Le narcotrafiquant Mohamed Amra, poursuivi pour meurtres en bande organisée en récidive, est arrivé mercredi matin au tribunal de Paris pour son premier interrogatoire sur son évasion meurtrière en mai 2024, a indiqué une source proche du dossier à l'AFP.
Son évasion s'était déroulée à Incarville (ouest) lors d'une précédente extraction, qui s'est transformée en véritable guet-apens, coûtant la vie à deux agents pénitentiaires et en blessant grièvement trois autres, le 14 mai 2024.
Sortie de prison sous haute sécurité
Celui qui est surnommé «La Mouche» se trouvait dans un fourgon pénitentiaire au péage d'Incarville quand un commando l'a libéré dans une attaque ultraviolente. Mohamed Amra était ensuite parti en cavale pendant neuf mois, mais a été arrêté le 22 février à Bucarest en Roumanie, puis remis à la France.
Mercredi, la nouvelle extraction a été réalisée sous haute sécurité, avec à la manœuvre le Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), unité d'élite spécialisée dans la gestion de crises et les missions dangereuses, selon la gendarmerie.
Entendu par les juges
Peu après 5h30 GMT, Mohamed Amra a été extrait par hélicoptère de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne), ont constaté des journalistes de l'AFP. A bord, il a été muni d'un casque antibruit et d'une cagoule «pour l'empêcher de mémoriser le trajet», a précisé une source proche du dossier.
Puis il a été conduit de la base aérienne de Vélizy-Villacoublay au tribunal de Paris, où il est arrivé vers 7h30 GMT escorté par un convoi de quatre véhicules et deux motards, a constaté une journaliste de l'AFP.
Il doit désormais être entendu par les juges de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (Junalco). Selon la source proche du dossier, l'interrogatoire évoquera ses conditions de détention, que Mohamed Amra a déjà dénoncées par la voix de l'un de ses avocats.
Les détails de son évasion
Si le suspect a en revanche exprimé des réticences quant à s'exprimer sur le fond du dossier, d'après cette source, cette audition doit aussi permettre de poser de premières questions sur la préparation de son évasion, sur le jour J de l'opération puis sur sa longue cavale.
Sollicités par l'AFP, ses avocats, Benoit David et Lucas Montagnier, n'ont pas souhaité s'exprimer en amont de l'audition. Au moins quarante autres personnes sont inculpées dans cette affaire tentaculaire, dont l'arrestation a mobilisé des moyens exceptionnels et une coopération internationale.