le père, «bourré de chez bourré» selon le témoignage de l'aîné, refuse.

Insultant puis menaçant les militaires stationnés devant la maison, il sort par l'arrière et revient au volant d'une chargeuse, un engin de type tractopelle, emprunté à son entreprise. Il fonce alors sur la voiture des gendarmes et la percute, avec deux volontaires adjoints à l'intérieur. Leur véhicule est poussé sur 32 mètres, avant un deuxième choc qui le projette encore sur 11 mètres et le renverse sur le flanc. Ses occupants s'extirpent in extremis de la carcasse, écrasée par la machine. Des renforts sont appelés mais le forcené, toujours au volant, attaque une autre voiture de gendarmerie quand elle arrive sur les lieux, puis prend la route.

La virée fait des ravages

Lors de son périple, le tractopelle écrase jusqu'au pare-brise la berline d'une particulière, qui en percute dangereusement une autre; il heurte aussi un poteau électrique et détruit un muret. Les forces de l'ordre le rattrapent sept kilomètres plus loin, à Saint-Germain-du-Salembre, et vont à pied à la rencontre du forcené. Ils le somment de se rendre, en vain: l'engin s'éloigne, fait demi-tour et charge à nouveau les gendarmes, qui tirent alors à trois reprises - en état de légitime défense, concluront les enquêteurs. La chargeuse finit par s'encastrer dans un garage quelques centaines de mètres plus loin.

L'homme, blessé à un bras et au ventre, est placé en garde à vue le lendemain à l'hôpital. Il affirme ne se souvenir de rien, alors que huit canettes de bière à 7,9 degrés d'alcool, achetées l'après-midi des faits, ont été retrouvées vides au domicile familial. Mis en examen, il est placé en détention provisoire pendant huit mois, puis sous contrôle judiciaire.

Durant l'instruction, son entourage familial et professionnel évoque «une personnalité forte, vantarde», un homme «rendu dépressif» par la rupture conjugale, et surtout un problème d'alcoolisme récurrent, que lui-même dit vouloir soigner. Il ressort aussi que l'accusé «maniait la chargeuse et son godet avec aisance». Son amnésie sur les faits est restée constante mais l'accusation retient «une preuve de lucidité évidente» quand le tractopelle entre en scène, le père demandant à l'un de ses fils de s'écarter pour ne pas être blessé.

Pour la juge chargée du dossier, «la volonté homicide ne fait aucun doute», tant envers les neuf gendarmes qu'envers les deux automobilistes. L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

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